Stephen Harper n'avait pas le choix de désavouer son controversé projet de loi C-10 sur le cinéma et la télévision, car sa position était devenue intenable, a affirmé Gilles Duceppe, hier. Le chef du Bloc n'est pas satisfait pour autant par l'annonce de son vis-à-vis conservateur, qui garde le cap sur ses compressions de 45 millions dans le domaine de la culture.

On attendait surtout des mesures économiques dans le programme électoral que les conservateurs ont dévoilé hier. Mais le premier ministre sortant a causé la surprise en annonçant qu'il abandonne son fameux projet de loi C-10.

Celui-ci aurait donné au ministre du Patrimoine le pouvoir de refuser des crédits d'impôt à des productions qu'il aurait jugées «contraires à l'ordre public», ce qui avait suscité l'ire du milieu culturel.

«Harper admet qu'il s'est trompé en voulant imposer la censure au monde culturel», a déclaré Gilles Duceppe.

Après avoir rencontré des travailleurs de la société papetière Kruger, où 150 personnes ont perdu leur emploi l'an dernier, le chef du Bloc s'est attaqué à la plateforme conservatrice parce qu'elle ne comprend aucune mesure d'aide pour la culture. «Sur l'ensemble de la culture, il n'a rien annoncé quant aux coupes», a-t-il dénoncé. Il fait valoir que 314 000 emplois directs et indirects sont pourtant liés à ce secteur.

Gilles Duceppe a passé le gros de sa journée à Trois-Rivières, une circonscription où les conservateurs ont recruté l'ex-présidente de la chambre de commerce Claude Durand pour tenter de déloger la députée bloquiste sortante, Paule Brunelle. Il a également fait un saut à Louiseville pour prêter main-forte à son candidat Guy André.

Le leader du Bloc a balayé d'un revers de main la nouvelle campagne publicitaire du NPD, qui attaque directement son parti. «Plutôt que d'attaquer le Bloc, il devrait attaquer Harper, rétorque Gilles Duceppe. Plutôt que d'attaquer les libéraux sans cesse, il aurait dû attaquer Harper.»

Un sondage réalisé par Harris/Décima pour La Presse Canadienne et publié hier place le Bloc devant ses adversaires, avec 33% des intentions de vote.

Le PLC, maintenant deuxième au Québec selon le même sondage (28%), a également lancé une offensive publicitaire au Québec, hier. Le parti espère capitaliser sur ce qu'il estime être une bonne performance du chef Stéphane Dion au débat des chefs en français, la semaine dernière.

Gilles Duceppe ne s'en fait pas outre mesure. «On a aussi une publicité, nous, a-t-il souligné. Ce serait surprenant que les partis ne parlent pas, on est dans une campagne. Seuls les candidats conservateurs ne parlent pas, ils n'ont pas la permission.»