Des usagers des trains de banlieue de la métropole ont accueilli hier avec beaucoup de réserves et un certain scepticisme le dépôt d'une requête en recours collectif de plus de 66 millions contre l'Agence métropolitaine de transport (AMT), en raison des défaillances répétées de ses services.

«Tout notre groupe se dissocie complètement de ce recours collectif. Il y a d'autres moyens pour se faire entendre. Tout n'est pas toujours une question d'argent», a affirmé hier Mme Ania Kazi, une usagère du train de banlieue Deux-Montagnes qui a lancé plusieurs mouvements de plaintes et de protestations contre la piètre qualité des services de transport collectif offerts par l'AMT, depuis la rentrée de janvier.

 

Après avoir obtenu, mardi, le rétablissement des horaires en vigueur jusqu'au 12 janvier dernier, et le retour d'un départ quotidien à partir de la gare de son arrondissement de Roxboro, sur la ligne Deux-Montagnes, Mme Kazi craint qu'un tel recours handicape les efforts entrepris par l'AMT, pour rétablir des services de qualité dans son réseau.

«Les sommes demandées, cela proviendrait des fonds publics. Et en plus, de l'argent dont l'AMT a besoin pour offrir une réelle amélioration de services, ajoute-t-elle. Ce n'est pas le moment de lui en retirer et de saboter ses efforts. Je crois qu'il faut reconnaître l'ouverture dont elle a fait preuve en rétablissant les anciens horaires sur la ligne de Deux-Montagnes, même si c'est arrivé relativement tard.»

Pour sa part, Me Normand Painchaud, l'avocat qui intente le recours contre l'AMT, a dit comprendre, hier, les arguments des usagers de Deux-Montagnes qui se dissocient de cette poursuite.

«Je comprends leur point de vue, mais je trouve que c'est à courte vue, affirme l'avocat. L'un des buts reconnus du recours collectif, c'est de forcer un changement dans le comportement de la partie poursuivie. Dans le cas présent, l'objectif est de faire en sorte que l'AMT agisse de manière différente qu'elle l'a fait jusqu'à présent, parce qu'elle se retrouve sous la pression d'une poursuite judiciaire.»

Me Painchaud estime que l'AMT ne peut pas plaider un manque de moyens pour expliquer son incapacité à fournir des services qu'elle s'est engagée à assurer, au moment où l'usager achète son titre de transport mensuel.

Le directeur du groupe Transports 2000 Québec, Normand Parisien, a pour sa part souhaité «bonne chance» au requérant et à ses avocats, en soulignant que les délais légaux sont très longs dans ce type de causes, et qu'ils ne changeront rien, à court terme.

«L'AMT se retrouve avec un réseau en pièces détachées qui a atteint ses limites, et qui se détraque, a-t-il commenté. Des pas importants ont été faits depuis deux ans, avec l'achat de nouvelles voitures, de nouvelles locomotives, entre autres. Mais ils ont été faits trop tard après des années de retards. On n'en verra pas les effets avant très longtemps.»