Dès qu'on quitte l'autoroute, le paysage donne l'impression d'être à des lieues d'un McDonald's, d'un Canadian Tire ou d'un Starbucks. Pourtant, le parc provincial du Lac-Alice se trouve à peine à 10 km du centre de Squamish. Le terrain de camping, les 6 km de la randonnée des Quatre Lacs, les sentiers de vélo de montagne et les deux plages attirent autant les visiteurs que les gens du coin. Annick Tremblay fait un peu partie des deux groupes.

La Québécoise arrive dans sa voiture surmontée d'un support à vélos - comme la majorité des voitures ici. De son coffre, elle sort sa planche à pagaie gonflable.

«C'est tellement pratique, je peux la traîner partout. Ici, autour, il y a plein de lacs. Hier, on est allés sur la rivière. C'était plus agité, mais on a vraiment eu du plaisir!»

Dans sa Gaspésie natale, Annick était loin de penser qu'elle habiterait un jour à Squamish. En fait, quand elle est arrivée en Colombie-Britannique, elle avait à peine entendu parler de ce joyau, reconnu il n'y a pas si longtemps comme «l'endroit où tu prends de l'essence entre Vancouver et Whistler». Pourtant, après avoir habité dans ces deux villes, la voilà bien installée à mi-chemin, dans son paradis sportif qu'elle n'entend pas quitter de sitôt.

«Je suis venue à Vancouver parce que je voulais découvrir cette ville qui est leader en termes d'environnement, et c'est un domaine dans lequel j'ai étudié. Mais si je suis restée, c'est pour la qualité de vie et le contact avec la nature.»

Venue à Vancouver pour un contrat, Annick passait le plus clair de son temps dans la nature, à l'extérieur de la ville. Après un an et demi, elle «avait tellement la piqûre» qu'elle a décidé de se rapprocher des montagnes. Elle s'est installée d'abord à Whistler, un rêve pour l'ancienne skieuse du Rouge et Or de l'Université Laval.

«Whistler, c'est comme le Disneyland de l'hiver. C'est une ambiance très touristique et festive», explique celle qui, comme beaucoup d'autres, n'y a été que de passage. «Souvent, les Québécois commencent à Whistler, mais c'est à Squamish qu'ils décident de s'installer. Ici, c'est plus facile d'avoir une vie normale.»

Le petit Québec

Annick aime viscéralement son Québec natal. Sa famille et ses amis lui manquent, mais elle a découvert dans sa ville d'adoption un mode de vie qu'elle ne retrouve pas dans la Belle Province.

«Je passe beaucoup plus de temps dehors. Je pense que la grande différence avec le Québec, c'est que tout est proche. C'est sûrement ce qui fait en sorte qu'il y a beaucoup plus de spontanéité. Le samedi matin, on appelle nos amis, on dit: "Hey, est-ce qu'on va faire du vélo de montagne?", et voilà. On part. Au Québec, il faut tout planifier à l'avance, entre autres parce que tout est plus loin.»

Des vacances à l'annér

Au bord du lac Alice, elle glisse sa planche à pagaie maintenant gonflée jusque sur l'eau. Le temps est venteux et le fond de l'air est frais, conditions fréquentes dans son nouveau coin de pays. N'empêche, les kayakistes et baigneurs profitent du soleil qui a réchauffé l'eau du lac ces dernières semaines.

«Ici, tout le monde est venu pour les mêmes raisons et partage les mêmes passions. On est tous attirés par la même chose: le plein air, témoigne la Matanaise. Tous les jours, les gens sont en train de faire des activités sportives. Par chez nous, j'avais souvent de la difficulté à me trouver des partenaires de sport.»

Ironiquement, 90 % de son réseau social est constitué de... Québécois. Est-ce qu'Annick est là pour rester?

«Je ne sais pas combien de temps je vais vivre ici. Je pense que ce sera tant que ma famille et mes amis ne seront pas tous venus me visiter», dit la jeune femme épanouie, en éclatant d'un rire franc.