Le président de la coalition Champlain en chantier, Jacques Olivier, s'est dit «peu surpris» jeudi des réserves exprimées par le premier ministre Stephen Harper quant au remplacement du pont Champlain, lors du débat télévisé de mercredi entre les chefs des quatre principaux partis politiques en lice pour les élections fédérales du 2 mai.

L'ancien député fédéral a affirmé jeudi qu'il «ne s'attendait pas à plus que ça» de la part du chef du Parti conservateur du Canada, en période préélectorale. Il a toutefois souligné que pour la Coalition, qui réclame la construction d'un nouveau pont entre Montréal et la Rive-Sud, cette campagne électorale représente «une sorte de pré-campagne» qui se mettra vraiment en marche quand le prochain gouvernement fédéral sera en place, et que les vraies décisions seront prises quant à l'avenir du pont Champlain.

M. Olivier s'est toutefois dit satisfait qu'un des chefs (Gilles Duceppe, du Bloc québécois) ait soulevé l'enjeu de la sécurité du pont actuel. Selon lui, les autorités fédérales devront répondre tôt ou tard aux inquiétudes soulevées par deux rapports d'experts alarmants qui ont insisté sur le piteux état du pont Champlain et sur la nécessité de son remplacement, dans les plus brefs délais, et ce, peu importe le gouvernement qui sera élu le 2 mai prochain.

Le dossier du pont Champlain a brièvement surgi lors du débat télévisé de mercredi à la fin du volet sur l'économie et les dépenses gouvernementales. Le chef libéral Michael Ignatieff a réitéré que son gouvernement lancerait rapidement les travaux préparatoires pour la construction d'un nouveau pont. Le chef néo-démocrate Jack Layton a aussi assuré que son parti inclurait le remplacement du pont Champlain dans un programme national d'infrastructures.

Le chef bloquiste Gilles Duceppe approuve la construction d'un nouveau pont, mais il a aussi accusé le ministre fédéral des Transports, Chuck Strahl, d'avoir «caché des études» aux conclusions alarmantes, rendues publiques par La Presse il y a un mois, et d'avoir «joué avec la sécurité du public».

»Indigne et méprisant»

La réponse la plus attendue était toutefois celle du premier ministre sortant Stephen Harper. Celui-ci a souligné que son gouvernement avait prévu des fonds importants de 158 millions pour la réfection du pont actuel, qui fait l'objet d'un programme intensif de renforcement et d'une attention très particulière de son gestionnaire, la société fédérale Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain Inc. (PJCCI). Il a toutefois refusé de s'engager en faveur de son remplacement, ajoutant que «toutes les options sont sur la table» pour l'avenir de cette infrastructure.

Il a ensuite attaqué son adversaire libéral en affirmant que son parti «n'adoptera pas l'approche de M. Ignatieff, qui dit qu'il va détourner les fonds pour les infrastructures en région pour un pont à Montréal».

Dans son analyse du débat pour La Presse, jeudi, même l'ex-sénateur et ex-ministre conservateur Michael Fortier a estimé qu'il s'agissait d'une «erreur» et d'une déclaration «peu rassurante sur le pont Champlain».

À l'Assemblée nationale, jeudi matin, le député péquiste de Gouin, Nicolas Girard, a affirmé pour sa part que «cette remarque du premier ministre du Canada est indigne de sa fonction et tout simplement méprisante».