Le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, pourrait perdre son siège d'élu s'il ne se présente pas au prochain conseil municipal. L'administration Tremblay menace de déclencher une élection partielle pour pourvoir son poste en raison de ses absences répétées à l'hôtel de ville.

«En 30 ans de politique municipale, je n'ai jamais vu un élu manquer autant de séances», s'indigne Marvin Rotrand, leader de la majorité à l'hôtel de ville. Il estime que l'élu de la deuxième opposition a raté 70% des séances du conseil municipal. Et quand il s'y présente, il n'y assiste qu'en partie.

«Il a été élu pour représenter les 100 000 habitants du Plateau, il doit assister au conseil. Il ne peut pas encaisser son salaire et rester à la maison», dénonce Marvin Rotrand.

Vérifications faites, la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités prévoit que le mandat d'un élu prend fin s'il ne se présente pas aux séances du conseil pendant 90 jours consécutifs.

La prochaine séance du conseil est prévue le 24 septembre. Ce n'est qu'à la fin de cette rencontre que Montréal pourrait demander la fin du mandat de M. Ferrandez, dont la dernière présence remonte au 18 mai, selon les procès-verbaux des séances du conseil municipal.

Projet Montréal explique que M. Ferrandez n'était pas au dernier conseil parce qu'il était en vacances et assure qu'il assistera à la séance du 24 septembre.

Le parti de Richard Bergeron soutient également que les conditions ne sont pas réunies pour que son élu soit démis de ses fonctions. Luc Ferrandez se serait présenté à l'hôtel de ville le 18 juin - il a d'ailleurs tenu un point de presse -, mais le procès-verbal de la rencontre le donne toutefois pour absent «sans motif».

La dernière élection partielle, qui a eu lieu en avril auprès des 30 000 électeurs du district du Vieux-Rosemont, a coûté près d'un demi-million de dollars. L'élection d'un maire d'arrondissement risquerait de coûter plus cher puisque le Plateau-Mont-Royal compte 100 000 résidants. Fait à souligner, aucune élection partielle n'aurait à être déclenchée après le 3 novembre puisque des élections générales auront lieu l'année suivante.

Même si M. Ferrandez se présente à la prochaine rencontre, Marvin Rotrand compte le rappeler à l'ordre. «Ce qui m'agace, c'est que, à notre dernière rencontre, une dame est venue poser une question importante sur un projet immobilier dans son arrondissement, et M. Ferrandez n'était pas là pour donner des explications.»

En 2011, le Journal de Montréal avait indiqué que Luc Ferrandez était l'élu ayant raté le plus de séances du conseil municipal. «L'essentiel de mon travail est à la mairie d'arrondissement, avait-il expliqué. C'est là que je peux faire avancer mes dossiers, plutôt qu'à la séance du conseil.»

Marvin Rotrand rétorque aujourd'hui que, si M. Ferrandez ne voulait pas siéger au conseil municipal, il n'avait qu'à se faire élire conseiller d'arrondissement.

Vision Montréal en a aussi profité pour dénoncer Projet Montréal pour ce qu'il considère comme «un changement de cap pernicieux». Alors que le parti de Richard Bergeron dénonçait en 2009 le système des mairies d'arrondissement, qu'il qualifiait de «baronnies», voilà que la deuxième opposition «abandonne sa conviction au profit de l'exercice local du pouvoir», a déploré Louise Harel.