L'eau qui entoure l'île de Montréal n'a pas été aussi propice à la baignade depuis 10 ans, révèle un rapport municipal publié hier. Mais la Ville a encore fort à faire avant de se targuer d'avoir vaincu la pollution, estiment les écologistes.

Le Réseau de suivi du milieu aquatique de Montréal a contrôlé la qualité des plans d'eau en 116 endroits le long du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Prairies. Les trois quarts des sites, soit 86 d'entre eux, ont maintenu des seuils bactériologiques permettant la baignade durant tout l'été 2008. C'est le meilleur score depuis la création du programme, il y a 10 ans.«C'est un travail de longue haleine, convient le responsable du développement durable au comité exécutif, Alan DeSousa. Mais il faut comprendre que, pendant longtemps, l'eau était tellement polluée que les Montréalais avaient tourné le dos au fleuve. Personne n'osait manger les poissons, personne n'osait se baigner, même mettre le petit orteil dans l'eau.»

Le bilan annuel du Réseau révèle que l'eau est polluée surtout à l'est de Montréal. Des 30 stations qui n'ont pas passé le test, 22 se situent dans les arrondissements d'Ahuntsic-Cartierville, de Montréal-Nord et de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles. En revanche, la vaste majorité des sites de l'ouest de l'île sont propices aux activités aquatiques.

Malgré ces améliorations, les Montréalais doivent rester vigilants avant de se lancer à l'eau, prévient l'écologiste Daniel Green, de la Société pour vaincre la pollution. Car la Ville ne prélève des échantillons qu'une fois par semaine. Ses données ne reflètent donc pas la situation quotidienne.

«Les calculs utilisés par la Ville de Montréal ont tendance à sous-estimer les risques de contamination bactériologique», dit-il.

C'est que les épisodes de pollution bactériologique surviennent surtout après de fortes averses. Le réseau d'égout, débordé, verse alors son excédent dans le fleuve et dans la rivière des Prairies. Près du parc Richard, à Verdun, M. Green a notamment vu une eau considérée comme «baignable» devenir infecte en 24 heures à peine.

Ce problème persistera tant que la Ville n'aménagera pas des bassins de rétention pour empêcher les égouts de rejeter leurs surplus directement dans le fleuve, affirme M. Green. Mais ce projet coûtera des centaines de millions.

Des ruisseaux «désastreux»

L'écologiste est surtout préoccupé par l'état des ruisseaux de Montréal. Le rapport du Réseau révèle que l'état de 17 des 25 cours d'eau de l'île est au mieux «mauvais», au pire «pollué».

«C'est désastreux, dénonce M. Green. J'ai échantillonné le ruisseau Bouchard, à Dorval, et j'ai trouvé une fosse septique.»

Il souhaite que la Ville fasse enquête pour trouver les particuliers et les entreprises à l'origine de la pollution.

Alan DeSousa fait valoir que la situation des ruisseaux progresse, même si les cours d'eau sont à peu près aussi pollués que l'an dernier.

«C'est un défi de taille», reconnaît-il.