Jusqu'au milieu du siècle dernier, Coyoacan a été l'un des endroits de villégiature préférés des nantis de Mexico. C'était l'époque glorieuse où la peintre mexicaine Frida Kahlo partageait sa vie avec le muraliste Diego Rivera et fréquentait les artistes et intellectuels du coin, comme Léon Trotsky qui, chassé d'Union soviétique, s'y était réfugié. Mais, dans les années 50, Coyoacan a été avalé par la mégapole. Depuis, avec son architecture coloniale, ses jardins, ses coquettes petites places et ses activités culturelles, Coyoacan est devenu un des plus charmants quartiers de la capitale.

Déjà, durant la période pré-hispanique, une population s'était installée à Coyoacan, «l'endroit des coyotes» en Nahuatl. Lors de la conquête espagnole, Hernán Cortés est tombé sous le charme et en a fait son quartier général et même, pendant un certain temps, la capitale de la Nouvelle-Espagne. Il y est demeuré avec la Malinche, sa compagne et interprète autochtone qu'il avait installée dans la Maison rouge, à quelques pas de son propre palais (un conquistador catholique doit bien sauver les apparences...). On dit que c'est aussi là qu'il aurait assassiné sa femme, débarquée d'Espagne sans invitation... Mais c'est dans son propre palais de Coyoacan que Cortés aurait torturé Cuauhtémoc, dernier empereur aztèque, pour lui faire avouer où il cachait ses trésors.

 

La Maison bleue

De nos jours, la Maison bleue (la Casa azul) de Frida attire de nombreux visiteurs à Coyoacan. La peintre handicapée, qui y est née, y a laissé une empreinte indélébile. Outre plusieurs de ses oeuvres, on peut y voir ses meubles, ses vêtements, son fauteuil roulant et même ce ciel de lit-miroir qui lui servait à peindre même quand son corps brisé ne lui permettait pas de se lever (un accident de tramway lui avait broyé les os, lui infligeant durant le reste de ses jours d'atroces souffrances).

Dans le quartier voisin de San Angel, jouxtant un des restos les plus prestigieux du Mexique (le San Angel Inn), on visite l'atelier-maison de Rivera. Frida y avait un pied-à-terre, lié à l'atelier par une passerelle et une échelle que seuls des amants casse-cou pouvaient trouver attirantes.

 

De retour à Coyoacan, il faut visiter deux petites places irrésistibles, la Conchita avec son jardin et sa charmante chapelle de la Conception. Puis, en suivant la rue Francisco Sosa, on arrive à la Plaza Santa Catarina. Outre la petite église jaune, à laquelle deux restos typiques font face, on y trouve le bourdonnant centre culturel et son jardin.En face de la cathédrale San Juan Bautista, la Plaza Hidalgo et le Jardin Centenario - où se trouve la magnifique fontaine aux Coyotes - sont entourés de restos, glaciers et cafés. À ne pas manquer, au coin de Fernando Sosa, le marchand de bonbons, installé là depuis des lustres.

Avenue Rio Churubusco, on visite la maison de Trotski qui, craignant ses ennemis, l'avait transformée en bunker mais qui a néanmoins été assassiné.

Vous pouvez aussi visiter l'ancien couvent de Churubusco, où les Mexicains ont aménagé le Musée de las Intervenciones où on relate les incursions des pays étrangers. Enfin, près de la cathédrale, le Museo Nacional de Culturas Populares se penche sur les traditions mexicaines.

Photo: Lilianne Lacroix, La Presse

À quelques pas de la cathédrale, La Conchita est l'une des charmantes places de Coyoacan.