Des excuses, ce n’est pas assez, estiment la centaine de manifestants qui se sont rassemblés samedi devant le siège social d’Air Canada, à Montréal. Ils ont dénoncé l’unilinguisme du PDG de la compagnie aérienne, Michael Rousseau.

Les participants au rassemblement brandissaient des drapeaux du Québec au son des tambours, dans une ambiance festive. « Rousseau, fais de l’air ! », scandaient-ils.

Le PDG d’Air Canada avait déclaré, le 3 novembre, avoir vécu près de 14 ans à Montréal sans avoir eu à parler le français, ce qui, selon lui, est « à l’honneur de la ville ».

Ces propos prononcés à la suite de son allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) ont déclenché une polémique et suscité de vives critiques au sein de la classe politique. M. Rousseau avait prononcé un discours presque uniquement en anglais.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Manifestants rassemblés samedi après-midi devant les bureaux d’Air Canada à Montréal

« S’attaquer à la langue française, c’est comme s’attaquer à chacun d’entre nous », affirme Marie-Anne Alepin, présidente générale de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, qui a organisé l’évènement.

Mme Alepin dénonce le fait qu’Air Canada ne respecte pas son propre plan d’action linguistique. « Air Canada fait preuve d’un véritable leadership parmi les grandes entreprises canadiennes en matière de promotion du bilinguisme », peut-on lire dans le plan 2020-2023 de l’entreprise.

Consultez le plan d’action linguistique d’Air Canada

On voulait mettre de la pression sur le conseil d’administration d’Air Canada.

Marie-Anne Alepin, présidente générale de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal

La présidente générale de la Société Saint-Jean-Baptiste se demande si M. Rousseau peut être PDG d’Air Canada, s’il n’est pas en mesure de respecter la Loi sur les langues officielles. « Air Canada doit être exemplaire », dit-elle.

Michael Rousseau a présenté ses excuses à la suite de ses propos, déclarant qu’il ne voulait « d’aucune façon manquer de respect à l’égard des Québécois et des francophones de tout le pays ». Il s’est aussi engagé à « améliorer son français ».

En date du 8 novembre dernier, plus de 2000 plaintes avaient été reçues au Commissariat aux langues officielles à Ottawa concernant le discours du PDG de la compagnie aérienne.

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Manifestants rassemblés samedi après-midi devant les bureaux d’Air Canada à Montréal

« Manque de respect »

La pluie n’a pas freiné l’ardeur des manifestants samedi après-midi. « On tient à notre langue pour préserver notre culture », a dit Mathieu Houle, 18 ans, qui participait au rassemblement.

« Les Québécois, on est comme des Gaulois : on résiste », affirme pour sa part François Gaulin, un chanteur qui pratique son art dans la langue de Molière. « Je suis fier d’être québécois », dit-il.

« Quand on défend une langue, on défend toutes les langues contre l’hégémonie d’une seule », plaide un autre manifestant, Michel Gagnon. « [Les] propos [de Michael Rousseau], son comportement et son attitude sont mensongers. Ça manque de respect », renchérit sa conjointe, Sylviane Côté.

Des élus étaient présents à la manifestation, dont Alexandre Leduc, député solidaire, et Xavier Barsalou-Duval, député bloquiste.