Le gouvernement Marois presse Ottawa de ne pas imposer unilatéralement un péage sur le futur pont Champlain, mais le ministre responsable du dossier, Denis Lebel, reste fermement campé sur ses positions. Et ce, malgré une étude qui laisse entrevoir une congestion monstre sur les autres ponts de la Rive-Sud.

Québec: appel au dialogue

Le gouvernement Harper doit consulter Québec et les municipalités au lieu d'imposer unilatéralement un péage sur le futur pont Champlain, affirme le ministre des Transports, Sylvain Gaudreault.

Selon les conclusions préliminaires d'une enquête web réalisée par la société Steer Davies Gleave (SDG), le péage sur le futur pont Champlain provoquera un véritable branle-bas à l'heure de pointe. Pas moins de 30 000 voitures et 2500 camions utiliseraient d'autres ponts pour traverser le Saint-Laurent chaque jour.

Cette étude démontre que le gouvernement Harper doit se montrer plus conciliant, a affirmé M. Gaudreault, en entrevue à La Presse. «Il ne faut pas travailler en vases clos, affirme-t-il. Il faut traiter cette question ensemble. Si le fédéral arrive avec ses gros sabots et dit que ce sera, par exemple, 5$ par passage sur le pont Champlain, on fait exactement le contraire de ce qu'on doit faire.»

M. Gaudreault presse aussi le gouvernement conservateur de financer la construction d'un système léger sur rail (SLR), ce qu'il refuse de faire, au motif que les transports en commun sont une compétence provinciale.

Le ministre des Affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier, pourrait rencontrer Denis Lebel cette semaine dans l'espoir de le convaincre de reculer.

Sylvain Gaudreault estime que le pont Champlain est un cas «exceptionnel» à plusieurs égards: c'est l'ouvrage le plus fréquenté au Canada, c'est un axe économique majeur, il a vieilli prématurément et c'est l'un des seuls ponts appartenant exclusivement au gouvernement fédéral.

Pas de péage, pas de pont, dit Ottawa

Pas de péage, pas de pont. Le gouvernement Harper n'a pas fléchi, hier, malgré une étude qui porte à croire que l'imposition de tarifs aux automobilistes pourrait provoquer un engorgement infernal sur les autres ponts de la Rive-Sud.

Le lieutenant de Stephen Harper au Québec, Denis Lebel, n'a pas dérogé à sa position. Et ce, malgré les conclusions préliminaires de la société Steer Davies Gleave (SDG) selon lesquelles le péage sur le futur pont Champlain provoquera un véritable branle-bas dans le réseau routier de la métropole.

M. Lebel a précisé hier que différentes études ont été commandées sur la mise en oeuvre du mégaprojet de 3 à 5 milliards. Le ministre a d'ailleurs affirmé qu'il recevra un plan d'affaires détaillé d'ici à la fin de l'année.

Transports Canada a indiqué que les conclusions de SDG sont préliminaires et que l'étude de cette firme n'est pas encore terminée.

En ce qui concerne le financement du SLR, Ottawa a toujours maintenu que les transports collectifs sont une compétence provinciale. Québec pourra ainsi obtenir des fonds fédéraux par l'intermédiaire des programmes de subvention existants. Mais pour ce faire, la province devra renoncer à d'autres projets, précise-t-on à Ottawa.

Un pont à deux étages?

Le futur pont Champlain pourrait comporter deux étages. C'est du moins le scénario avancé par la firme d'ingénierie Hatch Mott MacDonald devant les représentants des municipalités, les sociétés de transport collectif et du milieu des affaires, hier.

La firme a présenté au Bureau des partenaires plusieurs options d'implantation sur ce pont du système léger sur rail (SLR), qui pourrait transporter jusqu'à 30 000 personnes par heure dans chaque direction entre la Rive-Sud et le centre-ville de Montréal.

Le SLR pourrait être aménagé sur une structure surélevée qui lui serait propre, au centre du pont. Il pourrait aussi circuler sous les voies de circulation routière, dans une sorte de cage accrochée sous la structure du pont, qui compterait deux étages. Une des options présentées prévoit même l'ajout d'une voie de circulation automobile, de chaque côté du SLR.

Le pont à deux étages est «le scénario le plus porteur» aux yeux du ministre des Transports, Sylvain Gaudreault. Il serait ainsi moins large, les risques de collisions entre un train et les voitures seraient réduits, et l'entretien serait plus facile lors des intempéries. «À tout prendre, en termes de rapport qualité-prix, de durabilité, de cycle de vie, c'est la formule qui semble la plus intéressante à long terme», affirme M. Gaudreault.

Ces propositions devront s'arrimer au concept qui sera retenu par Transports Canada.