Bon débarras! Les citoyens qui vivent dans le secteur de Blue Bonnets accueillent avec soulagement la décision de Québec de tirer définitivement un trait sur l'hippodrome de Montréal.

Le gouvernement Charest a confirmé hier ce qu'avait indiqué La Presse il y a deux semaines: le ministère des Finances se retire du plan de restructuration de l'industrie des courses de chevaux.

 

Par la voix de Suzanne Lévesque, sous-ministre aux Finances, le gouvernement Charest avait proposé une solution au syndic chargé du dossier de la faillite anticipée d'Attractions hippiques.

Mais la controverse soulevée par des manchettes annonçant qu'on s'apprêtait à faire un cadeau de 1 milliard au sénateur libéral Paul Massicotte avait vite fait hésiter les stratèges du premier ministre Charest.

«Pour nous, c'est bon débarras!» a lancé Marvin Rotrand, conseiller municipal de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. Les députés libéraux du secteur, Pierre Arcand, Kathleen Weil et Lawrence Bergman ont été inondés de courriels des résidants du quartier qui demandaient à Québec de ne pas permettre à Attractions hippiques de construire un nouveau salon de pari sur le terrain de l'hippodrome.

«Il y a des années, le gouvernement s'était engagé à fermer le site et à cesser les activités liées au jeu. Il nous avait envoyé une balle courbe avec ce projet d'entente, mais c'est rentré dans l'ordre aujourd'hui», résume M. Rotrand.

Le terrain de Blue Bonnets avait été cédé par la Ville de Montréal sous l'administration de Pierre Bourque. Il appartient à la Sonacc, la société d'État responsable des courses, mais, en fait, sa valeur (37 millions) couvre la dette de la Sonacc envers le gouvernement du Québec.

«Pour nous, l'avenir de Blue Bonnets se pose ainsi: va-t-on construire 2000 ou 10 000 logements?» ajoute le conseiller municipal.

Discussions vouées à l'échec

Québec a retiré sa proposition avant même l'expiration du délai donné la semaine dernière par le tribunal pour poursuivre les discussions.

«Les activités de courses de chevaux ne font pas partie des missions essentielles de l'État, a déclaré hier la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, dans un communiqué. Il est toutefois de la responsabilité du gouvernement d'offrir des mesures d'aide transitoire aux travailleurs et aux éleveurs de cette industrie.»

Mme Jérôme-Forget explique son retrait par le refus des hommes de chevaux d'accepter le plan de relance de Québec: «L'annonce du refus, par les hommes de chevaux, d'entériner le plan de restructuration qui leur a été présenté par le syndic de faillite RSM Richter, témoigne que les discussions sont vouées à l'échec.»

Pour le critique aux Finances du PQ, François Legault, «c'est une excellente nouvelle que le gouvernement retire la proposition complaisante faite au sénateur Massicotte». Québec avait promis 165 appareils de plus au sénateur pour compenser le fait qu'il ne pouvait ouvrir de salon de pari ni d'hippodrome dans la couronne nord.

M. Legault croit que les hommes de chevaux et les éleveurs peuvent faire encore des propositions. Québec pourrait regarder ce qui est sur la table, sans renchérir toutefois sur ce qu'il avait proposé avant sa dernière offre. Compte tenu de la dette énorme d'Attractions hippiques (70 millions), il vaut mieux consentir à la faillite et ouvrir les discussions avec un nouvel interlocuteur. Il faut s'inquiéter aussi de la poursuite qu'a engagée le sénateur Massicotte contre Québec parce qu'il n'a pu ouvrir d'hippodrome à Laval.

Pour Québec, il reviendra à la Cour supérieure de trancher, le 9 mars prochain, sur l'avenir d'Attractions hippiques.

Si Attractions hippiques fait faillite, la ministre promet de discuter avec ses collègues de l'Emploi et de l'Agriculture des mesures d'aide à mettre en place pour les travailleurs et les éleveurs.

Loto-Québec retirerait alors ses 265 appareils de loterie vidéo des hippodromes de Montréal et d'Aylmer.