Le désert le plus aride du monde n'est pas entièrement dépourvu d'eau. Mais l'Atacama ne sait pas en profiter.

Bien au contraire, l'Atacama semble détester l'eau. Il rejette violemment celle qui circule au coeur des montagnes de la cordillère des Andes, la faisant rejaillir dans les geysers situés au pied du volcan du Tatio. Chaque jour, des touristes se réveillent bien avant le lever du soleil pour parcourir les deux heures de route qui séparent San Pedro de Atacama du Tatio pour observer le spectacle fascinant des immenses jets d'eau pulvérisée à plusieurs mètres de hauteur sur un territoire vaste comme un terrain de football.

Le spectacle est de ceux qui se méritent : il faut arriver tôt, quand il fait encore nuit et que la différence de température est encore assez grande entre l'eau - chauffée par le volcan - et l'air ambiant. Le nuage de fumée qui s'en dégage n'en est que plus dense et plus impressionnant. Mais il fait alors aussi très froid : -20°C en hiver, -5°C en été. L'eau, elle, est si chaude qu'on pourrait littéralement y faire cuire un oeuf.

Plus bas, où l'eau refait surface plus calmement, quelques bains géants ont été aménagés en pierre de taille pour accueillir les baigneurs les plus aventuriers. Quelques herbes folles et autres mousses vert tendre survivent tant bien que mal, grandissant d'à peine un centimètre par année, en moyenne.

Au retour, plusieurs touristes font une pause dans l'un des nombreux villages autochtones des environs - l'Atacama est l'une des régions où la présence autochtone se fait encore le plus sentir, sans doute en raison de la grande proximité avec la Bolivie - construits en adobe et résolument figés dans le temps. Les femmes préparent les empanadas pendant que les hommes font griller le lama. Quelques mots d'espagnol, quelques sourires. C'est ici que le désert vit.