L'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) présentait hier soir la première de quatre rencontres sur les projets du futur Quadrilatère Saint-Laurent proposés par la Société de développement Angus (SDA). Des citoyens, des propriétaires et des résidants du quartier ont saisi l'occasion pour poser des questions et manifester leurs inquiétudes.

Le projet de 150 millions vise la «requalification» du pâté de maisons situé sur le côté sud-ouest du boulevard Saint-Laurent, entre l'édifice du Monument-National et la rue Sainte-Catherine. La SDA souhaite y construire une tour de 12 étages et 300 000 pieds carrés, d'une hauteur de 48 mètres, qui deviendrait le nouveau siège social d'Hydro-Québec, avec des commerces au niveau de la rue. Ce projet, qui doit être achevé à la fin de l'année 2010, demanderait des modifications importantes au plan d'urbanisme de la Ville, ainsi que la démolition d'une dizaine d'édifices, dont certains possèdent un indéniable caractère historique (voir autre texte).

 

Malgré la présentation séduisante du promoteur Christian Yaccharani, le Quadrilatère Saint-Laurent suscite encore beaucoup d'appréhensions. Si personne ne peut nier que la Main a grandement besoin d'être revitalisée, tout le monde s'entend sur le caractère unique de ce coin de rue, ce qui rend toute intervention majeure particulièrement délicate. Le mot landmark (point d'intérêt) est revenu à plusieurs reprises hier pendant la consultation.

Outre la question patrimoniale, les craintes des citoyens concernent surtout la taille de l'édifice principal, qui fera l'angle Saint-Laurent-Sainte-Catherine. Certains ont parlé d'une «tour», d'autres d'une «masse», voire d'une «boîte à chaussures», en s'étonnant qu'un aussi gros morceau soit envisagé sur ce quadrilatère particulièrement étroit, ce qui transformera grandement le paysage urbain, et réduira de beaucoup le temps d'ensoleillement.

Le propriétaire du Club Soda, Michel Sabourin, a demandé s'il était encore possible de diminuer la densité de l'immeuble. Un citoyen a suggéré de le construire en paliers. Dans les deux cas, M. Yaccharini a répondu par la négative.

À la suite des recommandations du Conseil du patrimoine et du Comité d'architecture et d'urbanisme, la SDA a déjà accepté de revoir à la baisse le nombre d'étages (de 15 à 12) et la hauteur de l'immeuble (de 65 m à 48 m). Mais compte tenu des impératifs d'Hydro-Québec, il est impossible de faire mieux.

«Hydro doit relocaliser deux divisions complètes. S'ils en relocalisent une seule, on serait incapables de faire le projet. Il y a un minimum de pieds carrés qu'on doit mettre dans le bâtiment, dans un volume limité... Il faut qu'au bout du compte on soit capables de rembourser les 90 millions qu'on va emprunter.»

C'était hier la présentation générale du projet. Les questions d'architecture et d'insertion urbaine seront au coeur de la troisième consultation publique, qui aura lieu le 26 mai. Ce soir, la consultation portera plus précisément sur les enjeux sociaux et commerciaux du Quadrilatère et de son projet-soeur, le 2-22 Sainte-Catherine, situé de l'autre côté de la rue. Les citoyens qui souhaitent déposer un mémoire ou émettre un avis oral sur ce dossier ont jusqu'au 4 juin pour s'inscrire. Les auditions auront lieu le 9 juin.