En raison d'un problème lié à la détection de la hauteur des véhicules du système des barrières automatisées du pont de la nouvelle autoroute 30, les automobilistes transportant un vélo sur le toit de leur voiture paient un tarif 54% plus élevé. Et par souci «d'équité», on demande aux employés des guérites de continuer à facturer cette erreur.

Officiellement, il n'existe pas de frais supplémentaires pour transporter un vélo sur le pont Serge-Marcil reliant Salaberry-de-Valleyfield et Vaudreuil-Dorion. Mais la hauteur du véhicule des automobilistes qui paient par carte de crédit et qui transportent un vélo sur le toit est toutefois détectée automatiquement par un système de laser.

Ainsi, la hauteur de la voiture avec vélo dépasse la limite de 2,30 mètres. Plutôt que de payer 2,40$, le tarif habituel pour une voiture de promenade, l'automobiliste se voit donc facturer automatiquement le tarif camion (catégorie 2), qui est de 1,85$ par essieu, donc 3,70$.

Le consortium Nouvelle Autoroute 30, qui gère l'infrastructure avec le ministère des Transports du Québec, dit avoir constaté ce problème depuis l'inauguration du pont, en décembre 2012, mais plus particulièrement depuis l'été dernier.

«On est sensibles à ce problème et la question est une priorité pour nous», explique le directeur général de Nouvelle Autoroute 30, Vicente Valencia. «Mais corriger le tir est toutefois un processus complexe», plaide-t-il.

Le consortium dit devoir régler ce problème avec le ministère des Transports, avec qui il partage les revenus. Des discussions sont ainsi en cours depuis quelques mois, indique M. Valencia. «Ces discussions ont pour but de trouver une solution pour voir comment traiter de manière juste et efficiente tous les véhicules. Il faut décider si on différencie le vélo, le canot ou un porte-bagages, par exemple.»

En attendant, comme les automobilistes qui utilisent les barrières automatisées paient un tarif plus élevé, M. Valencia considère qu'il ne serait pas équitable de faire payer moins cher ceux qui passent à la guérite où se trouve un employé. Cette directive est appliquée depuis l'inauguration du tronçon, précise le directeur général.

«Aucun avertissement préalable ne fait mention de ce tarif, ni sur la route ni sur internet, on l'apprend seulement rendu à la guérite», déplore Nicolas Ouellette, un automobiliste qui transportait un vélo sur le toit de sa Corolla, le 19 juin dernier.

«Avoir su, j'aurais mis le vélo dans la voiture», ajoute-t-il.

Après qu'il eut exigé des explications et se fut obstiné, la préposée a accepté de ne pas lui faire payer le tarif camion.

«Je trouve que ce n'est pas logique de payer pour ça, il faudra que ce soit repensé ou qu'ils travaillent pour mieux l'expliquer. L'impact d'une voiture sur l'asphalte n'est pas plus important avec un vélo sur le toit», souligne M. Ouellette.

L'employée aurait dit à M. Ouellette qu'une note interne a récemment rappelé aux employés l'obligation d'appliquer ce tarif, ce que dément M. Valencia.

Solution temporaire confuse

Martin Girard, porte-parole de Transports Québec, dit à son tour «être conscient de cette problématique».

Entre-temps, il suggère aux automobilistes de passer par la guérite, afin que le préposé puisse constater de ses yeux que la voiture ne dépasse pas dans les faits la hauteur réglementaire.

M. Valencia répond plutôt que cette solution est à l'étude et n'a donc pas encore été mise en place. «Il y a des adaptations à faire à nos opérations qui ne sont pas immédiates. Le remboursement à chaque usager qui n'a pas utilisé la guérite [comporte] des difficultés techniques et opérationnelles importantes. On ira probablement dans cette direction, mais ce n'est pas encore décidé.»

En attendant, ce sont les utilisateurs qui en font les frais.

M. Girard précise que le Ministère a déjà effectué des remboursements pour les usagers qui avaient payé automatiquement le tarif camion. Il ajoute que des remboursements ont aussi été faits pour les usagers de l'autoroute 25, qui a également une grille tarifaire selon la hauteur. Transports Québec n'était pas en mesure de confirmer si des discussions étaient en cours avec le consortium de l'A25. Ce dernier n'a pas rappelé La Presse.

En France, ce même problème a été constaté avec les appareils mesurant la hauteur des voitures aux barrières automatisées. Sur l'autoroute 407 en Ontario, les tarifs par catégorie sont définis selon le poids.