Pas moins de 162 réfugiés sont arrivés – ou arriveront bientôt – au Canada à partir de l’Australie, un pays riche. Originaires notamment d’Afghanistan, de Birmanie ou d’Iran, ils ont subi des horreurs aux mains des autorités australiennes. Leur crime ? Être arrivés en bateau. Devant l’intransigeance de Canberra, des Canadiens et des Australiens se sont mobilisés pour leur donner une vie décente. Notre chroniqueuse Laura-Julie Perreault a suivi le parcours de l’un de ces réfugiés, de Sydney à Toronto.

Sortir du purgatoire

PHOTO LAURA-JULIE PERREAULT, LA PRESSE

Myo Win après son arrivée au Canada

Sydney et Montréal – Jusqu’à la toute dernière seconde, Myo Win n’y croyait pas. Allait-il vraiment quitter l’Australie, où il a traversé l’enfer et voulu mourir, pour vivre au Canada ? Est-ce que son parcours à obstacles pour échapper à la violence de la junte militaire de Birmanie tirait à sa fin ? Après neuf ans ?

« Jusqu’à ce que je sois assis dans l’avion, je me disais que quelqu’un allait changer d’idée. Qu’on m’annoncerait un changement de plan à la dernière seconde comme je l’ai vécu si souvent au cours des neuf dernières années », raconte aujourd’hui le réfugié de 44 ans, arrivé au Canada le 26 avril.

PHOTO LAURA-JULIE PERREAULT, LA PRESSE

Myo Win

Dans l’avion, ce jour-là, il a regardé l’Australie disparaître avec un pincement au cœur. Il a dû dire au revoir à sa sœur, qui y vit depuis 27 ans, et à ses trois nièces. À des dizaines de personnes sympathiques rencontrées au cours des ans. Mais il a surtout laissé derrière des années de souffrance.

J’aime l’Australie et les Australiens, mais je n’aime pas les politiciens de ce pays qui torturent les réfugiés innocents avec l’argent de leurs contribuables.

Myo Win, réfugié rohingya

Il n’est pas le seul à voir les choses de la sorte. Toute une armada de sympathisants – en Australie et au Canada – a travaillé au coude-à-coude pour mettre fin à son cauchemar et à celui de 161 autres personnes, toutes reconnues comme réfugiées par l’Australie, mais privées du droit d’asile. Pour ce faire, ils ont mis à profit le programme de parrainage privé du Canada. Ils ont baptisé leurs efforts « Operation Not Forgotten », l’« opération pas oubliés ».

C’est donc ainsi que Myo Win vit maintenant en plein cœur du centre-ville de Toronto, avec une famille qui veille à son intégration, à sa guérison. Il espère maintenant faire venir sa famille – qu’il n’a pas vue depuis neuf ans – le plus rapidement possible et tourner la page australienne. Il aura cependant un œil aujourd’hui sur les élections fédérales qui ont lieu dans le pays d’Océanie. « Je ne veux pas faire un drame de ce que j’ai vécu, je veux oublier. Malheureusement, j’ai toujours les pires images dans la tête. J’ai l’impression d’avoir passé 50 ans dans une cage et d’avoir vieilli en accéléré aux mains des autorités australiennes. »

Lui qui pensait pourtant avoir tout vu dans son pays natal, la Birmanie.

Fuir les walkies-talkies

PHOTO ADAM DEAN, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Réfugiés rohingya fuyant les violences de Birmanie vers le Bangladesh en 2017

À Rangoun, en Birmanie, Myo Win a assisté au crescendo de violence qui a mené à la persécution à grande échelle de son peuple, les Rohingya, une minorité musulmane.

Tout ça a commencé par du racisme ordinaire. « Des gens refusaient de monter dans mon taxi quand ils voyaient que j’étais rohingya », raconte le réfugié, qui était aussi à la tête de plusieurs commerces.

Puis, en 2012, un déferlement sans précédent. Des arrestations arbitraires. Des maisons et des écoles religieuses brûlées.

Des moines bouddhistes se promenaient dans les rues avec des couteaux et des sabres cachés sous leur tunique à la recherche de Rohingya, se parlant au moyen de walkies-talkies.

Myo Win, réfugié rohingya

Une violence qui allait se répéter en 2017.

À l’étranger, aux Nations unies et ailleurs, des voix se sont élevées pour parler de crimes contre l’humanité, de nettoyage ethnique et possiblement de génocide contre les Rohingya. « Je n’en pouvais plus de vivre dans la peur, constamment. De monter la garde parce qu’on sait que la police et l’armée n’interviendront pas pour nous protéger », se souvient Myo Win.

Comme 70 % des Rohingya, le père de famille a voulu laisser tout ça derrière pour trouver asile ailleurs. Pour lui, mais aussi pour sa femme et ses deux enfants, âgés de 6 et 15 ans à l’époque.

Mais comment fuir ? Aller au Bangladesh était hors de question. Il savait qu’il n’y trouverait que des camps de réfugiés bondés et une vie de pauvreté abjecte.

  • Réfugiés rohingya tentant de mettre la main sur des bâches distribuées dans un camp au Bangladesh en 2017

    PHOTO TOMAS MUNITA, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

    Réfugiés rohingya tentant de mettre la main sur des bâches distribuées dans un camp au Bangladesh en 2017

  • Réfugiés rohingya entassés dans un bateau à leur arrivée au Bangladesh en 2017

    PHOTO NAVESH CHITRAKAR, ARCHIVES REUTERS

    Réfugiés rohingya entassés dans un bateau à leur arrivée au Bangladesh en 2017

  • Réfugiés rohingya fuyant la Birmanie vers le Bangladesh en 2017

    PHOTO MUNIR UZ ZAMAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

    Réfugiés rohingya fuyant la Birmanie vers le Bangladesh en 2017

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On lui a parlé de bateaux partant de l’Indonésie pour l’Australie. En 2013, il décide d’emprunter cette voie. Seul. Pendant 45 jours, dans un hôtel indonésien, il attend qu’on lui fasse signe. Il attend le départ. Il attend sa chance.

Pas tout à fait Noël

Un peu plus et c’était le naufrage. Le bateau, trop petit pour les 150 passagers, s’est mis à prendre l’eau au large de l’île Christmas. La Garde côtière australienne les a repêchés à temps. Les a débarqués sur cette île au nom festif.

Il y avait là des installations pour accueillir les demandeurs d’asile désirant se rendre en Australie. Parmi eux, de nombreux Rohingya, mais aussi des Iraniens et des Indiens. « On nous traitait très bien. Il y avait des activités, pas mal de nourriture, des installations décentes », se souvient Myo Win. Il croit alors que tout va bien se passer, mais on l’informe qu’une nouvelle politique gouvernementale australienne est entrée en vigueur le 19 juillet 2013, soit sept jours avant son arrivée.

On lui dit que parce qu’il est arrivé par bateau, il n’est plus admissible pour aller en Australie pour demander l’asile, qu’il sera détenu à Nauru, la plus petite nation insulaire du Pacifique. Un gros caillou au milieu de l’océan avec une population de 10 000 âmes.

L’enfer dans le Pacifique

PHOTO MIKE LEYRAL, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Camp de réfugiés sur l’île de Nauru, dans le Pacifique

Des réfugiés qui utilisent leurs draps pour se pendre à une clôture. Des mères de famille qui avalent du shampooing, ne sachant plus quoi faire de leur détresse. Une petite fille qui se coud les lèvres.

Les gestes de désespoir des réfugiés qui ont été gardés captifs sur l’île de Nauru sont bien connus. En 2016, le quotidien britannique The Guardian a réussi à mettre la main sur les rapports d’évènements envoyés aux autorités australiennes. On les compte par centaines.

Consultez les « Nauru Files » (en anglais)

Myo Win, lui, a vu tout ça de près. Au cours des six années où il a été détenu à Nauru, il a été témoin de la mort de 11 personnes, la plupart par suicide. Il a lui-même eu des idées noires dans cet enfer subventionné par l’État australien au coût de 40 millions par mois.

Quand je suis arrivé, je me suis dit qu’on venait de m’envoyer en enfer. Il y avait 40 personnes par tente. On avait droit à des douches de deux minutes. Il y avait de la poussière partout, il faisait super chaud. À chaque repas, on devait faire la file pendant une heure et demie. Ce qu’ils appelaient l’hôpital était pire qu’une toilette.

Myo Win, réfugié rohingya

Mais le pire, c’était d’ignorer le sort qui les attendait. L’Australie a accordé le statut de réfugié à la grande majorité des détenus de Nauru, dont Myo Win, mais a continué de leur répéter qu’ils ne pourraient jamais s’installer de manière permanente dans le pays. Jamais.

Les critiques mondiales ont fusé de partout. Human Rights Watch, Amnistie internationale et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ont tous dénoncé la pratique australienne qui va à l’encontre des traités internationaux protégeant les réfugiés, mais l’Australie a persisté et signé. Le pays se drape même dans un discours de bienveillance : ces mesures dures ont pour but d’empêcher les naufrages de réfugiés innocents et de couper l’herbe sous le pied des passeurs qui les exploitent, dit Canberra.

Ces efforts de dissuasion – déjà interdits par la Convention sur les réfugiés – se sont transformés en punition collective pour les demandeurs d’asile arrivés par bateau. Une punition qui semblait sans fin aux yeux de Myo Win et des 3127 personnes qui ont subi le même sort.

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En 2019, grâce à une décision du Parlement australien, 179 réfugiés sur l’île de Nauru ainsi que sur l’île de Manus, en Papouasie–Nouvelle-Guinée, ont été évacués vers l’Australie pour des raisons médicales.

PHOTO FOURNIE PAR LA REFUGEE ACTION COALITION

Un réfugié marche entre des tentes d’un camp aménagé
 dans l’île de Manus, en Papouasie–Nouvelle-Guinée,
 pour le gouvernement australien en 2014.

Un programme que la coalition conservatrice de Scott Morrison s’est empressée de renverser neuf mois plus tard, mais dont Myo Win a pu bénéficier. « En faisant partie de l’évacuation, je savais que j’avais une chance sur deux de me retrouver en détention en Australie. Mais j’ai quand même décidé de le faire. »

Il a finalement été relâché « dans la collectivité » et a pu rejoindre sa sœur et ses trois nièces. Plus de 70 personnes ont été détenues, soit dans des centres de détention, soit dans un hôtel du centre-ville de Melbourne, l’hôtel Park.

Un hôtel sans hospitalité

PHOTO WILLIAM WEST, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Manifestation, en janvier dernier, devant l’hôtel Park de Melbourne, où étaient détenus de nombreux réfugiés ainsi que le joueur de tennis Novak Djokovic.

Mehdi repousse ses longs cheveux bouclés pour que je puisse voir son visage. C’est tout ce que je peux apercevoir à travers les fenêtres de l’hôtel percutées par le soleil de l’été australien. Son visage et son t-shirt blanc.

Il me salue tristement. Mehdi, réfugié iranien, a passé deux ans dans cet hôtel du centre-ville de Melbourne, entouré d’un campus universitaire. Sauf qu’il y a un monde qui sépare Mehdi et les jeunes de son âge qui étudient sur les bancs de l’université.

PHOTO LAURA-JULIE PERREAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Mehdi, réfugié iranien dans sa chambre de l’hôtel Park, où il a passé deux années de sa vie.

Mehdi a passé toute son adolescence et le début de sa vie adulte en détention alors qu’il n’a commis aucun crime. On lui reproche seulement d’être arrivé par bateau.

Longtemps, c’est dans l’indifférence la plus totale que Mehdi et ses codétenus ont souffert. Puis, au début de l’année, un détenu bien particulier a séjourné à l’hôtel Park. Novak Djokovic, le champion de tennis, y a passé quelques jours avant d’être expulsé d’Australie parce qu’il n’avait pas reçu de vaccins contre la COVID-19.

PHOTO LAURA-JULIE PERREAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Manifestante devant l’hôtel Park, à Melbourne

Des militants ont saisi l’occasion pour attirer l’attention sur Mehdi et les autres. Sur les réfugiés détenus pour une période indéterminée sans aucune accusation, une grave violation des droits de la personne, selon le droit international. Tous les jours, armés de simples craies, les sympathisants ont écrit des messages de soutiens aux réfugiés qui se trouvaient dans l’hôtel-prison. Tous les jours, ils ont manifesté.

Lieke Jannsen a été l’une des plus assidues. Presque tous les jours, la mère de deux jeunes enfants, originaire des Pays-Bas, est venue sous les fenêtres de l’hôtel. Par téléphones cellulaires interposés, elle s’est liée d’amitié avec plusieurs réfugiés.

« J’étais déjà au courant de la situation avant de venir m’installer en Australie avec ma famille. C’est impossible d’ignorer ce qui se passe », m’a-t-elle dit lors de ma visite à l’hôtel Park.

PHOTO LAURA-JULIE PERREAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Lieke Jannsen

Quand les hommes détenus ont été relâchés finalement en avril, au début de la campagne électorale qui culmine aujourd’hui avec les élections fédérales, elle était là pour les accueillir. Pour les aider à apprivoiser la vie d’après. Car ni Myo Win ni tous ceux qui ont eu droit à une évacuation médicale ne reçoivent le soutien de l’État une fois libérés en Australie.

« On a été évacués pour des raisons médicales et on n’a pas accès aux traitements », dit Myo Win, pour illustrer le ridicule de la chose.

Pour survivre, ces réfugiés doivent dépendre d’organisations non gouvernementales et des rares contacts qu’ils ont en Australie. « Ils ont le droit de travailler. Mais s’ils ne travaillent pas, et beaucoup sont trop malades ou trop fragiles pour le faire, ils peuvent crever de faim », dit Lieke Jannsen, qui continue de veiller sur les réfugiés depuis leur sortie de l’hôtel. « Mes enfants sont petits, mais ils savent exactement ce que ça veut dire, la liberté », dit-elle.

La colère de la diaspora

PHOTO WILLIAM WEST, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Manifestation en juin 2020 à Melbourne pour dénoncer le traitement réservé aux réfugiés par le gouvernement australien

Professeure à l’Université de Toronto, Laura Beth Bugg, une Américano-Australienne, peut à peine croire la cruauté des autorités australiennes. « Il y a beaucoup de colère parmi les Australiens. Nous savons tous que l’Australie pourrait claquer des doigts et réinstaller ces gens qu’ils ont maintenus dans des conditions indescriptibles pendant des années, mais elle ne le fera pas. Et les deux principaux partis soutiennent cette ligne dure », se désole celle qui a obtenu son doctorat à Harvard en étudiant l’intersection entre l’immigration et la religion.

Quand elle a entendu que les États-Unis allaient prendre à leur charge plus de 1200 réfugiés envoyés à Nauru et à Manus, elle s’est demandé ce qu’elle pouvait faire à partir du Canada, où un système de parrainage privé permet de faire venir au pays des réfugiés sans que le gouvernement débourse un sou.

En 2019, avec une amie, elle a créé une organisation de la diaspora australienne, Ads Up Canada (Ads Up signifiant Australian Diaspora Steps Up), pour parrainer des réfugiés comme Myo Win. L’organisation a lancé une grande collecte de fonds en Australie, recueillant plus de 4 millions. Elle a maintenant les moyens de faire venir 162 réfugiés et leurs familles et de les soutenir financièrement pendant la première année de leur vie au Canada. De les encadrer dans leur intégration aussi. Plus de 150 personnes se sont portées volontaires. Des Australiens vivant au Canada, certes, mais surtout des Canadiens. Une organisation qui a l’habitude des parrainages privés, Mosaic, les épaule.

En décembre dernier, après deux ans d’attente, les 10 premiers réfugiés sont arrivés. Le 26 avril, c’était le tour de Myo Win. Deux mois après notre rencontre à Sydney.

Sous-traiter ses réfugiés

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Message inscrit sur un mur d’un hôtel de Melbourne où étaient détenus des réfugiés : « Cet endroit est diabolique (et le gouvernement australien tout autant) ».

Un total de 162 réfugiés au Canada ; 450 en Nouvelle-Zélande ; plus de 1200 aux États-Unis. Lentement mais sûrement, l’Australie redistribue dans le monde des individus qui ont demandé sa protection, qu’elle a reconnus comme réfugiés, mais dont elle ne veut pas.

« Ça ne sera jamais une solution de réinstaller ces réfugiés dans de tiers pays et nous avons honte que l’Australie ne prenne pas ses responsabilités, mais nous voulons faire quelque chose pour améliorer les choses pour ces gens, pour leur donner une vie normale », dit Laura Beth Bugg, d’Ads Up, reconnaissant que cette décision est à deux tranchants.

PHOTO LAURA-JULIE PERREAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Jana Favero

« C’est une bonne chose de venir en aide à des réfugiés meurtris pour leur permettre de vivre dans des tiers pays, mais c’est aussi une façon d’absoudre l’État australien de ses responsabilités », résume Jana Favero, de l’Asylum Seeker Resource Centre, rencontrée à Melbourne.

Le problème, c’est que l’Australie ne subit aucune conséquence politique ou économique sur la scène internationale pour ce qu’elle fait subir à ces réfugiés.

Laura Beth Bugg, d’Ads Up

En fait, ces jours-ci, l’approche australienne est adoptée par d’autres pays, dont le Royaume-Uni, qui vient tout juste de conclure une entente avec le Rwanda pour y envoyer les demandeurs d’asile qui arrivent sur ses rives par bateau.

La main de l’Australie se fait amplement sentir dans cette affaire. Un ancien ministre des Affaires étrangères, Alexandre Downer, apparaît dans des publicités gouvernementales pour expliquer la loi. Il utilise le même discours que Canberra. Mot pour mot. Il n’est pas question des droits des réfugiés, mais bien du combat contre les passeurs.

Regardez la vidéo avec l’ancien ministre australien (en anglais)

Ce discours, on l’entend aussi dans l’Union européenne, qui demande à des tiers pays d’intercepter les potentiels demandeurs d’asile.

Les élections de l’espoir ténu

Aujourd’hui, de sa nouvelle maison torontoise, Myo Win passera la journée à suivre les nouvelles en Australie.

Il espère apprendre que la coalition conservatrice au pouvoir, dirigée par le premier ministre Scott Morrison, sera renversée. « Je veux voir ce gouvernement délogé. Je suis contre son comportement illégal et la torture de gens innocents. Une torture qui continue pour tous ceux qui sont encore sur l’île de Nauru ou en Papouasie–Nouvelle-Guinée », se désole-t-il. « Le Parti travailliste [centre gauche] n’est pas parfait, mais il ferait sûrement mieux », croit le réfugié birman.

Au moment où l’on écrit ces lignes, 112 réfugiés arrivés par bateau en 2013 sont toujours à Nauru, 104 en Papouasie–Nouvelle-Guinée et 1280 sont en Australie avec un visa temporaire. Ceux qui sont arrivés par bateau après eux ont carrément été repoussés en mer.

Aujourd’hui, leur nombre paraît insignifiant dans un pays qui accueille en général près de 20 000 réfugiés par année, mais ne tolère que ceux qui arrivent par avion avec un visa ou à partir de camps de réfugiés. Un petit nombre qui laisse une grosse tache sur le bilan des droits de la personne d’un des pays les mieux nantis de la planète, construit sur l’immigration.