Le ministre des Transports Sam Hamad veut revoir les façons de faire pour l'encadrement des chantiers de construction routiers, à la suite de l'effondrement d'une poutre du tunnel Viger, à Montréal, dimanche dernier.

Au cours d'une rencontre avec la presse, mercredi, pour faire le point sur l'évolution de l'enquête et du dossier, le ministre Hamad a encore une fois pointé du doigt les travaux de réparation qui étaient effectués par une entreprise privée, là où la poutre s'est effondrée.

Le directeur du territoire de Montréal pour le ministère, Maroun Shaneen, a ainsi confirmé que c'est une firme privée de génie qui a conçu les plans et une firme privée qui devait surveiller les travaux de réparation du tunnel.

Au moment de l'effondrement, dimanche dernier, il n'y avait pas d'ingénieur sur place, mais bien un technicien sous l'autorité de l'ingénieur du secteur privé.

Interrogé à savoir s'il était habituel que tout soit fait par le privé, sans supervision du public, Daniel Bouchard, chef du service des structures, a expliqué le mode de fonctionnement: «en tout premier lieu, c'est réalisé par des ingénieurs. Le ministère des Transports n'exige pas seulement qu'il y ait un concepteur, mais aussi un vérificateur qui signe les plans et devis. Alors la vérification est faite par la firme d'ingénieurs; les plans sont vérifiés, mais par un autre ingénieur qui fait partie de la firme. Il y a un surveillant, aussi, qui est responsable des travaux et qui est ingénieur.»

M. Bouchard a voulu se faire rassurant quant à la compétence de cette firme. «Les gens qui ont fait la conception et les gens qui faisaient la surveillance, c'était des ingénieurs connus et reconnus. Ce n'est pas n'importe qui qui a fait le travail.»

Le ministre Hamad a expliqué que la responsabilité de l'ingénieur était la même, qu'il provienne du ministère ou du privé. «L'ingénieur, une fois qu'il a fait la conception, il est vérifié par un autre ingénieur et l'autre ingénieur met son étampe et ils deviennent responsables de leurs plans. Un ingénieur au ministère des Transports et un ingénieur dans le privé ont la même responsabilité dans la conception.»

Néanmoins, le ministre a entrouvert la porte à une présence plus sentie de la part de son ministère sur ces chantiers routiers, à l'avenir. «J'ai l'intention de revoir la façon de suivre l'étape un, c'est-à-dire l'inspection, jusqu'à l'étape finale, c'est-à-dire la réalisation. Et s'il y a des faiblesses ou des points à améliorer, on va le faire.»

Il a également répété que si l'enquête démontrait qu'il y avait eu faille ou erreur, il y aurait «des conséquences».

La thèse du mur de soutènement en béton qui a été trop aminci, provoquant ainsi la chute des paralumes qui y étaient appuyés, s'est confirmée, selon le ministère. L'appui n'était que d'environ 12 pouces avant les travaux d'hydrodémolition.

Par ailleurs, le tunnel Viger en direction est ne rouvrira pas à la circulation dès les prochaines heures, comme certains l'évoquaient mercredi.

Le ministre Hamad a dit attendre l'aval des ingénieurs, qui veulent encore y faire des vérifications. Il a répété cependant qu'il serait rouvert pour le retour de vacances des quelque 150 000 ouvriers de la construction, le week-end prochain.

D'ailleurs, des travaux d'étaiement supplémentaires ont été réalisés pour soutenir les poutres, le ministère voulant se donner «un facteur de protection additionnel», a précisé M. Shaneen.

Non au péage et à la taxe

Sur un autre plan, le ministre a fermé la porte au maire de Montréal Gérald Tremblay qui, la veille, avait jugé insuffisants les fonds investis dans la réfection des infrastructures à Montréal. Le maire avait demandé que davantage d'argent y soit affecté, notamment par le retour du péage sur les ponts et une taxe sur l'essence.

Mais M. Hamad a été catégorique. «Pour le moment, le péage et la taxe ne sont pas sur notre radar. On veut compléter ce qu'on a, on veut travailler. Et on en met beaucoup déjà d'argent.»