Ce qui s'annonçait a priori comme un sérieux mal de dos s'est transformé en véritable cauchemar financier pour un résidant de Roxton Pond.

Le 30 novembre dernier, André Proulx est hospitalisé pour deux hernies discales, au milieu et au bas du dos. Cela faisait déjà plusieurs années que ce travailleur de la construction âgé de 46 ans composait avec des douleurs du genre. Mais cette fois, la situation était devenue insoutenable, si bien qu'il a été conduit en ambulance depuis son domicile jusqu'au Centre hospitalier de Granby, où il séjournera une semaine.

Là-bas, le personnel médical est catégorique: arrêt de travail jusqu'à nouvel ordre, sans quoi une chirurgie sera nécessaire. Une employée du CLSC passe d'abord régulièrement chez lui afin de l'aider à retrouver des activités normales (comme la marche, par exemple) mais, rapidement, il est laissé à lui même avec en main un cocktail de médicaments et d'anti-douleurs de toutes sortes, en attendant qu'une place se libère en physiothérapie.

Temporairement inapte, M. Proulx évalue alors ses possibilités pour obtenir des revenus d'appoint. C'est à ce moment que son univers bascule complètement.

D'entrée de jeu non admissible au régime d'assurance-emploi étant donné qu'il n'a pas travaillé le minimum requis de 600 heures au cours des 15 dernières semaines (il lui manque 69 heures), il se fait par la suite claquer la porte au nez du côté de l'assurance médicale pour laquelle les travailleurs de la construction comme lui fournissent une cotisation, puis du côté du bureau de l'aide sociale.

D'une part, on ne consent qu'à lui rembourser une partie de ses dépenses liées à l'achat de médicaments et, de l'autre, on lui indique que sa conjointe Lise gagne trop cher pour que le couple puisse bénéficier d'une prestation d'aide sociale. La principale concernée soutient quant à elle n'engranger que quelque 250 à 300 dollars bruts par semaine à titre de couturière contractuelle. Un montant qui suffit à peine à assumer le loyer et l'épicerie.

"Ce n'est pas bien compliqué: je n'ai absolument aucun revenu depuis le 1er décembre", laisse tomber André Proulx.

Talon d'Achille

Son talon d'Achille dans la recherche de solution réside dans le fait que le diagnostic qui lui a été posé ne faisait pas suite à un accident de travail à proprement parler. Pas question, donc, de profiter de prestations de la CSST, pas plus que de l'assurance médicale pour laquelle on retranche pourtant une soixantaine de dollars de son salaire chaque semaine depuis des années.

"On me dit que ce serait pas mal plus facile de traiter mon dossier si j'étais sur la CSST, mais que comme j'étais chez moi avant d'être hospitalisé, on ne peut rien pour moi, déplore M. Proulx. Tout serait différent si c'était arrivé le lendemain matin au travail."

Manque de ressources

Les avenues, André Proulx commence à les trouver bien minces. Des spécialistes lui ont certes recommandé de changer de métier, mais à l'heure actuelle, il est toujours incapable de passer plusieurs heures dans la même position, que ce soit assis, debout ou même couché.

Pour qu'il puisse profiter de l'aide sociale, il faudrait que sa conjointe quitte son emploi, une éventualité à laquelle le couple se refuse. Mais pendant que l'incertitude grandit, les factures, elles, continuent d'affluer.

"Ça fait des années que je consomme des Motrin et des Advil comme si c'était des Smarties à cause de mes maux de dos, alors je connais la douleur et je ne demande pas la charité, résume M. Proulx. Je n'ai pas choisi d'être malade; j'aimerais bien mieux aller gagner ma vie. Mon propriétaire ne me gardera toujours bien pas pour mes beaux yeux! J'aimerais ça trouver des portes de sortie, mais je n'en vois pas."

"Ce qui m'insulte le plus, c'est qu'un gars peut se faire une égratignure à un genou sur son milieu de travail et profiter d'une pension à vie. Moi, tout ce que je veux, c'est un peu de temps pour me remettre sur le piton."