L'idée de voir apparaître la feuille d'érable sur le nouveau «permis de conduire plus» du Québec commence à susciter la grogne chez certains organismes voués à la défense de la culture québécoise et de la langue française.

Hier, le mouvement Impératif français et la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) ont rejeté ce projet visant à permettre aux automobilistes québécois d'entrer aux États-Unis sans passeport, comme cela deviendra obligatoire à compter du 1er juin 2009.

Québec n'a pas encore pris de décision dans ce dossier qui fait aussi son chemin dans d'autres provinces. Ainsi, la Colombie-Britannique a amorcé un projet pilote en ce sens.

Le président du regroupement Impératif français, Jean-Paul Perreault, estime que le gouvernement du Québec ne doit pas prendre une telle tangente. «La feuille d'érable n'a pas à apparaître sur les permis de conduire, dit-il. Il ne s'agit pas uniquement d'une question identitaire. Il s'agit ici d'une juridiction exclusive du gouvernement du Québec. Est-ce que Postes Canada utilise la fleur de lys sur ses bureaux, au Québec? Non.»

À la SSJB, le premier vice-président Mario Beaulieu voit là un «empiétement du fédéral» dans une institution québécoise. Il s'inquiète des effets secondaires que pourrait avoir une telle association des institutions fédérale et provinciales sur le même document. «Est-ce que cela signifie que le permis de conduire deviendra bilingue, comme le veut la politique fédérale?» questionne-t-il.

Le nouveau «permis de conduire plus», qui ne sera pas obligatoire, est une pièce d'identité permettant aux voyageurs canadiens de se rendre aux États-Unis sans passeport. Dans la foulée des événements du 11 septembre 2001, les États-Unis ont resserré les mesures d'entrée sur leur territoire. À compter du 1er juin 2009, il faudra être muni d'un passeport pour y entrer par les voies terrestres et maritimes.

Décision de Québec

Or, au pays, plusieurs provinces ont des échanges avec l'Agence canadienne des services frontaliers, interlocuteur du gouvernement américain, afin d'élaborer ce document. Celui-ci sera muni d'une carte à puce électronique dans laquelle seront inscrits des renseignements de base sur la personne. La feuille d'érable identifierait les citoyens canadiens.

Pourquoi la feuille d'érable? «Le Department of Homeland Security (ministère de la Sécurité intérieure) souhaite un symbole uniformisé pour l'identification des citoyens d'un pays, ce qui faciliterait le travail des douaniers», répond Sylvie Boulanger, directrice du développement des permis, immatriculation et harmonisation à la Société de l'assurance automobile du Québec.

Elle ajoute que la décision de mettre ou non une feuille d'érable reviendra au secrétariat des Affaires intergouvenementales du Québec.

Cette décision sera prise au cours des prochaines semaines. Le permis, qui devrait coûter une trentaine de dollars de plus que sa version «ordinaire», sera disponible à compter de la fin de l'année. Mme Boulanger s'attend à ce qu'environ 10% des 4,9 millions de détenteurs souhaiteront l'acquérir.

Le Mouvement national des Québécois n'a pas voulu réagir à cette histoire. Au Parti québécois, on dit préférer attendre une décision du gouvernement avant de faire des commentaires.