Faire passer le Stade olympique du profane au sacré. C'est le délicat mandat des organisateurs de l'une des plus grandes messes jamais célébrées au Stade olympique. La célébration, qui sera retransmise à la télévision, réunira 50 000 fidèles et 500 ministres de communion.

Pour célébrer à Montréal la canonisation du frère André, premier saint né en Amérique du Nord, le cardinal Turcotte a vu les choses en grand. Trop petit, le Centre Bell a été écarté au profit d'un autre monument montréalais du sport, le Stade olympique. En 1982, le Stade affichait complet pour la béatification du frère André. Ce scénario devrait selon toute probabilité se reproduire le 30 octobre. «Le vaisseau lui-même est bien choisi, mais, en choisissant ce réseau, on a choisi les défis qui vont avec», dit Alain Faubert, adjoint au vicaire général.

Plus de 50 000 fidèles

Premier défi: l'accueil d'un grand nombre de fidèles en fauteuil roulant ou sur civière. «On veut faire une large place à ceux qui se présentent à l'oratoire Saint-Joseph. Ce n'est pas le genre d'assemblée qui va à un concert de Pink Floyd ou à un match des Expos», souligne M. Faubert.

Le parterre sera donc réservé à l'accueil des personnes à mobilité réduite et des jeunes, deux groupes dont frère André, ancien portier du collège Notre-Dame, était proche. Une soixantaine d'évêques venus du Canada ou de l'étranger y pendront également place, de même que les 170 Petits Chanteurs du Mont-Royal.

Vingt-huit ans après la messe de béatification, la messe de canonisation du frère André doit aussi adapter les rites catholiques aux impératifs cathodiques. Faute de temps, il est impossible de faire communier 50 000 fidèles au même autel. Cinq cents ministres de communion ont donc été recrutés pour donner l'eucharistie en un temps record: 15 minutes. Ce choix n'a pas été sans soulever de nombreuses questions, débattues par un comité liturgique. Ainsi, les ciboires, vases où sont conservées les hosties consacrées, ne viendront pas tous des églises du Québec. «Imaginez, on n'a pas 500 ciboires, il aurait fallu courir partout au Québec. Nous avons fait appel à une firme qui nous aide à trouver quelque chose qui soit acceptable, pas trop indigne de recevoir le corps du Christ», dit M. Faubert.

Le Maurice Richard des catholiques

La célébration sera donc importante non seulement sur le plan logistique, mais aussi sur le plan symbolique. «L'Église catholique, ce n'est pas n'importe quoi dans l'histoire du Québec. Certains la voient beaucoup en noir et blanc, mais, pour moi, dans ce Québec dont on dit trop facilement qu'il était celui de la Grande Noirceur, il y avait quand même beaucoup de charité, beaucoup de solidarité et de compassion. Frère André cristallise ce qu'il y a de meilleur en nous. Pour les catholiques, c'est notre Maurice Richard.»