Un avocat d'Omar Khadr, ce Canadien soupçonné de terrorisme et détenu à Guantanamo, a déclaré lundi avoir déposé trois motions en vue de faire rejeter les accusations de crimes de guerre portées contre son client. Il soutient que le gouvernement américain a exercé une influence indue sur les commissions militaires et compromis l'intégrité du processus juridique.

Selon cet avocat militaire, William Kuebler, les procureurs du Pentagone ont nui au processus de divulgation de la preuve en incitant des interrogateurs de la prison de Guantanamo à détruire des notes écrites de leurs séances, pour le cas où ils seraient appelés à témoigner au sujet de mauvais traitements potentiels des détenus. Ils auraient ainsi délibérément compromis des preuves susceptibles de contribuer à la défense de son client.

Dans un courriel à des journalistes, l'avocat a aussi mis en cause le conseiller juridique des commissions militaires. Selon lui, le brigadier-général Thomas Hartmann se serait abusivement immiscé dans d'autres causes.

En mai, un juge militaire a interdit au brigadier-général de participer à la cause contre Salim Hamdan, qui subissait son procès pour crimes de guerre lundi, parce que le militaire s'était aligné trop étroitement sur la poursuite. L'avocat Kuebler a signalé que cette motion était largement basée sur le témoignage du colonel Morris Davis, l'ancien procureur militaire en chef à Guantanamo, qui a démissionné en octobre dans la foulée de désaccords avec ses supérieurs au Pentagone.

La dernière motion met en cause l'intégrité du processus des commissions militaires après que le Pentagone eut écarté un juge, le colonel Peter Brownback, plus tôt cette année. Selon l'équipe de défense de Khadr, le juge résistait auix pressions pour fixer une date pour le procès et avait donné raison à Khadr dans un conflit sur l'accès à des preuves potentielles, ce qui rend son remplacement au mois de mai suspect.

Le Pentagone a affirmé que le juge Brownback a été remplacé parce que ses ordres de service venaient à échéance.

Un représentant du bureau du Pentagone supervisant le tribunal a indiqué qu'il serait inapproprié de commenter les motions présentées par la défense, parce qu'elles sont en instance devant le tribunal.

Omar Khadr, âgé de 21 ans, est accusé d'avoir lancé la grenade qui a tué un soldat américain en juillet 2002 à un camp d'al-Qaïda en Afghanistan. Il est passible de l'emprisonnement à vie. Son procès doit avoir lieu en octobre.

Son cas a attiré l'attention le mois dernier quand ses défenseurs ont rendu publique une vidéo montrant le détenu interrogé par des représentants canadiens à la prison américaine en 2003, alors qu'il avait 16 ans.