À moins d'un nouvel événement imprévu, le ministre Sam Hamad estime que le tunnel de l'autoroute Ville-Marie où est survenu l'effondrement dimanche dernier pourra être rouvert à la circulation dès aujourd'hui, en toute sécurité.

Selon M.Hamad, les travaux de sécurisation ont avancé rapidement.

«Notre échéancier est plus rapide, c'est plus tôt qu'on pensait», a-t-il déclaré lors d'un point de presse dans le tunnel hier après-midi.

Lors du passage de La Presse, des ouvriers s'affairaient à installer des piliers de métal pour étayer les poutres du tunnel Viger. Ces piliers sont tous rivés au sol et entourés d'un coffrage de bois que d'autres travailleurs étaient en train de peindre de couleur beige. Il y a tant d'activité et de véhicules de travailleurs garés dans le tunnel qu'on s'y croirait presque en pleine heure de pointe.

Réplique à Marois

M.Hamad a profité de son point de presse pour réagir aux propos de la chef de l'opposition, Pauline Marois, qui le juge «complètement débordé par la situation» et qui l'a invité hier à réfléchir à son avenir politique.

«Je fais mon travail», a-t-il insisté. Selon lui, Mme Marois arrive bien tard dans le débat autour de l'accident.

Plus tôt dans la journée, la chef du Parti québécois avait fait porter une part de responsabilité au gouvernement libéral pour l'accident.

«C'est le gouvernement qui a accordé le contrat à l'entrepreneur et à la firme de génie-conseil, c'est le gouvernement qui n'a pas daigné approuver les travaux et qui n'a pas surveillé le chantier alors qu'un rapport de 2008 jugeait l'état critique», a-t-elle déclaré.

Mme Marois a aussi incité le gouvernement à rendre tous les rapports d'inspection d'infrastructures publics, à créer un comité de coordination sur l'entretien du réseau routier avec les autres ordres de gouvernement et à renforcer l'expertise du ministère des Transports en génie civil.

Or, M.Hamad réplique qu'il s'est déjà engagé à faire tout ça, et même plus. Il s'est toutefois gardé de s'avancer sur la dernière demande de la chef du PQ, qui a de réclamé nouveau une enquête publique sur l'industrie de la construction.

Le silence de SNC-Lavalin

Le ministre a aussi contredit les affirmations de la vice-présidente de SNC-Lavalin, qui affirme que c'est le Ministère qui a demandé à l'entreprise de ne pas parler aux médias après l'accident.

«Moi, je n'ai rien imposé à personne», a-t-il rétorqué d'un air surpris. Ses adjoints ont ensuite confirmé aux médias qu'aucune directive du genre n'a été donnée.

Pourtant, la vice-présidente de SNC-Lavalin, Leslie Quinton, avait prétendu le contraire dans un courriel et maintenu sa position pendant cinq jours.

«En ce qui concerne l'incident sur l'autoroute Ville-Marie, toute question devra être dirigée vers le Ministère, à sa demande», a-t-elle écrit.

Sous une forme ou une autre, SNC-Lavalin a été mêlée à la conception de l'autoroute dans les années 70, à l'inspection de la structure en 2008 et à la planification des travaux que le ministre dit à l'origine de l'effondrement.

Le ministre n'a pas voulu interpréter le mutisme de l'entreprise, qui a dévoilé hier ses résultats financiers.

«C'est leur décision. La nôtre, c'est de nommer deux experts indépendants pour faire la lumière sur la question», a-t-il dit.

M.Hamad faisait référence aux professeurs de génie Jean-Philippe Charron, de l'École polytechnique, et Marie-Josée Nollet, de l'École de technologie supérieure, qui mènent l'enquête pour le Ministère. Le bureau du ministre refuse pour le moment de divulguer le libellé exact de leur mandat.

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