De passage à Montréal pour donner le coup d'envoi à la construction de la future salle de concert au centre-ville, la ministre responsable du mont Royal a laissé entendre qu'elle prenait au sérieux la demande de moratoire des organismes de défense sur la transformation de l'ancien collège Marianopolis. «On va voir ce qui va ressortir des audiences publiques», a dit Christine St-Pierre, en s'empressant d'ajouter qu'elle attendait la fin du processus avant «d'analyser la situation».

Depuis que l'ancien séminaire a été vendu au promoteur privé Développement Cato, c'est la première fois que la ministre de la Culture accepte de commenter le dossier controversé. Une fois que les élus de Montréal se seront positionnés sur le projet de construction, c'est à elle que reviendra la décision finale de rejeter ou non le projet en vertu du statut d'arrondissement historique et naturel du mont Royal.

 

Dans une lettre envoyée à la mi-mars à la firme d'architectes Daniel Arbour, la Commission des biens culturels, responsable de l'analyse pour la ministre, estimait que le projet «n'avait pas atteint le niveau de maturité qui le rendrait intégralement acceptable pour ce site exceptionnel». La Commission ne rejetait toutefois pas du revers de la main la possibilité d'accorder un changement de zonage d'institutionnel à résidentiel.

Plusieurs citoyens consternés par la conversion de l'ancien séminaire en complexe résidentiel de luxe ont pris la parole, hier, aux audiences de l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), instance consultative de l'administration du maire Tremblay. Une ancienne élève du collège a signalé que même si la propriété appartenait aux sulpiciens dans le passé, elle a été soutenue financièrement par les Québécois, et qu'en ce sens, il s'agit d'un bien collectif.

Une résidante du secteur visé par le projet, Mania Bedikian, a appuyé la demande de moratoire des organismes, en ajoutant qu'il faut «un réexamen collectif sur la vocation de ce domaine institutionnel sur la montagne». Plusieurs n'ont par ailleurs pas manqué de tracer un parallèle entre ce projet et le projet de copropriétés de luxe du Groupe Lépine, pour la Ferme sous les noyers, qui avait soulevé, en vain, la consternation de la population, il y a 10 ans.

Comme prévu, le Centre régional de l'environnement (CRE) de Montréal a présenté son mémoire à la commission présidée par Hélène Laperrière, urbaniste de formation. Le CRE a précisé qu'un moratoire était utile dans l'immédiat, mais qu'il faudrait aller plus loin «dans le temps avec des balises claires pour les institutions». L'organisme estime que les espaces verts du terrain doivent être préservés et que les 17 nouveaux bâtiments projetés par le promoteur n'ont pas leur place sur la montagne.