C’est le chandail parfait. Long, très chaud, tout en étant relativement léger et peu volumineux. Aucun chandail de laine ou de fibre synthétique ne peut le remplacer. Léger problème, il a plus de 75 ans. C’était un chandail que le paternel portait alors qu’il était scout, au milieu des années 1940.

Le vêtement est usé, tout troué. Au début, il a été possible de colmater les plus gros trous avec des appliqués, mais les trous ne cessent de se multiplier. Il faudra un jour se résoudre à mettre le fameux chandail à la retraite. Mais pas tout de suite.

Les amateurs de plein air ont parfois de la difficulté à se séparer d’une vieille pièce de vêtement ou d’équipement. Et ce n’est pas uniquement pour des raisons sentimentales.

Les « skis de roches »

Certaines activités sont particulièrement dures pour les vêtements et l’équipement. C’est ainsi que des skieurs conservent une vieille paire de skis pour effectuer les premières sorties de la saison, les fameux « skis de roches ». Ces skieurs n’ont aucune envie d’endommager la semelle de leurs beaux skis tout neufs sur des pistes à peine carrossables.

Les grimpeurs de glace ont également tendance à laisser leurs beaux pantalons de Gore-Tex chers et leur chic doudoune à la maison : un coup de crampons ou de piolets est si vite arrivé. Ils portent donc de vieux vêtements qu’ils réparent fréquemment à grands coups de ruban adhésif. Ce n’est pas très élégant, mais ça fait le travail.

Jean-François Gauthier suit une stratégie un peu différente : il ose porter ses coûteux pantalons de Gore-Tex lorsqu’il attaque des cascades de glace, mais il porte de vieilles guêtres par-dessus.

« Les guêtres à 30 $ de 1998 protègent mon pantalon en Gore-Tex à 350 $ d’un coup de crampons mal placé ! », s’exclame-t-il.

Souvent, les amateurs de plein air vont conserver une pièce de vêtement ou d’équipement en particulier parce qu’ils n’arrivent pas à trouver l’équivalent en magasin. C’est le cas de Mathieu Durand, qui a gravi plusieurs sommets, du Kilimandjaro au massif Vinson, en Antarctique, en passant par le Denali et l’Aconcagua.

PHOTO FOURNIE PAR MATHIEU DURAND

Un vieux pantalon The North Face accompagne Mathieu Durand dans toutes ses aventures, y compris à un camp de base en Antarctique.

J’ai un pantalon de montagne The North Face de très bonne qualité. Il est plein de trous, patché, réparé, mais je n’ai jamais rien trouvé d’équivalent.

Mathieu Durand

Il a fini par briser la ceinture du pantalon. Comme le vêtement était garanti à vie, il l’a envoyé chez The North Face pour le faire réparer. L’entreprise lui a toutefois offert un crédit pour qu’il puisse acheter un nouveau pantalon.

« Il n’y avait rien dans la gamme de produits qui était équivalent, poursuit Mathieu Durand. J’ai donc demandé à ce qu’on me le retourne brisé. Ils ont fini par m’envoyer une ceinture d’un modèle similaire qui correspond à peu près. Je le garde. »

Pour le confort

Un vieux vêtement ou une vieille pièce d’équipement peut avoir des caractéristiques idéales, difficiles à retrouver.

« J’ai un vieux sac à dos qui a 20 ou 25 ans que j’adore, parce qu’il est confo et qu’il a des poches exactement de la taille qu’il faut, où il le faut, explique Géraldine Trouillard, randonneuse d’expérience. Alors tant pis s’il est décoloré et usé. »

Le confort est effectivement une des principales raisons pour lesquelles on conserve un vieux morceau.

Joëlle Dupont, une autre randonneuse, qualifie son vieux sac à dos de « pantoufle à dos » pour illustrer son confort. Mais il y a plus.

PHOTO FOURNIE PAR JOËLLE DUPONT

Ce ne sont pas quelques trous ici et là qui forcent l’abandon d’une bonne vieille pièce d’équipement… comme ce vieux sac à dos de Joëlle Dupont.

« Il a au moins 12 ans d’usage intensif, mais je le garde parce que les bretelles, les fermetures et l’armature sont encore en parfait état et que je déteste la surconsommation, explique-t-elle. Pour moi, garder mon équipement de plein air jusqu’à ce qu’il ne soit plus utilisable, ou vraiment désagréable à utiliser, est un geste écologique. »

Bon nombre d’amateurs de plein air estiment que la qualité des vêtements et de l’équipement était supérieure dans le passé.

« Dans le temps, le stock était conçu pour durer et les designers engageaient les grimpeurs pour concevoir des vêtements optimaux pour le sport », affirme Jean-François Gauthier.

Il utilise encore un vieux coupe-vent de Mountain Hardwear (« Ils n’en font plus des bons de même ») qu’il a modifié avec les années en ajoutant un élastique au cou, des fermetures éclair aux manches et des trappes dans le dos (« que je peux enlever quand je fais mes approches avec sac à dos »).

C’est le genre de modifications qu’on hésite à faire sur un vêtement tout neuf.

Une randonneuse et grimpeuse, Martine Lamarche, tient encore à ses vieux chandails techniques de MEC et de La Cordée « aux belles couleurs, manches longues, respirants, qui datent d’au moins 25 ans, usés, mais pas troués ».

« C’était tellement une bonne qualité, affirme-t-elle. Tellement plus durable que les vêtements techniques d’aujourd’hui. On a partagé tant d’aventures ensemble, ils font partie de ma vie. »

Suggestion de vidéo

De la planche et de la neige

Cette vidéo met en évidence la maîtrise du planchiste Elias Elhardt et le savoir-faire du pilote de drone Sebastian Schieren.

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Chiffre de la semaine

338

C’est le nombre de kilomètres qu’un lièvre arctique a parcouru en 49 jours. Il était suivi par télémétrie par des chercheurs provenant notamment de l’Université du Québec à Rimouski.