Des modifications apportées par le gouvernement Harper au programme de Supplément de revenu garanti (SRG) ont été critiquées de toutes parts, hier.

Le député du Bloc québécois Raymond Gravel a d'abord qualifié d'indécentes, d'hypocrites et de mesquines les mesures annoncées par le gouvernement fédéral pour venir en aide aux aînés. De son côté, l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) a déploré le manque d'efforts du gouvernement pour venir en aide aux personnes âgées admissibles au programme, mais qui n'en bénéficient pas.

Le ministre du Développement économique des régions du Québec, Jean-Pierre Blackburn, rencontrait des groupes de l'âge d'or dans la région de Saguenay pour leur faire part de ces mesures entrées en vigueur le 1er juillet, mais qui sont largement passées inaperçues. Rappelons que le SRG assure un revenu additionnel aux Canadiens à faible revenu de 65 ans et plus. Les modifications permettent aux aînés admissibles d'augmenter leurs revenus de 3000$ sans que leurs prestations gouvernementales ne soient affectées. Concrètement, le seuil d'exemption passe ainsi de 500$ à 3500$. Dans le meilleur des cas, un prestataire économiserait donc 1500$ en paiements fédéraux - sans compter les 3500$ gagnés ailleurs.

Le gouvernement évalue que 100 000 Canadiens, dont 30 307 Québécois, seront touchés par ces changements.

Selon le Bloc québécois, quelque 500 000 personnes recevraient une aide du SRG au Québec. Aux yeux du porte-parole bloquiste dans le dossier, le député Raymond Gravel, les conservateurs ratent la cible. «Le ministre Blackburn dit qu'il rejoint 30 000 personnes. Qu'est-ce qu'on fait des 500 000 autres?»

«Les personnes âgées qui sont touchées, ce sont les personnes qui sont en santé et qui sont capables de travailler, a souligné le député de Repentigny. Mais qui sont les personnes âgées qui peuvent travailler? Ce sont les mieux portantes Ce ne sont pas les malades, ce ne sont pas les personnes affaiblies, ce ne sont pas celles qui ont une santé précaire»

Le Bloc a présenté un projet de loi pour que le gouvernement augmente de 110$ par mois les prestations, qu'il inclue automatiquement dans le programme tous les aînés admissibles à partir de leur déclaration de revenus et qu'il compense de manière rétroactive les personnes qui, par ignorance ou incapacité à remplir les formulaires, ne reçoivent pas les compensations auxquelles elles ont droit.

En octobre dernier, Radio-Canada a en effet révélé que 135 000 aînés admissibles au SRG n'en bénéficiaient pas. Le Bloc croit que ce nombre s'élève à 40 000 au Québec.

Selon le ministre Jean-Pierre Blackburn, les nouvelles mesures permettront de régler une partie du problème, puisque les aînés n'auront qu'un formulaire à remplir, celui de la pension de vieillesse.

En ce qui concerne la hausse des prestations et les compensations rétroactives, le député de Jonquière appelle au réalisme. «Le Bloc québécois, c'est toujours cette facilité de dire: on devrait donner davantage, a répliqué le ministre Blackburn. Mais nous devons gérer avec l'argent que nous avons. Pour vous donner une idée, la sécurité de vieillesse au Canada s'élève à 30 milliards par année C'est un fleuron que nous avons comme pays d'offrir tout cela à nos citoyens.» Ces modifications, dit-il, «sont une nouvelle démonstration de la sensibilité de notre gouvernement, et dès que c'est possible de le faire, on ajoute des revenus additionnels dans les poches de nos citoyens».

L'AQDR, quant à elle, a indiqué que «cette majoration annoncée du montant d'exemption qui vient gruger ce revenu n'empêchera pas ces aînés de demeurer dans un état de pauvreté avec un revenu de 1144$ par mois».