Un prédateur sexuel qui a terrorisé sa famille pendant une dizaine d'années a finalement reconnu sa culpabilité hier, après 10 mois de détention préventive. À l'origine des accusations, il avait bénéficié d'une mise en liberté en attente de procès, mais en septembre 2007 il avait été surpris deux fois en présence de mineurs pendant qu'il était sous l'effet de l'alcool, ce que lui avait formellement interdit par le tribunal.

Hier, tout bien réfléchi, il a reconnu avoir été incestueux avec sa fille entre l'âge de 4 à 11 ans, incité l'amie de celle-ci à des contacts sexuels, agressé sexuellement sa nièce, battu ses deux fils et une ex-conjointe.

La plupart des événements ont eu lieu entre 1996 et 2006 alors qu'il était fortement intoxiqué par l'alcool.

Hier, la représentante de la direction des poursuites pénales et criminelles, Me Nicole Ouellet, a demandé et obtenu de la part de la juge Micheline Paradis de la Cour du Québec une ordonnance d'évaluation psychiatrique du prédateur en vue de déterminer s'il doit être déclaré délinquant dangereux ou délinquant à contrôler. L'ordonnance de la juge prévoit un examen de 60 jours à l'Institut Philippe-Pinel, seul établissement certifié pour ce genre d'évaluation au Québec.

Une telle demande présuppose que la Couronne plaidera en faveur d'un séjour dans un pénitencier fédéral. Le statut de délinquant à contrôler prévoit une incarcération à durée indéterminée sans possibilité de réexamen avant sept ans; par la suite, un examen biennal est fait afin de décider de la longueur de l'incarcération. Celui de délinquant à contrôler prévoit un séjour fixe au pénitencier suivi d'une période d'encadrement strict au cours d'une période de cinq à 10 ans après la remise en liberté.

Les gestes

Le prédateur profitait de ses droits d'accès pour abuser sexuellement de sa fille de qui il réclamait le silence. Le crime d'inceste nécessite la preuve d'une pénétration vaginale dite au moindre degré. La Couronne était en mesure de faire cette preuve hors de tout doute raisonnable grâce au témoignage de l'enfant enregistré par les enquêteurs et un rapport médical attestant de la perforation de l'hymen avant l'âge prépubère.

Hier, le détenu au visage ravagé par l'alcoolisme a plaidé coupable à chaque chef sur le conseil de son avocat, Me Jean-Claude Ouellet. Celui-ci, après avoir consulté son client, ne s'est pas opposé à l'examen par un expert de l'Institut Pinel et reviendra devant la juge Paradis cet automne pour prendre connaissance de ses conclusions. À ce moment, il décidera si un rapport présentenciel additionnel est toujours nécessaire.

Le père inceste a plusieurs antécédents judiciaires, mais aucun de nature sexuelle qui aurait permis de soupçonner ses pratiques condamnables. L'enquête a débuté par un signalement en milieu scolaire qui a été référé à la police et à la Direction de la protection de la jeunesse. La garde de tous les enfants a été retirée au prédateur.