Le Québec est perçu plus que jamais comme un terrain de bataille pour le chef libéral, qui a appelé les électeurs québécois à se rallier derrière lui, lors d'un rassemblement partisan à Laval, jeudi soir.

Grisé par une certaine remontée dans les sondages, Stéphane Dion s'est affairé à se présenter comme l'unique alternative à Stephen Harper à Ottawa.

«C'est un jour très significatif parce que je sens que le Parti libéral du Canada, qui a été tout au long de notre histoire le parti préféré des Québécois, a une chance de redevenir le parti préféré des Québécois», a-t-il lancé, accompagné sur le podium par une quarantaine de ses candidats.

La foule massée pour l'occasion brandissait des pancartes immitant les pannaux routiers des arrêts obligatoires, pour illustrer leur volonté de stopper la progression du chef conservateur au pays.

Après avoir vanté les mérites de son parti au Québec, le chef libéral mettra le cap sur l'Ontario, vendredi, où il recevra un appui de taille pour tenter de convaincre les électeurs de cette province qu'il mérite de gouverner le pays.

L'ancien premier ministre Jean Chrétien sautera dans le train électoral pour prononcer un discours d'appui à celui qui a été son ancien ministre, à l'occasion d'un rassemblement partisan à Brampton.

Pas moins de 800 participants sont attendus pour ce qui devrait être l'un de plus gros rallye des libéraux. Le successeur de M. Chrétien, Paul Martin, avait lui aussi manifesté son appui à M. Dion, au cours d'une rencontre à Toronto plus tôt cette semaine.

Malgré une journée semée d'embûches pour Stéphane Dion, le chef libéral n'a pas perdu sa fougue en continuant de se présenter comme la seule alternative possible à Stephen Harper à Ottawa.

En point de presse à Halifax, en milieu de journée jeudi, il a dû répondre à des attaques provenant de plusieurs fronts, voire à des avis le contredisant émanant de ses propres rangs.

Alors que M. Dion soutenait cette semaine que l'éventualité d'une crise économique ne modifierait pas la mise en oeuvre du «Tournant vert» dans l'hypothèse d'un gouvernement libéral, deux de ses anciens rivaux dans la course au leadership, Bob Rae et Michael Ignatieff, ont laissé entendre que la taxe sur le carbone pourrait être reportée ou allégée.

Placé devant cette contradiction, le leader du Parti libéral s'est affairé à réparer les pots cassés en soutenant que l'unité de son parti sur cette question n'était pas altérée.

«Et M. Rae et M. Ignatieff ne sont pas du tout en accord pour retarder quelque chose (du) «Tournant vert» qui va aider l'économie», a indiqué le chef libéral.

S'il convient que le contraire a été dit dans les médias, il assure que ses deux candidats lui ont confirmé que ce qu'ils pensent «est aussi ce que le chef pense, ce que le parti pense, ce que 230 économistes pensent: que le «Tournant vert» est un stimulant pour l'économie», a-t-il poursuivi.

Il a par ailleurs dû répondre au premier ministre de la Nouvelle-Ecosse, Rodney MacDonald, qui a calculé que le «Tournant vert» coûterait annuellement 600 millions $ à sa province.

M. Dion, qui a affirmé prendre au sérieux ses relations avec les premiers ministres provinciaux, a néanmoins prétendu que s'il proposait son plan vert, c'est qu'il savait qu'il serait bénéfique pour tous.

«J'assure le premier ministre de la Nouvelle-Ecosse que si je recommande le «Tournant vert» pour tous les Canadiens, c'est parce que je sais que c'est bon pour la Nouvelle-Ecosse», a-t-il fait valoir.

Enfin, pour ne pas faire mentir le dicton «jamais deux sans trois», le chef libéral a dû encaisser une remarque du directeur parlementaire du budget sur les coûts de la mission militaire en Afghanistan, selon laquelle le gouvernement avait manqué de transparence, y compris au début de la mission, alors que les libéraux étaient au pouvoir.

Malgré ces cailloux dans sa chaussure, M. Dion a continué de polir son image de politicien «premier ministrable» en se faisant aussi rassembleur que possible.

A ceux, sensibles aux injustices sociales, qui seraient tentés de voter pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), il répond que le Parti libéral est «le parti de tous les Canadiens».

Il se présente également comme le champion de la cause environnementale pour charmer les électeurs verts, et celui de l'économie, pour ravir des votes aux conservateurs.

Enfin, pour n'oublier personne, il a interpellé devant la Chambre de commerce de Halifax les partisans du Bloc québécois.

«Je sais que beaucoup de Québécois ont envisagé voter Bloc parce qu'il fallait stopper Harper. Mais là, on peut faire mieux que cela, on peut travailler tous ensemble pour donner un Canada progressiste aux Québécois comme à tous les Canadiens», a-t-il lancé.