Le Syndicat canadien de la fonction publique est «choqué» par les sommes «exorbitantes» que paie la Ville de Mascouche pour faire déneiger les bornes d'incendie par un entrepreneur ami du maire Marcotte, qui confie à son tour le travail à un sous-traitant. «Du gaspillage pur et simple de l'argent des contribuables», estime le syndicat, qui y voit une nouvelle preuve de la nécessité de «faire le ménage» dans le processus d'attribution des contrats municipaux et de lancer une enquête publique.  

«On avait bien vu que quelque chose clochait là-dedans, et notre syndicat local avait déjà soulevé la question. Mais là, c'est on ne peut plus clair», a commenté Claude Dubuc, président du Conseil provincial du secteur municipal (CPSM) du SCFP-FTQ. Selon lui, certains conseillers de Mascouche n'auraient jamais vu les détails de ce contrat, qu'ils ont pourtant approuvé en septembre 2007.

La Presse a révélé jeudi que Normand Trudel, de Transports et Excavation Mascouche, touche pour déneiger 617 bornes d'incendie jusqu'à 65 fois plus que ce que paient d'autres villes pour une tâche identique.

Plus absurde encore, n'ayant pas le matériel nécessaire, Normand Trudel a été obligé de sous-traiter le travail à Déneigement FM. François Bélanger, le propriétaire de cette firme, a refusé de dire combien lui verse Normand Trudel. Mais selon nos sources, il empocherait environ 300$ par borne, soit presque 45% des 401 500$ que facture annuellement Normand Trudel pour cette partie du contrat, qui avoisine désormais les 2,8 millions de dollars, indiquent des documents obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Un million sans rien faire?

L'avocat Stéphane Handfield, candidat aux dernières élections, dénonce un système «semblable à celui des commandites» à Mascouche. «Faute d'opposition, ils ont pu faire ce qu'ils voulaient et se sont graissé la patte pendant des années», dit-il. Il parle d'incohérence et de gaspillage lui aussi: «Normand Trudel empoche presque 215 000$ par an, soit près de 1 million au terme de son contrat, rien qu'en restant assis sur ses fesses. Pourquoi la Ville ne fait-elle pas d'appel d'offres pour ce travail? Si un entrepreneur comme FM est capable de le faire pour moitié moins cher que Transports et Excavation Mascouche, les économies seraient substantielles même si la Ville s'obstine à ne pas confier ça à ses cols bleus.»

M. Handfield dit que, lorsqu'il a questionné le maire Marcotte à ce sujet, il lui a répliqué que les cols bleus ne disposaient pas des moyens matériels pour s'acquitter de cette tâche. «Mais Normand Trudel non plus», signale M. Handfield.

«Nous ne sommes pas en guerre contre Normand Trudel, mais les sommes dépensées avant 2007 en heures supplémentaires lorsque les cols bleus déneigeaient les bornes d'incendie étaient incomparables aux sommes versés en ce moment au privé», fait remarquer Michel Graton, conseiller syndical SCFP, qui représente les cols bleus de Mascouche.

Le maire Richard Marcotte, expulsé de son parti et pressé de démissionner, a choisi de se retirer temporairement de son poste le 8 novembre. Il ne s'est pas présenté lundi dernier à la réunion préparatoire du prochain conseil, prévue pour le 17 janvier prochain, où il est attendu de pied ferme. Richard Marcotte a déjà annoncé qu'il serait de retour dans son fauteuil de maire ce jour-là.

Malgré notre requête, il n'a pas été possible de parler à la directrice générale par intérim de Mascouche.