Bien qu'il s'engage à être un allié de premier plan pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean, Yves Bolduc n'entend pas prendre la place des députés de sa région d'origine.

"Je ne jouerai pas le rôle du député, confie-t-il. Je m'attends à ce que les représentants de la région fassent leur travail."

Le ministre de la Santé et des Services sociaux était en compagnie des représentants du journal Le Quotidien hier après-midi, dans le cadre d'une rencontre éditoriale.

Se disant de nature collaboratrice, le nouveau responsable du Saguenay-Lac-Saint-Jean au sein du gouvernement affirme n'entretenir aucune rancune à l'égard de qui que ce soit, y compris celui qui lui a fait mordre la poussière lors des dernières élections provinciales, le député péquiste Alexandre Cloutier. D'ailleurs, il avoue avoir discuté brièvement avec le député de Lac-Saint-Jean.

"Normalement, je devrais rencontrer les cinq députés de la région au cours des prochaines semaines", précise-t-il.

D'ici là, Yves Bolduc devrait également être en mesure de dévoiler l'identité de la personne qui le représentera au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le futur attaché politique du ministre Bolduc aura pour tâche de faire le lien entre son cabinet et les intervenants sociopolitiques de la région.

"Il n'y aura pas de bureau proprement dit, puisque je ne suis pas député du comté, mais je vais m'arranger pour que la personne choisie soit installée ici en permanence", indique-t-il.

Adaptation facile

S'exprimant avec calme et confiance, le médecin de profession avoue s'être facilement adapté à ses nouvelles fonctions. Tout semble couler sur lui comme de l'eau sur le dos d'un canard. Par exemple, en rapport au budget de 24 milliards $ qu'il doit désormais gérer, il compare sa situation à celle "d'une bonne mère de famille".

Sans complexe, il applique cet exemple à l'épineux dossier CHUM, avec lequel il a dû composer dès son entrée en poste.

"Lorsque j'étais consultant pour le gouvernement, les gens de Montréal me voyaient différemment. Aujourd'hui, ce n'est plus le petit gars du Lac qu'ils ont devant eux, mais le ministre de la Santé et des Services sociaux. J'ai dit aux responsables du CHUM qu'ils auront tout mon appui. Il devront cependant faire en sorte que ça marche comme il faut", exprime-t-il.

Jamais le Dr Bolduc n'a hésité un seul instant lorsque le premier ministre Jean Charest lui a fait connaître ses intentions. En fait, pour reprendre ses termes exacts, le réflexion n'a duré qu'une seconde.

"Cela s'inscrit dans la continuité de ce que je faisais jusqu'à maintenant, soutient-il. C'est exigent, mais ce n'est pas plus difficile."

Bourreau de travail reconnu, le ministre de la Santé a d'ailleurs tenté d'obtenir le droit de pratiquer son métier au cours de son mandat. Ses efforts ont toutefois été vains.

"Je voulais faire de l'urgence un soir par semaine, le samedi par exemple puisque je suis en congé, mais ils m'ont dit non. Jusqu'ici, c'est le seul point négatif de mon expérience au gouvernement."

Rappelons qu'en plus d'occuper les fonctions de directeur des services professionnels au CSSS de Lac-Saint-Jean-Est, Yves Bolduc était coroner de son secteur, médecin de famille, omnipraticien. Il siégeait par ailleurs à titre de directeur général par intérim à l'Hôpital de Val-d'Or ainsi que sur le conseil canadien d'agrément, entre autres activités parallèles.

"Tout est une question d'organisation", répète-t-il.

Continuité

Le ministre Yves Bolduc entretient une admiration indéfectible à l'endroit de son prédécesseur, le neurochirurgien Philippe Couillard.

À plusieurs reprises au cours de l'entretien, il applaudit le travail effectué par ce dernier au cours des dernières années. Humblement, il admet que ses débuts en politique seront facilités par les décisions prises par l'ancien ministre Couillard.

"Je récolte ce qu'il a semé, illustre-t-il. Selon moi, c'est d'ailleurs ainsi que se démarque un bon ministre: il améliore le plus possible le présent, tout en préparant le futur."

Le nouveau titulaire de la Santé et des Services sociaux sait très bien que la lune de miel ne durera pas. Il s'attend à devenir la cible d'éventuels détracteurs, compte tenu de sa position.

"Je le redis, je ne suis pas une personne rancunière. Je vois les critiques comme des défis à relever. Également, lorsqu'on veut agir en visionnaire, il faut accepter d'être confronté. Quand tu décides de tourner à gauche, il faut toujours t'attendre à ce que quelqu'un, quelque part, te dise que tu aurais dû tourner à droite", laisse-t-il tomber avec philosophie.