Bien des têtes étaient tournées vers Atlanta, où les négociateurs de 12 pays tentaient de mettre les derniers points sur les i de l'accord sur le Partenariat transpacifique, dimanche.

L'annonce imminente d'une entente a semblé fouetter le chef du Nouveau parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, qui a réitéré, tout au long de sa mini-tournée dans le sud-ouest ontarien, qu'il ne la ratifierait pas si sa formation était portée au pouvoir le 19 octobre.

Le NPD est le seul des principaux partis à tenir tête aux conservateurs et à s'opposer au Partenariat transpacifique (PTP), a déclaré M. Mulcair dès la première étape de son blitz électoral, à Brantford.

M. Mulcair a dénigré la position libérale à ce sujet. Il a visé spécifiquement une déclaration de la candidate libérale Catherine McKenna selon laquelle son parti n'est pas prêt à faire écho aux positions du NPD.

«Où se situent Justin Trudeau et les libéraux là-dessus ? Hier (samedi) à Ottawa, ils ont dit qu'ils n'avaient pas le choix d'appuyer les négociations menées secrètement par Stephen Harper pour conclure un accord pour le PTP», a déclaré M. Mulcair.

Comme il l'avait dit la veille au Québec, M. Mulcair a répété qu'un gouvernement néo-démocrate ne ratifiera pas une entente conclue par M. Harper. «On va combattre cette entente négociée derrière des portes closes par M. Harper.»

Parlant ensuite devant environ 300 personnes à Waterloo, M. Mulcair a imploré les électeurs de réfléchir à ce que pourraient être les conséquences du PTP sur les fermes de la région. «Pensez aux familles qui possèdent une ferme laitière depuis des générations, a-t-il lancé à la foule. Leur gagne-pain est en péril.»

De passage à Sainte-Sophie, dans les Laurentides, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a exprimé son inquiétude face au maintien ou non de la gestion de l'offre dans le PTP, dont les détails sont toujours attendus.

Les 11 autres pays impliqués dans les négociations de cet accord de libre-échange font pression sur le Canada pour qu'il modifie son système régissant les producteurs de lait, d'oeufs et de volaille.

«J'espère que la gestion de l'offre ne sera pas touchée, mais je suis loin d'en être convaincu, a dit M. Duceppe. Le vent, on l'avait dans la figure (en début de campagne). Là on l'a dans le dos et ils (les conservateurs) vont nous avoir dans la face.»

Le chef bloquiste prévoyait réagir plus tard sur le PTP, après avoir pris connaissance des détails.

Quant au chef du Parti libéral, Justin Trudeau, il a refusé de commenter tant et aussi longtemps que les modalités de l'accord ne seront pas connues. «Je ne vais pas faire de supputation en ce moment. Nous continuerons de montrer que le Parti libéral maintient le cap: nous sommes pro-commerce, nous pensons que c'est bon pour la création d'emplois et la croissance de l'économie. C'est ce que nous allons examiner.»

Il a reproché à M. Harper d'avoir mené des négociations dans le secret sans avoir informé les Canadiens de l'état des discussions. «Il a travaillé dans le secret, sans transparence. On ne sait pas comment il a négocié.»

Le PTP n'était pas le sujet de prédilection de MM. Duceppe et Trudeau, dimanche. Le premier a réservé ses attaques à M. Mulcair, tandis que le second s'en est pris à M. Harper.

Devant plus de 150 militants à Sainte-Sophie, M. Duceppe s'est surtout affairé à démontrer que le chef du NPD n'avait pas les intérêts du Québec à coeur.

Il a notamment reproché à M. Mulcair d'être ambivalent dans le dossier du controversé oléoduc Énergie Est, en plus de sa position sur le port du niqab au cours des cérémonies d'assermentation.

«Il faut se tenir debout sur la pleine égalité entre hommes et femmes et il n'est pas question pour nous que les femmes puissent s'effacer de l'espace public», a dit M. Duceppe, qui ne s'est pas adressé aux journalistes par la suite.

Quant à M. Trudeau, il a affirmé qu'il était temps de mettre fin aux politiques conservatrices opposant les Canadiens les uns aux autres.

«Le travail d'un premier ministre est de rassembler les Canadiens, et non de les séparer», a-t-il lancé à la foule qui remplissait le Powerade Centre.

«Pendant 10 ans, Stephen Harper n'a jamais raté l'occasion de diviser les Canadiens. L'Est contre l'Ouest, les villes contre les campagnes, les Français contre les Anglais, les soi-disant Canadiens de souche contre les immigrés. Son premier instinct est de faire appel aux mauvais instincts.»