Habitée à la fois par des Mexicains, des Amérindiens de descendance maya et de nombreux «étrangers» tombés amoureux de cette agglomération à 2140 m d'altitude, la petite ville certifiée «pueblo magico» par le ministère du Tourisme mexicain constitue un excellent point de départ pour qui veut s'initier au tourisme à l'extérieur des murs d'un «tout-compris».

Elle a 486 ans, la ville de San Cristobal de Las Casas, en plein coeur du Chiapas, mais elle est toute pimpante, à la fois traditionnelle et contemporaine, coloniale et verte, cosmopolite et autochtone.

San Cristobal de Las Casas tient en fait son nom de Bartolomé de Las Casas, missionnaire espagnol qui défendit les Amérindiens contre les abus des colons hispaniques au XVIe siècle. Située dans les hautes terres du Chiapas, la jolie petite cité est entourée de montagnes: il y fait donc doux le jour et (parfois très) frais le soir.

Agréable et apaisant quand on revient d'une virée dans les environs, où la jungle bien humide et touffue a souvent ses droits: il y a en effet une quarantaine de parcs naturels au Chiapas, où on peut pratiquer à peu près tous les sports imaginables (du yoga au rafting!), et des sites archéologiques mayas parmi les plus importants du pays, au milieu d'une vaste forêt pluviale!

Balades en ville

Bien pourvu en services, en restaurants pour toutes les bourses, en hébergement en tous genres (de l'hacienda opulente à la simple chambre en location), en cafés sympathiques où le sans-fil est la règle, San Cristobal de Las Casas compte en outre, dans son «centro», à partir de la jolie Plaza 31 de Marzo, deux rues piétonnières, parfaites pour déambuler agréablement, prendre un café ou un verre, et surtout, surtout, pour mesurer l'incroyable diversité de ses habitants.

L'Andador Eclesiastico (ou Turistico), du nord au sud, prolonge la rue Miguel Hidalgo/20 de Noviembre et se divise officieusement en deux: vers le nord, la partie plus populaire, où les Mexicains adorent se promener, danser la salsa, prendre un verre, faire du lèche-vitrine; vers le sud, la section plus «mondaine», où les bars et cafés avec terrasses et musiciens live abondent.

L'Andador Real de Guadalupe, lui, s'étend de l'est à l'ouest, et les habitants le surnomment «l'Andador Europeo»: c'est essentiellement dans cette rue piétonne que sont installés les magasins et restaurants appartenant à des étrangers ou tenus par ceux-ci. Européens et Nord-Américains y côtoient Mexicains et Amérindiens Tzotzil en costume traditionnel, et on y trouve aussi bien des produits bios et de l'artisanat local que du rompope maison (une sorte de délicieux lait de poule) ou un café-resto vendant des objets conçus par les communautés associées au mouvement zapatiste.

Les églises de San Cristobal

Pour les Québécois issus de la tradition catholique, il est presque impossible de demeurer insensible à l'atmosphère parfois mystique des églises mexicaines, et San Cristobal ne fait pas exception à la règle, avec ses templos en plein centre de la vie et de la ville.

Au bout de l'Andador Real de Guadalupe, on prend une grande respiration et on monte les nombreuses marches, jalonnées de bancs et d'autels en plein air, qui mènent au Templo de Guadalupe, d'où l'on a une vue franchement panoramique de la ville et des environs.

Au bout de l'Andador Eclesiasto, vers le nord, on parvient plutôt au Templo de Santo Domingo, entouré d'un marché d'artisans bien pourvu (où on trouve notamment de très jolis bijoux en ambre, une des spécialités du Chiapas) et d'un tiangui (marché ambulant, où on trouve à peu près tout!). Tant l'intérieur de l'église, très «baroque flamboyant à la mexicaine», que la façade, en fine dentelle de pierre faite d'adobe et de plâtre sculpté, sont étonnants. À l'extrémité sud de l'andador, on trouvera, près de l'église del Carmen, un centre culturel à la programmation variée, à côté de l'Arco del Carmen, l'un des rares témoignages d'architecture mudéjare ayant survécu dans le Chiapas.

Mais il y a tellement plus à découvrir dans San Cristobal. Par exemple, la maison Na Bolom, fondation créée en1951 par deux Européens pour la protection des Amérindiens Lacandons: on y trouve un musée, l'une des plus belles bibliothèques du monde, un café-resto, un hôtel, une petite chapelle où un pianiste en résidence donne des concerts tous les soirs vers 17h, et surtout une atmosphère à nulle autre pareille.

Et puis, il y a le Barrio del Cerrillo (le «quartier de la petite colline»), avec ses escaliers qui font penser à Montmartre. Et les marchés de San Cristobal, comme le Mercado Municipal Jose Castillo Tielemans (considéré comme l'un des plus beaux du Mexique par de nombreux observateurs). Ou le marché Merposur, un peu plus excentré, mais où l'on peut contempler, estomaqué, quelque 30 stands de coiffeurs pour hommes, côte à côte! Et les écoles d'espagnol, et le musée de l'ambre, et des bars où déguster les cafés produits par le Chiapas ou des quesadillas, des pâtes, des pizzas, du poulet...

Et puis, il y a les gens du coin, qui aiment bien les touristes et y font attention. Les sourires gentils quand on baragouine l'espagnol. L'atmosphère pure qu'on y respire. Celle de San Cristobal de Las Casas. Carrefour, creuset et même, si on le veut, maison.

San Cristobal, la cosmopolite

Rien de plus surprenant, en plein coeur de l'extrême sud du Mexique, que la population de San Cristobal: petite, et pourtant incroyablement cosmopolite. Plus que la ville de Mexico, toutes proportions gardées. Pourquoi?

Les étrangers

Le Chiapas est l'un des États les plus pauvres du Mexique, bien qu'il soit le premier producteur de café, de cacao, de mangues, de bananes et un grand fournisseur d'hydroélectricité et de pétrole. Disons que la richesse n'y est pas équitablement partagée... En 1994, la révolution zapatiste a attiré le regard sur les conditions de vie souvent misérables de la population indienne du Chiapas. Le mouvement a attiré à San Cristobal des observateurs, des militants, des professeurs, des travailleurs humanitaires, etc., qui ont tellement aimé les lieux qu'ils s'y sont souvent fixés! Pour le visiteur québécois, c'est une aubaine: il est plutôt facile de trouver des guides qui parlent français ou anglais.

Les Amérindiens

Le Chiapas compte la plus grande population du Mexique: les nombreuses communautés représentent plus du quart de sa population. Tzotzil, Tzeltal, Zoque, Chol, etc., neuf langues y sont parlées, en plus de l'espagnol! Certaines de ces communautés sont plus ouvertes que d'autres aux visiteurs, si on respecte les consignes, et il est donc ainsi possible d'entrer en contact direct avec des humains qui vivent tout autrement que soi!

Les Mexicains

San Cristobal est habité par des Mexicains dont les familles y sont installées depuis des générations. Ainsi, c'est dans l'hacienda appartenant à ses grands-parents que la chef Marta Zepeda a ouvert son restaurant gastronomique Tierra y Cielo, il y a sept ans. S'inspirant profondément de la cuisine traditionnelle, elle réactualise avec brio les plats, pimentés d'une touche d'amour réel, dans une atmosphère décontractée fort agréable et à un prix accessible.

www.tierraycielo.com.mx

Carnet pratique

Comment s'y rendre?

De la ville de Mexico, prendre un vol intérieur: Aeromexico offre un vol Mexico-Tuxtla Gutiérrez quatre ou cinq fois par jour; Interjet propose plutôt un vol Mexico-Palenque, deux fois par semaine. On peut aussi le faire par autocar à partir de Mexico, si on a une quinzaine d'heures devant soi.

San Cristobal de Las Casas est accessible par autocar à partir de tous ces points. Il y a une autoroute à péage entre Chiapa de Corzo et San Cristobal, qui se fait en environ 2h. À partir de Palenque, comptez plutôt 6h de route assez éprouvante, quoique panoramique. On vous recommande chaleureusement un arrêt à la halte routière «Selva Maya», à mi-chemin!

Des guides fiables?

De San Cristobal, visiter les ruines Palenque, avec arrêt aux cascades d'Agua Azul et Misol-Ha, aller-retour dans la même journée? Si on vous le propose, refusez! Les routes du Chiapas sont faites de lacets, et la route 199 (San Cristobal-Palenque) est jalonnée des fameux topes (dos d'âne) pour ralentir la vitesse: résultat, cela prend 5 ou 6h pour parcourir 200 km faits de tournants, puis 5 ou 6 autres heures pour en revenir... complètement vert tant ça tourne!

Il existe une foule de guides et de voyagistes à San Cristobal, nous vous recommandons pour notre part d'entrer en contact avec l'Association de guides du Chiapas: guides.chiapas@gmail.com

À noter: il vaut mieux retenir les services d'un guide pour visiter les villages traditionnels indiens - à moins que vous parliez couramment le tzotzil... De toute façon, certains villages ne sont pas accessibles par la route. Attendez-vous à devoir payer 10 ou 20 pesos (soit 1 ou 2$) pour entrer dans ces villages ou dans les nombreux parcs naturels: ces sommes permettent aux communautés de se développer.

Hygiène et sécurité

Depuis quelques années, surtout depuis l'épisode de grippe mexicaine en 2012-2013, des campagnes d'hygiène ont réduit l'incidence de la «tourista», y compris dans la population locale! Les glaçons sont faits à partir d'eau embouteillée à peu près partout - et la consommation d'eau embouteillée (et de boissons gazeuses) a connu une hausse importante (de même que le nombre de bouteilles de plastique vides, hélas).

Par contre, la nourriture est toujours plus épicée au Mexique qu'au Québec, n'hésitez donc pas à glisser antiacide et produits de type Pepcid dans vos bagages.

Une lotion antimoustique s'impose dans la jungle, de même que la lotion solaire.

Côté sécurité, le Chiapas est au nombre des quelques États mexicains qui ne font l'objet d'aucune mise en garde du gouvernement canadien.

Les frais de ce reportage ont été payés par le Conseil de promotion touristique du Mexique à Montréal, Aeromexico et le ministère du Tourisme du Chiapas.