Le débat sur le registre des armes à feu a incarné mercredi ce qui distingue les conservateurs des bloquistes au Québec.



Le Parti conservateur promet d'abolir le registre des armes d'épaule. Le Bloc demande plutôt qu'on le renforce. La députée sortante du Bloc dans Ahuntsic, Maria Mourani, propose trois mesures: la fin de l'amnistie dont bénéficient les propriétaires d'une arme d'épaule non enregistrée; la gratuité de l'enregistrement, pour l'encourager; l'application d'un décret pour marquer les armes afin de décourager le vol et la contrebande.

Le Bloc soutient qu'il représente le consensus québécois à ce sujet. L'Assemblée nationale (quatre motions unanimes), le Barreau du Québec, l'Association des policiers et policières du Québec et la Direction de santé publique figurent notamment parmi les partisans du maintien du registre.

Les conservateurs répliquent que le Québec n'est pas monolithique. Selon eux, il existe entre Montréal et les régions un clivage qu'ils essaient d'exploiter. «M. Duceppe fait son annonce en faveur du registre des armes d'épaule à Montréal. O.K. C'est un peu drôle parce que, dans les régions, nous gagnons de plus en plus de bénévoles parce que ces gens-là n'appuient pas la position de M. Duceppe à Montréal», a raillé Stephen Harper mercredi.

Les conservateurs en font à la fois une question de principe et d'efficacité. Le registre serait trop coûteux et entraverait la liberté des chasseurs et des agriculteurs des régions. Deux arguments que rejette le Bloc: le Parti conservateur «accepte pourtant qu'on doive obtenir un permis pour immatriculer sa voiture (...) et pour chasser le canard», dit M. Duceppe.

Celui-ci reconnaît que le registre, instauré par les libéraux en 1995, a été entaché par une «gestion désastreuse». Quelque 2 milliards y ont été engloutis en 10 ans. Mais ces problèmes de gestion ne changent pas sa pertinence, argue-t-il.

Mme Mourani ajoute que les autorités consultent le registre plus de 10 000 fois par jour. Les conservateurs rétorquent que le registre crée un faux sentiment de sécurité chez les policiers.

Selon Gilles Duceppe, il y a un «fossé» entre le Québec et le Canada sur cette question. Selon un sondage Angus-Reid publié l'automne dernier. Le Québec était la seule province où une majorité de gens (51%) souhaitait le maintien du registre. En comparaison, un Canadien sur trois pensait la même chose.

Le Bloc n'est pas seul à défendre cette position. Le chef libéral, Michael Ignatieff, est aussi contre l'abolition du registre. En septembre, libéraux et bloquistes se sont opposés à un projet de loi conservateur visant à abolir le registre des armes d'épaule. Le NPD avait permis le vote libre. Six néo-démocrates avaient appuyé les conservateurs. Leur seul député québécois, Thomas Mulcair, s'y était opposé.

Les conservateurs avaient finalement perdu par deux votes (153 contre 151). Ils promettent de revenir à la charge.