Un plan pour replonger le Canada en récession, une plateforme qui abandonne le Québec, des idées copiées sur le NPD; les adversaires de Michael Ignatieff n'ont pas perdu de temps pour dénoncer le programme du Parti libéral.

Selon le chef conservateur, Stephen Harper, l'ensemble des autres partis, avec leurs dépenses coûteuses, «mettraient en péril» l'économie canadienne et «replongeraient le pays dans une récession».

Mais la plateforme libérale, dévoilée dimanche, constitue pour M. Harper un argument supplémentaire démontrant que libéraux et néo-démocrates sont prêts à former une coalition.

«La seule chose sur laquelle ils pourront s'entendre, c'est de dépenser davantage. On peut déjà le voir aujourd'hui: M. Ignatieff a présenté la plateforme du NPD!» a lancé le chef conservateur à London, en Ontario, devant une foule qui a éclaté de rire.

Fournissant des munitions aux théoriciens de la coalition, le chef du NPD, Jack Layton, a accusé le Parti libéral de s'être inspiré des idées néo-démocrates dans l'écriture de sa plateforme.

«Concernant la sécurité pour les retraités, les services de garde, l'environnement, toutes sortes de choses pour les familles, c'est ce que le NPD propose depuis des années, a dit M. Layton, de passage à Gatineau. Ils essaient de se servir de la plateforme du NPD, mais la différence, c'est que dans le passé, quand ils ont proposé la même chose, ils ont abandonné ces engagements dès qu'ils ont été élus. Nous ne pouvons donc pas avoir confiance en ces promesses.»

Le Québec laissé pour contre

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a pour sa part déploré que la plateforme libérale ne prévoie pas les 2,2 milliards d'indemnisation réclamés par Québec pour avoir harmonisé les taxes de vente en 1992.

«Les discours en Chambre laissaient entendre que (les libéraux) étaient en faveur. On voit maintenant où ils logent. C'est inacceptable», a dénoncé M. Duceppe dimanche après-midi à Dunham, dans les Cantons-de-l'Est.

Le chef bloquiste dit vouloir prendre le temps d'étudier la plateforme libérale avant de la commenter davantage.

Mais le ministre d'État responsable du développement régional au Québec, Denis Lebel, a abondé dans le même sens, jugeant que les libéraux ignorent le Québec dans leur programme électoral en n'incluant pas cette compensation.

«Comment peut-on faire un oubli aussi important? a lancé M. Lebel. Comment peut-on accorder de la crédibilité à leurs chiffres? Nous nous sommes engagés à régler ce dossier rapidement si nous sommes réélus, au plus tard le 15 septembre. C'est un élément important quand on lance une plateforme.»

Avec Paul Journet et Joël-Denis Bellavance