Le Parti québécois (PQ) a dévoilé hier un «plan pour diminuer la congestion routière dans la région métropolitaine». Ce plan tient pour l'essentiel en trois points: l'attribution de 1 milliard supplémentaire pour les transports en commun de 2015 à 2020; la création de plus de 200 km de voies réservées aux autobus «au cours du prochain mandat»; la réalisation de deux projets majeurs déjà annoncés, soit le prolongement de la ligne bleue (numéro 5) du métro dans l'est de Montréal et l'implantation d'un train SLR sur le nouveau pont qui remplacera le pont Champlain entre Montréal et la Rive-Sud. Est-ce réalisable? La Presse a soumis ce plan à l'épreuve des faits.

Congestion routière

Aucun gouvernement n'est parvenu à réduire la congestion routière de manière marquée ni à ralentir sa progression depuis les années 90. La congestion routière chronique, typique des ponts de la métropole en périodes de pointe, est causée par un surcroît de véhicules qui dépasse par moments la capacité de transit des infrastructures. Or, malgré cette capacité dépassée, le volume de la circulation continue d'augmenter «naturellement» de 1 à 2% par année.

La congestion dite «chronique» du réseau routier est de plus aggravée par des problèmes de congestion dite «incidente» liée à des entraves temporaires à la circulation (travaux routiers, accidents, etc.). La congestion de ce type est en hausse à Montréal en raison du grand nombre de chantiers en cours, et elle est appelée à augmenter encore dans les prochaines années en raison des projets de construction de l'échangeur Turcot au sud-ouest de l'île et d'un nouveau lien en remplacement du pont Champlain, entre Montréal et la Rive-Sud.

Les coûts

Les coûts réels de la congestion routière, que le PQ évalue à 1,8 milliard par année, sont donc probablement sous-estimés, car ils tiennent uniquement compte des coûts de congestion chronique. Il n'existe pas encore de méthode reconnue pour évaluer les coûts de la congestion dite incidente.

Augmenter les transports en commun

Le PQ dit vouloir augmenter les services de transports collectifs dans la région de Montréal.

Sa stratégie, écrit-on, «permettra de hausser de 30% l'offre de transports en commun, d'ici 2020, en y attribuant notamment 1 milliard supplémentaire», prévu dans une stratégie de mobilité durable rendue publique au début de mars.

Les sommes supplémentaires transférées des budgets routiers vers les projets de transports collectifs totalisent 930 millions entre 2015 et 2020, et non 1 milliard. Il ne s'agit pas d'argent frais, mais d'une réaffectation budgétaire au sein du Plan québécois des infrastructures du gouvernement du Québec.

De plus, cet argent ne permettra pas d'augmenter l'offre des transports collectifs, puisque ces sommes «serviront exclusivement au financement de projets en maintien d'actifs et à la résorption du déficit d'entretien cumulé» sur les réseaux existants, selon la Stratégie du gouvernement Marois.

À ce jour, aucune solution n'a été avancée pour financer les infrastructures nécessaires pour augmenter l'offre de services de 30%. Pire, le financement des projets de prolongement du métro et d'aménagement d'un train SLR, pourraient totaliser 3,5 milliards. Ces sommes ne sont pas prévues ni inscrites au Plan québécois des infrastructures, pour le moment.