C’est un gros poisson rouge vif, aux yeux globuleux, un brin exotique, qui détonne lorsqu’on le hisse au-dessus de la glace blanche. « Le sébaste, c’est un des seuls représentants de la famille des rascasses vivant au Québec, c’est notre Nemo à nous, s’enthousiasme Rémi Aubin, véritable ambassadeur de la pêche blanche à La Baie, au Saguenay. C’est le poisson qui attire le plus les pêcheurs ici. »

La pêche blanche connaît un regain de popularité au Saguenay, mais ce n’est pas uniquement dû au gros poisson rouge. Et cet essor ne se limite pas au Saguenay. En raison de la pandémie, bien des Québécois se sont tournés du côté du plein air pour mieux respirer et diminuer leur anxiété. La pêche blanche a bénéficié de cet engouement.

« C’est fulgurant, assure Rémi Aubin. Ce qui arrive, c’est qu’il n’y a pas de voyages, pas de hobbies, pas d’activités. Les gens se disent : “On joue aux cartes ou on va à la pêche”. Ça arrive de partout, les gens débarquent, ils veulent aller pêcher. La fin de semaine, il y a du monde sur la glace. Une chance que le fjord est grand ! »

La famille Aubin exploite un commerce à La Baie depuis 1932, Accommodation des 21. En avant, il y a un dépanneur. En arrière, une boutique de pêche. Le chiffre d’affaires annuel du commerce a augmenté de 30 % depuis le début de la pandémie. « Ce matin, j’ai dû équiper une quarantaine de pêcheurs. Et ça, c’est juste un petit lundi matin, ce n’est même pas un matin de fin de semaine. »

Les cabanes à pêche offertes par les pourvoiries sont réservées pour les semaines à venir. On a commencé à offrir des forfaits de soirée.

« En transe »

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE RÉMI AUBIN

Rémi Aubin, la relève et le résultat de la pêche

Rémi Aubin ne se fait pas prier pour expliquer sa passion pour la pêche blanche. « C’est la quiétude, indique-t-il. Je travaille toute la semaine très fort. Quand je pars pour ma journée de congé, que je m’installe dehors, sur la glace, que je descends ma ligne au fond, je tombe en transe. »

S’il fait vraiment froid, il se réfugie dans une cabane, mais autrement, il préfère rester à l’extérieur. « C’est l’oxygène que ça procure, le décor qu’il y a autour, il y a les sons qu’on entend, le vent, il y a les levers de soleil, les couchers de soleil. »

La pêche sur le fjord a ses particularités, et notamment des marées qui peuvent atteindre 6 m. « C’est impressionnant, on va monter pendant six heures, comme dans un ascenseur. On voit la ville d’en haut ou d’en bas. »

L’eau est salée, le fjord est terriblement profond. Et, chose rare dans l’est de l’Amérique du Nord, on a la permission de pêcher des poissons de fond en hiver, comme la morue, le turbot et le fameux sébaste. Il faut évidemment respecter les ressources et les quotas.

« Dans le fjord, on ne sait pas ce qu’on peut prendre, affirme Rémi Aubin. Il y a des poissons qui vivent dans le fond et qui sont plus gros que nous.

Mon rêve, depuis que je suis tout petit, c’est de capturer le plus gros poisson qui soit et de le remonter à bras d’homme, comme dans Le vieil homme et la mer.

Rémi Aubin

Il y a aussi la satisfaction de déguster le fruit de la journée, en suivant une recette inspirée du moment : des filets, un gratin de trois fromages, des champignons, un peu de jus de citron, une sauce secrète et un peu de vin blanc fouetté. « Ce sont des bouchées d’amour. C’est comme la finalité de la journée. »

« L’autre plaisir, c’est de partager avec des amis, ou avec des jeunes qu’on initie à la pêche. De voir le bonheur dans leurs yeux. »

Initiation

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE RÉMI AUBIN

Rémi Aubin participe à une activité d’initiation à la pêche blanche. On peut trouver de telles activités un peu partout au Québec.

Rémi Aubin a ainsi participé à plusieurs journées d’initiation près de chez lui. Mais on peut trouver de tels évènements dans beaucoup d’autres régions. Depuis cinq ans, la Fondation Héritage faune, une filiale de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, redistribue une aide financière gouvernementale aux organisateurs d’évènements d’initiation pour la pêche blanche. Cette année, ils ont été plus nombreux que jamais à déposer une demande.

Il n’existe pas de liste exhaustive de ces évènements, il faut donc consulter les médias locaux ou s’informer auprès de la SEPAQ, des parcs régionaux et des pourvoiries.

Même les citadins peuvent s’y mettre : on peut se louer de l’équipement, un abri et un beau trou dans la glace au Vieux-Port de Montréal. Il faut toutefois se procurer un permis de pêche, qu’on peut obtenir en ligne ou dans plusieurs magasins Canadian Tire.

Consultez la fiche sur la pêche blanche Consultez la fiche sur la pêche sur la glace dans le Vieux-Port de Montréal Consultez la fiche sur comment se procurer un permis de pêche

Suggestion de vidéo

Candide dans le canyon

Le skieur français Candide Thovex s’engage dans un étroit canyon à Crans-Montana, en Suisse. Pas de musique, que le son des skis sur la neige.

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Chiffre de la semaine

1904

C’est l’année de la fondation du premier club de ski au Canada, le Montreal Ski Club