La Ville de Montréal a ouvert une enquête sur les employés nommés par l'entrepreneur Lino Zambito dans le but de faire la lumière sur leur présumée participation au cartel de la construction. Si les informations avancées devant la commission Charbonneau sont fondées, ils seront congédiés, assure Guy Hébert, directeur général de la métropole.

Lors de son témoignage, l'entrepreneur Lino Zambito a affirmé avoir eu la collaboration d'au moins six employés de la Ville de Montréal pour contourner les règles d'appels d'offres et décrocher des extras. Deux d'entre eux sont aujourd'hui à la retraite, mais les quatre autres sont toujours employés de la Ville.

L'administration municipale a confirmé avoir ouvert une enquête sur trois ingénieurs mis en cause hier par l'entrepreneur, soit Michel Paquette, Yves Themens et François Thériault. Quant au quatrième employé de la Ville de Montréal, M. Zambito ne se rappelait pas son nom, seulement qu'il était arpenteur. «Tous les noms qui sortent à la Commission, il va y avoir une enquête très serrée à leur endroit», a indiqué Jean Racicot, porte-parole de la Ville.

On doit également décider s'ils seront suspendus avant la conclusion de l'enquête.

Le témoignage de Lino Zambito devant la commission Charbonneau depuis vendredi a eu l'effet d'une bombe à la Ville de Montréal. Guy Hébert, directeur général de la Ville, a affirmé à La Presse être prêt à congédier toute personne qui aurait collaboré avec le cartel qui aurait fait main basse sur les contrats de construction de la métropole. «Si un de mes directeurs a pris part à tout ça, il va y avoir enquête et il sera congédié si les allégations sont prouvées», a-t-il assuré.

Guy Hébert souligne que les deux premiers ingénieurs nommés par M. Zambito, Luc Leclerc et Gilles Surprenant, sont aujourd'hui à la retraite et ne peuvent donc plus être congédiés.

Une liste secrète

Selon le témoignage de Lino Zambito, l'ingénieur Yves Themens, actuellement à la division de l'expertise et du soutien technique, aurait fourni la liste secrète des soumissionnaires participant à certains appels d'offres. Cette information était cruciale puisque, depuis 2005, la Ville cache le nom des entreprises intéressées par un contrat pour éviter que celles-ci ne s'entendent entre elles. L'entrepreneur a indiqué que cette décision a au départ embêté les membres du cartel, mais que la collaboration de l'ingénieur de la Ville aurait permis de passer outre à cet obstacle.

Les deux autres ingénieurs nommés hier, Michel Paquette et François Thériault, auraient quant à eux aidé les entreprises à faire autoriser des extras afin de gonfler la somme qu'elles touchaient. François Thériault aurait reçu une partie des sommes ainsi obtenues par M. Zampito.

Les trois ingénieurs encore employés de la Ville n'ont pas rappelé La Presse. C'est plutôt Jean Racicot, responsable des communications, qui nous a rappelés pour nous expliquer que les employés avaient eu pour consigne de ne pas parler aux médias. «Ils n'ont pas intérêt à faire ça», a-t-il précisé.