Au coeur du Plateau-Mont-Royal vit un curieux personnage. Des objets insolites ornent les murs et les étagères de son appartement. Il collectionne les pièces qui proviennent de cimetières et il aime se faire appeler Tapholov.

Habillé de noir, il désigne une sculpture en fer forgé rouillé. «J'ai ramené cette pierre tombale de Buffalo aux États-Unis. L'homme qui était enterré en dessous est mort le 31 octobre 1874», dit-il en riant.

Non loin se trouve une croix de fer provenant de Boston. Un peu partout sur les murs, des dessins au fusain de pierres tombales sont exposés. Sur une étagère, un ramassis d'objets prend la poussière: une poignée de cercueil, deux crânes d'écureuils, des croix en pierre et une patte d'urne en bronze.

Tous les matins, celui qui se passionne pour la mort traverse le cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Il ramasse les objets funéraires «tombés» des sépultures. «Lorsque des gens sont inhumés, il y a toujours des tas de terre près des fosses. Je les fouille et je trouve toutes sortes de trésors.»

Le lugubre personnage achète aussi des objets sur l'internet. «J'ai acheté sur eBay deux plaques funéraires en bronze plaqué. L'une d'elles date de 1884», dit-il avec fierté.

Voyages macabres

Lorsqu'il voyage, Tapholov visite systématiquement tous les cimetières qu'il croise. «Il y a une histoire derrière chaque pièce que je trouve. J'en possède qui viennent de France, d'Égypte, d'Italie, de Thaïlande, des États-Unis et du Canada.»

Il ne croit pas que ses objets soient des oeuvres d'art. «Lorsqu'ils étaient sur la pierre tombale, ils faisaient partie d'un tout plus élaboré, d'une grande oeuvre. Quand je prends une pièce, le reste du monument reste en place pour ne pas tomber dans l'oubli. Si j'ai besoin d'un camion pour ramasser une pièce, il y a un problème.»

Tapholov ne considère pas qu'il vandalise les cimetières. «Je n'arrache rien des sépultures. Ce sont des lieux qui sont victimes des conditions atmosphériques. Ces choses sont à l'abandon. Dans le fond, je suis un ramasseux de poubelles!»