Le Canada n'a pas à craindre un refroidissement de ses relations avec son voisin américain s'il décide de rapatrier un Canadien qui a déjà été considéré comme un membre d'al-Qaïda, et dont le nom figure sur la liste d'exclusion aérienne des Etats-Unis, laisse entendre l'ambassadeur américain, David Wilkins.

En entrevue à La Presse Canadienne, l'ambassadeur a semblé indiquer que le rapatriement de tout individu déjà considéré comme dangereux par les Américains ne serait pas perçu comme un affront. «Le Canada et les Etats-Unis ont une très bonne relation (...) ce sont deux pays souverains, qui doivent respecter leurs règles et procédures mutuelles», a dit le diplomate. «Parfois ils diffèrent d'opinion, mais nous sommes toujours respectueux l'un de l'autre.» A son avis, cette relation respectueuse se poursuivrait, «quel que soit le scénario».

Mais il n'a pas voulu aborder spécifiquement le cas d'Abousfian Abdelrazik, qui se trouve actuellement au Soudan et est incapable de rentrer au Canada parce qu'il figure sur une liste de terroristes du Conseil de sécurité des Nations unies.

Abdelrazik a été détenu au Soudan en 2003, parce qu'on le soupçonnait de se livrer à des activités islamistes extrémistes. Il a ensuite été libéré parce que les enquêteurs soudanais n'ont trouvé aucune preuve d'activité criminelle.

Son passeport est aujourd'hui expiré, et il ne peut le renouveler sans avoir un billet d'avion, chose qu'il ne peut obtenir tant que son nom figure sur la liste

internationale d'interdiction de vol.

Il vit actuellement dans le hall de l'ambassade canadienne à Khartoum. Les autorités canadiennes ont jusqu'à présent refusé de lui émettre des documents de voyage.

La semaine dernière, le quotidien The Globe and Mail citait des documents classés secrets selon lesquels des responsables des services de renseignement canadiens avaient conseillé à Ottawa de ne pas rapatrier Abdelrazik pour ne pas irriter l'administration de George W. Bush.

M. Wilkins a dit qu'il n'est pas certain que la situation d'Abdelrazik nuirait aux relations canado-américaines, parce que le Canada n'a pas encore tenté de le rapatrier.