Québec augmentera la présence de gicleurs dans les résidences privées, mais pas immédiatement. Car il n'y a pas de solution magique, prévient Réjean Hébert. «Si c'était simple, on l'aurait déjà fait», a dit le ministre de la Santé lors de son passage à L'Isle-Verte.

«On doit déterminer quels établissements doivent être giclés, comment le faire, et comment les aider financièrement. Ce n'est pas un problème simple», a-t-il insisté.

L'hiver dernier, M. Hébert lançait à l'Assemblée nationale cette mise en garde: «Faut-il attendre qu'on ait un drame avant d'implanter des règles claires?».

«Ce sont des prémonitions douloureuses», a-t-il avoué lundi midi après une visite de la communauté ébranlée par l'incendie de la Résidence du Havre, qui a fait 10 morts et 22 disparus qu'on cherche encore sous les décombres. Le ministre a rencontré des pompiers, policiers et des intervenants psychosociaux, ainsi que des sinistrés.

L'année dernière, M. Hébert a adopté un règlement qui oblige notamment les résidences à se doter d'un plan de sécurité incendie, de murs coupe-feu et à avoir un minimum d'employés en place le soir et la nuit. Les résidences privées qui hébergent une clientèle semi-autonome doivent être dotées de gicleurs. Ce n'est pas le cas pour celles qui ont des aînés autonomes. C'est cette portion de la résidence privée de L'Isle-Verte qui a complètement flambé. Elle respectait les normes en vigueur.

Un comité du ministère de la Sécurité publique sur les résidences pour personnes âgées se penchait déjà sur les façons de resserrer encore plus les normes. Il n'a pas fini le travail. Le comité «ne s'est pas traîné les pieds», dit M. Hébert.  

Le sujet est complexe, explique-t-il. En plus de vérifier l'efficacité des gicleurs pour différentes catégories de résidence, il faut savoir comment les financer. Par exemple, l'ajout de gicleurs coûte cher mais n'augmente pas la valeur d'une résidence. Les banques hésitent donc à les financer. Québec pourrait leur offrir une aide directe, un prêt ou trouver un moyen d'augmenter la valeur des édifices. Le comité planche encore sur les recommandations. «Ça risque d'être inclus dans une éventuelle réglementation», dit le ministre.

Il prévoit aussi recevoir au plus tard demain un inventaire de la présence de gicleurs dans les CHSLD, les résidences du réseau public.

Enquête publique?

L'Association internationale des enquêteurs en incendie et l'Association des techniciens en prévention-incendie du Québec réclament une enquête publique sur la tragédie.

«C'est une hypothèse qui est actuellement examinée par mon collègue Stéphane Bergeron (ministre de la Sécurité publique), a réagi M. Hébert. Il faut attendre les premiers résultats de l'enquête policière avant de déclencher un quelconque autre processus d'enquête. Il est encore trop tôt pour prendre une décision.».

Aide psychosociale

Une équipe de 16 à 20 intervenants psychosociaux se déploie dans la municipalité pour offrir des services à la population. Une centaine des 750 maisons de L'Isle-Verte ont été visitées, indique le ministre. On a référé une quarantaine de citoyens pour obtenir davantage d'aide. Le CLSC intégré dans la Résidence du Havre a été relocalisé au presbytère du village.

«Je suis ému, bouleversé par ce qui se passe. C'est une catastrophe qui me fait revivre un peu Lac-Mégantic... Ce sont des catastrophes qu'on ne souhaite pas, qui sont extrêmement douloureuses.»