Plutôt que de blâmer les Québécois pour le lourd bilan routier, le premier ministre Jean Charest doit déployer plus de policiers sur les routes, a estimé lundi l'Action démocratique.

La députée adéquiste Sylvie Roy juge que le premier ministre Charest a raté complètement la cible dimanche en attribuant à un «problème de culture» le nombre élevé d'accidents mortels survenus sur les routes du Québec ces dernières semaines.

Les 31 décès répertoriés pendant les deux semaines des vacances de la construction ne sont pas la conséquence de la négligence des conducteurs mais plutôt du manque de surveillance policière, a soutenu la députée Roy, porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique.

«M. Charest pense que les Québécois ont un problème culturel, qu'ils sont des chauffards. Mais les statistiques sur la vitesse excessive ou l'alcool dans les autres provinces sont comparables. Ce n'est donc pas les Québécois le problème. Il faut plus de policiers, pas plus de publicité», a-t-elle affirmé lors d'un entretien téléphonique.

De l'avis de Mme Roy, les grandes artères font l'objet d'une surveillance policière adéquate. C'est sur les routes secondaires que le bât blesse.

«Je fais 70 000 kilomètres par année dans mon comté et je ne rencontre pas souvent de policiers», a dit la députée de Lotbinière.

Malgré les campagnes de publicité choc commandées à grands frais par le gouvernement, le nombre de décès sur les routes pendant les deux semaines de la construction a fait un bond de près de 60 pour cent en 2008, comparativement à l'année précédente (18). Il faut remonter à 2002, avec 35 morts, pour trouver un bilan plus désastreux que celui de l'année en cours.

L'opposition adéquiste est convaincue que les cinémomètres, qui seront dissimulés ça et là à compter de l'automne pour prendre au piège les automobilistes, ne sont pas la voie à suivre.

Alors que la présence policière a un impact réel sur le comportement des automobilistes, les photoradars visent simplement «à faire entrer plus d'argent dans les coffres du gouvernement», analyse Mme Roy.

Plus tôt dans la journée, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, a affirmé que le gouvernement examinait «toutes les avenues possibles» pour accroître la sécurité sur les routes.

«Il faut très certainement examiner toutes les avenues qui permettent que les gens prennent conscience de la nécessité de ralentir sur les routes», a-t-il dit sans élaborer davantage.

Certaines mesures ont déjà été prises pour inciter les automobilistes à lever le pied, a rappelé le ministre Dupuis, faisant allusion aux campagnes de sensibilisation diffusées en boucle dans les médias et au nombre accru d'opérations policières ponctuelles.