Les maires de Montréal, de Laval et de Longueuil négocient activement un «protocole d'entente» pour convaincre Québec d'investir dans la construction simultanée de trois nouveaux tronçons de métro totalisant plus de 20 km, et ce, d'ici 10 ans.

Selon des sources de La Presse, les maires Gérald Tremblay, Gilles Vaillancourt et Claude Gladu discutent depuis plusieurs mois déjà d'un «pacte à trois» qui présenterait le parachèvement du métro comme «la» priorité métropolitaine en matière de transports en commun.

Un projet d'entente circule même actuellement dans les officines municipales pour demander au gouvernement du Québec d'inclure dans le même programme la réalisation de trois projets de prolongement du métro, dotée d'un échéancier «réaliste et non inflationniste de l'ordre de 10 ans, pour l'ensemble du programme».

En considérant le coût moyen (environ 150 millions de dollars le kilomètre) du premier tronçon de Laval, inauguré en avril 2007, ce grand chantier nécessiterait des investissements d'au moins 3 milliards (en dollars d'aujourd'hui) d'ici à 2020.

De plus, l'ajout de plus de 20 km de tunnels à un réseau qui en fait présentement 66 représenterait une augmentation subite de 30% des distances à parcourir pour le matériel roulant de la Société de transport de Montréal (STM). Cela aurait un impact majeur sur le parc de véhicules actuels, son renouvellement ou même son expansion.

À Longueuil, la ligne 4 (jaune) du métro serait prolongée de quatre stations vers l'est, jusqu'au «pôle Jacques-Cartier/Roland-Therrien», sur une distance de 5,3 km. La Ville de Longueuil a récemment présenté le projet à la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, qui l'aurait accueilli favorablement, selon un communiqué publié au début du mois par la municipalité.

À Montréal, la ligne 5 (bleue) serait prolongée de 5,1 km vers l'est, jusque dans l'arrondissement d'Anjou. Le tracé pourrait compter cinq stations aux intersections du boulevard Pie-IX, de la rue Viau et des boulevards Lacordaire et Langelier, avant la station terminale d'Anjou. Ce projet figure dans les cartons de la métropole depuis les années 70.

Enfin, le troisième tronçon, qui pourrait faire 10,1 km, relierait Laval et Montréal à l'ouest du premier tronçon, inauguré il y a deux ans. Il permettrait de boucler les deux «branches» de la ligne 2 (orange) de part et d'autre de la rivière des Prairies. Le premier tunnel, d'un peu plus de 2 km, serait d'abord creusé en prolongement de la station Côte-Vertu actuelle jusqu'à la gare Bois-Francs du train de banlieue Deux-Montagnes, à Saint-Laurent. Puis le nouveau tronçon bifurquerait en direction de Cartierville, où une autre station - qui n'a pas encore de nom - serait vraisemblablement implantée.

De là, un tunnel serait creusé sous la rivière des Prairies, en amorce d'un long tronçon qui rejoindrait la station Montmorency, à Laval. Le tracé précis et le nombre de station dans l'île Jésus ne sont pas encore arrêtés.

Ces projets ont déjà été, en tout ou en partie, rendus publics par chacune des villes concernées. Si un pacte est conclu, ce serait la première fois que Montréal, Laval et Longueuil, par la voix de leurs maires, revendiquent ensemble le «parachèvement» du métro.

Des retombées au Québec

En entrevue, vendredi, le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, a confirmé qu'un projet d'entente est bel et bien en cours, sans toutefois commenter l'état de ces discussions.

Il a en outre rappelé que, dès l'ouverture des stations Cartier, Concorde et Montmorency, en avril 2007, il faisait déjà la promotion du bouclage de la ligne 2 par l'ouest, entre Laval et Montréal. Il était aussi l'un des seuls à croire au succès du premier prolongement du métro à Laval. Les trois nouvelles stations lavalloises accueillent déjà 60 000 usagers par jour.

«Collectivement, nous faisons présentement face à deux crises majeures, affirme le maire. La première est économique. La seconde est environnementale. Un projet comme celui-ci permettrait de faire travailler des milliers de personnes chez nous durant plusieurs années. Et après, ce sont des milliers d'automobiles de moins sur nos routes, parce que leurs propriétaires prendront le métro au lieu de leur voiture.»

Pour sa part, le responsable des transports et du développement urbain au comité exécutif de la Ville de Montréal, André Lavallée, a confirmé que les trois grandes villes de la région métropolitaine étaient en discussion «pour la réalisation d'un grand projet rassembleur, durable et structurant, qui bénéficierait à l'ensemble de la région métropolitaine».

M. Lavallée a précisé que ces discussions «doivent être mises en contexte avec les propositions lancées par la Ville de Montréal dans son Plan de transport sur la question du financement. Mais aussi en relation avec le leadership que les municipalités veulent aujourd'hui assumer en matière de transports en commun.»

La Presse n'a pu joindre de porte-parole de la Ville de Longueuil.

Le souhait de Québec?

Une revendication commune des trois maires répondrait par ailleurs à une demande qu'a formulée à maintes reprises la ministre des Transports Julie Boulet, au cours des derniers mois, concernant la priorisation des projets de transports en commun.

Le 24 avril, en commission parlementaire, la ministre Boulet a affirmé : «Le maire de Montréal a sa liste de priorités à lui, qui n'est pas nécessairement la même qu'à Laval ou qu'à Longueuil. Et moi, ma préoccupation, c'est : Est-ce que je peux trouver quelque chose qui va servir à l'ensemble des citoyens qui restent dans la grande région métropolitaine, et incluant Longueuil et Laval?

«Est-ce qu'on est capable de trouver un projet porteur qui va rallier le plus de monde possible et avec lequel on aura le plus large consensus sur l'ensemble du territoire? C'est ce que je souhaite.»