Spécialiste du clonage de cartes, Gheorghita Iancu a choisi, après avoir séché près de deux années en détention préventive, de finalement régler ses dossiers avec la justice.

Spécialiste du clonage de cartes, Gheorghita Iancu a choisi, après avoir séché près de deux années en détention préventive, de finalement régler ses dossiers avec la justice.

L'individu de 31 ans originaire de la Roumanie, a donc écopé hier, de trois mois de détention de plus à la suite des plaidoyers de culpabilité enregistrés à une dizaine d'accusations relatives à des fraudes perpétrées à partir de cartes de débit clonées.

Fait cocasse, l'une des personnes dont la carte a été clonée est un juge de la Cour du Québec à Gatineau, devant qui l'accusé avait été appelé à faire une courte présence en janvier 2007 pour une simple remise de sa cause.

La juge en question avait été soulagée de quelques centaines de dollars après que l'accusé et ses deux complices eurent réussi à cloner sa carte, ce qui leur avait permis d'effectuer un retrait dans un guichet automatique.

Le stratagème utilisé par Iancu et ses deux complices nécessitait une certaine dextérité. À titre d'exemple - et le scénario s'est répété dans plusieurs commerces -, les fraudeurs se sont rendus, en décembre 2006, au magasin Bureau en Gros quelques minutes avant la fermeture : pendant que deux d'entre eux distrayaient la caissière, le troisième subtilisait le lecteur optique et le remplaçait par un autre, de fabrication maison. Pendant la nuit, les données contenues dans la mémoire du lecteur original étaient traitées et gravées sur d'autres cartes avec lesquelles étaient effectués les retraits.

Dans le cas du magasin Bureau en Gros, Iancu et ses complices ont été interceptés au moment où, le matin suivant, ils se sont présentés dès l'ouverture des portes du magasin pour faire l'opération inverse, c'est-à-dire remettre le bon lecteur à sa place et repartir avec le faux.

Au total, les enquêteurs ont été en mesure de retracer une dizaine d'opérations du genre, dans au moins deux autres commerces, un Pharmaprix et un SuperC dont les bandes vidéos montrent clairement la méthode utilisée par les fraudeurs.

Ni le procureur de la Couronne, Me Sylvain Petitclerc, ni l'avocat de l'accusé, Me Pierre Cécile, n'ont été en mesure de préciser le montant total des fraudes, les différentes institutions bancaires n'ayant pas été en mesure de fournir ces données.

La peine globale imposée à Gheorghita Iancu s'élève à 27 mois de prison, auxquels il faut soustraire le temps préventif, calculé en double et crédité à l'accusé.

Une fois que l'accusé de 31 ans aura été libéré du système carcéral de la province, son pays d'origine semble être intéressé à lui mettre la main au collet afin de lui poser quelques questions relatives à une série de crimes reliés à des évasions fiscales. Gheorghita Iancu fait d'ailleurs l'objet d'un mandat d'arrestation international émis par Interpol.