Ces temps-ci, pour se rendre au bureau, Jocelyn Lafortune utilise non pas sa voiture, mais son... hydroglisseur. Il est commun de croiser ce type de véhicule, propulsé par une hélice arrière, dans les Everglades, en Floride. Mais pas sur le fleuve Saint-Laurent quand le mercure indique -15°C.

M. Lafortune habite de façon permanente l'île Ronde, en face de Saint-Sulpice, dans Lanaudière. C'est là qu'il exploite le Domaine de l'île Ronde, un superbe vignoble spécialisé dans les vins fortifiés. Les bureaux de vente du vignoble sont situés à Saint-Sulpice. D'où l'utilisation de l'hydroglisseur sur une base quotidienne.

 

N'allez pas croire qu'il s'agit là d'une lubie de millionnaire désabusé. L'hydroglisseur, qui peut valoir jusqu'à 70 000$, est avant tout un outil de travail pour Jocelyn Lafortune. C'est d'ailleurs pour cela que l'homme d'affaires possède deux de ces embarcations à fond plat, dont un modèle de 500 HP qui peut atteindre 160 km/h.

«L'été, j'utilise un bateau et l'hiver, une motoneige. Mais quand la glace n'est pas complètement formée à l'automne et que ça commence à fondre au printemps, ou en période d'embâcle, je ne veux prendre aucun risque», explique celui qui a considérablement modifié ses hydroglisseurs pour les adapter à notre climat. «C'est fabriqué en Floride et fait pour être utilisé là-bas. Quand j'ai reçu mon premier hydroglisseur, en décembre 2000, l'huile était beaucoup trop épaisse. Le moteur ne voulait pas démarrer. C'est sans parler de la coque, qui était trop fragile pour circuler sur la glace», dit-il.

Aucun permis n'est exigé pour conduire un hydroglisseur, explique Jocelyn Lafortune. Toutefois, on ne s'improvise pas pilote du jour au lendemain, dit-il. «Il faut un certain temps pour maîtriser ces engins-là. C'est à mi-chemin entre un avion et un bateau. J'utilise une pédale d'accélération et j'ai un gouvernail pour me diriger. Contrairement à une auto ou à un bateau, si on sent qu'on perd la maîtrise de l'hydroglisseur, il ne faut pas lâcher l'accélérateur, mais plutôt peser dessus. C'est difficile de s'habituer», raconte le viticulteur.

Jusqu'à tout récemment, Jocelyn Lafortune était l'un des rares Québécois à posséder un hydroglisseur. Mais son initiative a fait des petits. Des propriétaires de chalet qui habitent des îles voisines dans l'archipel de Verchères en ont acheté deux. De quoi donner à la région de Saint-Sulpice des airs de bayou.