L'Unité permanente anticorruption (UPAC) effectue, depuis ce matin, cinq perquisitions à Montréal, Longueuil et dans la région de Sherbrooke en lien avec le scandale des compteurs d'eau à Montréal. La firme de génie Groupe SM et son président fondateur Bernard Poulin sont ciblés.

L'UPAC confirme qu'une soixantaine de policiers sont impliqués dans l'opération qui vise à recueillir de la documentation pour nourrir une enquête, sans toutefois préciser de quelle enquête il s'agit. Aucune rencontre de témoins ni arrestation n'est prévue aujourd'hui, précise la porte-parole de l'UPAC, Anne-Frédérick Laurence.

Selon les informations de La Presse, la cascade de perquisitions menées depuis jeudi dernier concerne l'enquête sur les compteurs d'eau à Montréal. Cet important contrat de 355 millions attribué en 2007 à Génieau (consortium formé de Simard-Beaudry et Dessau) a été annulé deux ans plus tard parce qu'il était marqué par de nombreuses irrégularités soulevées notamment par le vérificateur général de Montréal.

Les bureaux du Groupe SM, à Montréal, Longueuil et Sherbrooke sont pris d'assaut par des policiers en quête de documents sous différentes formes. La résidence personnelle ainsi que le chalet de Bernard Poulin, fondateur du Grouope SM sont également visités par la police.

Le Groupe SM entend publier un communiqué de presse au cours des prochaines heures. Mais d'ores et déjà, le porte-parole de l'entreprise, Jean-Alexandre D'Etcheverry de la firme de relations publiques National, a exprimé l'étonnement vécu chez SM, ce matin.

M. D'Etcheverry a également précisé que, contrairement à ce que indique le site internet de l'entreprise, Bernard Poulin n'est plus le président. C'est toutefois sous la gouverne de M. Poulin, que le Groupe SM a participé au projet des compteurs d'eau.

En fait, le Groupe SM était l'un des trois soumissionnaires en 2006. L'entreprise avait formé un partenariat avec l'entrepreneur Catania. Seuls ce consortium et Génieau s'étaient qualifiés pour mettre la main sur le lucratif contrat. Cette situation découlait de la décision de la Ville de Montréal de refuser de reporter la date de dépôt des soumissions, écartant du coup le troisième candidat, soit le Groupement SNC-Lavalin/Gaz Métro Plus/Suez Environnement.

«SM a joué un rôle de nature technique. Il a collaboré à l'élaboration d'une solution avec Catania», a indiqué M. D'Etcheverry.

La semaine dernière, les bureaux de la firme de génie BPR ont été perquisitionnés. C'est BPR qui était le meneur de l'ensemble du projet au nom de Montréal. Hier, c'était au tour de l'entreprise Catania ainsi que la compagnie d'assurance Travelers Canada d'ouvrir leurs portes à l'UPAC.

Le Groupe SM a été fondé en 1972 par Bernard Poulin lorsqu'il était encore étudiant à l'Université de Sherbrooke. C'était à l'origine un laboratoire de contrôle des sols et matériaux. Le Groupe SM a connu son envol avec le développement de la Baie-James.

Bernard Poulin est un libéral notoire. Il est reconnu comme un organisateur politique ainsi qu'un collecteur de fonds. Il est également très proche du Parti conservateur.