Stephen Harper ment aux Québécois, et son appel aux nationalistes n'est que de la poudre aux yeux, estime le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

«M. Harper dit qu'il ouvre la porte aux nationalistes. Le problème, c'est qu'il les laisse dans le vestibule. Pas question de les inviter au salon», a dit M. Duceppe. Il a tenu ces propos en réaction à ceux du chef conservateur, qui, dans une entrevue publiée hier par La Presse, affirmait vouloir faire une place aux nationalistes québécois dans son parti.

«Dans l'ensemble des dossiers, il ne passe pas de la parole aux actes. Il refuse que la nation soit constitutionnalisée, il fait des coupes en culture, dans les organismes à but non lucratif», a souligné le chef du Bloc.

«Sur la question de l'UNESCO, il ment complètement, a ajouté M. Duceppe. Il n'y a pas de siège à l'UNESCO pour le Québec; c'est une place dans la délégation canadienne, à condition de parler quand on est d'accord avec Ottawa, dans le domaine même de la culture. Ce qu'il a fait ne correspond pas à ses promesses.»

La reconnaissance de la nation québécoise par le gouvernement conservateur n'est que symbolique, aux yeux du chef du Bloc. «C'est une chose de dire je reconnais votre nation, mais je ne veux pas que ce soit inscrit, je reconnais votre nation, mais je ne reconnais pas votre langue, je reconnais votre nation, mais pas vos institutions, je reconnais votre nation mais vous n'avez pas de place à l'international», a-t-il martelé.

Train rapide Québec-Windsor

En après-midi, devant la gare du Palais, à Québec, le chef bloquiste a réitéré sa proposition d'un train rapide entre Québec et Windsor, qui fait largement consensus dans la région. Il somme le chef conservateur de s'engager à réaliser le projet. «Stephen Harper a dit non à tout le Québec concernant la nation, le déséquilibre fiscal, la culture, les organismes de développement économique, Kyoto et beaucoup d'autres questions, a dit M. Duceppe. Nous lui offrons l'occasion de dire oui au Québec.»

Selon le Bloc, les cadeaux fiscaux donnés aux pétrolières pour 10 ans coûtent beaucoup plus cher aux contribuables qu'un train rapide. «Les pétrolières polluent, les trains rapides permettent de réduire la pollution et celui-ci contribuerait à la création de la richesse au Québec», a ajouté le chef.

De passage dans la région de la capitale nationale après une tournée de cinq jours dans les régions du Québec, M. Duceppe est venu prêter main-forte à son équipe de députés dans un coin qui a largement voté pour les conservateurs au dernier scrutin.

«On travaille très fort. On a vu dans les analyses politiques que c'est serré, comme c'était serré en 2006. À chaque élection, avec les courants successifs qui se sont manifestés ici, c'est toujours serré», a dit M. Duceppe à propos de la bataille de Québec, tout en se disant confiant et optimiste.

En 2004, les sept circonscriptions de la région avaient élu des députés du Bloc. Seule Christiane Gagnon, députée de Québec depuis 1993, avait résisté à la vague conservatrice de 2006 -mais avec une majorité moitié moindre qu'au scrutin de 2004.

Dans Charlesbourg-Haute-Saint-Charles, où s'est rendu le chef du Bloc en matinée, le syndicaliste Denis Courteau tentera de déloger le conservateur Daniel Petit, qui l'avait emporté par moins de 1400 voix en 2006 sur le bloquiste Richard Marceau.

La région de Québec a aussi voté massivement pour l'ADQ de Mario Dumont aux dernières élections provinciales.