Les personnes qui s'apprêtent à prendre des vacances à l'étranger devraient y penser à deux fois avant d'arrêter le choix de leur destination, de manière à encourager les pays en développement qui «font la bonne chose».

L'organisme sans but lucratif californien Ethical Traveler produit chaque année à cette fin un palmarès qui regroupe les dix pays jugés les plus «éthiques».

«L'objectif est de transformer la masse des voyageurs en un groupe d'action politique» dont les membres «votent avec leurs ailes» afin de favoriser les pratiques exemplaires en matière économique, sociale et environnementale, souligne son fondateur, Jeff Greenwald.

Ce journaliste américain spécialisé en tourisme explique en entrevue que l'idée initiale du projet lui est venue il y a plusieurs années lorsque la militante birmane Aung San Suu Kyi appelait les voyageurs à boycotter la Birmanie pour éviter de soutenir indirectement la junte militaire au pouvoir.

Un premier palmarès a été produit en 2006 et l'exercice est renouvelé chaque année depuis pour identifier les destinations les plus intéressantes.

Ethical Traveler exclut d'emblée les pays en développement qui ne disposent pas d'une infrastructure touristique «raisonnable» pour accueillir les visiteurs. Il analyse ensuite les États restants en utilisant une liste exhaustive d'une trentaine de critères. Ceux-ci se répartissent entre trois grandes catégories: l'environnement, le développement socio-économique et le respect des droits de l'homme. Des données provenant de plusieurs institutions internationales et d'ONG connues comme Amnistie internationale et Human Rights Watch sont utilisées pour dresser la liste finale.

«Aucun des pays choisis n'est au-dessus de tout reproche», prévient M. Greenwald, qui reconnaît le caractère nécessairement imparfait de l'exercice.

Pour l'édition 2014, deux des pays retenus dans la liste des dix pays «éthiques», la Barbade et Bahamas, sont souvent montrés du doigt pour leurs pratiques douteuses en matière de fiscalité.

«Nous n'avons pas de critère à ce sujet», note l'auteur, qui n'exclut pas d'en adopter un à l'avenir.

M. Greenwald relève qu'il est difficile de savoir quel est l'impact de son organisation sur les choix des voyageurs.

Il se réjouit néanmoins de constater que le palmarès reçoit chaque année un écho médiatique croissant.

«Notre principal objectif est de faire en sorte que de plus en plus de gens pensent à s'arrêter sur ce type de renseignements avant de partir», conclut-il.

Les destinations éthiques de 2014

(en ordre alphabétique, puisque l'organisation ne les classe pas)

Bahamas

Barbade

Cap-Vert

Chili

Dominique

Lettonie

Lituanie

Maurice

Palaos

Uruguay

Quatre pays étudiés par Ethical Traveler

CHILI

L'État sud-américain, qui entre cette année dans la liste des 10 destinations les plus éthiques, s'est distingué notamment par ses efforts en matière environnementale. Le pays s'est aussi illustré par une «amélioration substantielle» des indicateurs de développement humain et les efforts consentis pour protéger les droits des populations autochtones.

DOMINIQUE

L'île des Caraïbes fait son entrée dans la liste des dix pays les plus éthiques en 2014 sur la base notamment de ses réalisations environnementales. Ethical Traveler note que la faune et la flore indigènes sont largement préservées et que des efforts importants sont en cours pour accroître l'indépendance énergétique de l'île. Le pays reçoit aussi une bonne note en matière de libertés civiques et de droits politiques.

COSTA RICA

Contrairement à 2013, le pays d'Amérique centrale ne figure pas dans la liste des 10 pays les plus éthiques d'Ethical Traveler. L'organisation relève notamment un recul en matière de protection des droits de l'homme. Elle évoque plus particulièrement les conclusions d'une mission internationale qui dénonçait la répression par les autorités de communautés autochtones.

GHANA

Le pays africain figurait parmi les dix destinations éthiques recommandées l'année dernière, mais se voit exclu du palmarès en 2014 en raison particulièrement du traitement réservé aux homosexuels. Selon Ethical Traveler, la situation a dégénéré dans le pays dans ce domaine, ce qui s'est traduit par une violence accrue contre les couples de même sexe.