Il est de petite taille, anglophone, et perdu au coeur de l'Amérique centrale. Non, il ne s'agit de votre cousin ontarien Bobby, mais plutôt du Belize, discret pays caraïbéen paré d'une myriade d'îles paradisiaques, de jungles et de vestiges mayas.

Des îles au ralenti

«All right?», «Wassup?»: à tous les coins de rue, les interjections fusent de la bouche des jeunes comme des aînés. Rien d'agressif ni d'envahissant; une simple salutation en réponse à notre pas pressé de Nord-Américain. Dans les îles au large du Belize, même des affichettes ne manqueront pas de vous le rappeler: «Go slow!» Telle est la devise des Cayes (prononcer «kiz»).

Atteintes en une à trois heures de bateau du Mexique ou de Belize City, elles accueillent les visiteurs en quête de détente complète, à la sauce clapotis et palmiers.

La plus fréquentée, San Pedro, s'avère la plus cossue et confortable. Caye Caulker, sa petite soeur «bon marché» et désinvolte, fait la joie des backpackers. Dans cet ancien repaire de pirates converti en village hippie, tout marche au ralenti.

En sandales ou pieds nus, on déambule sans but sur des sentiers de sable, entrecabanas de bois déglinguées, pavillons hôteliers aux couleurs criardes et voiturettes de golf (le taxi local) qui mènent paresseusement leurs clients à «la plage».

Les guillemets sont ici indispensables: l'endroit se résume à un étroit ponton de rondins, perché au bord du «Split», un détroit formé après le passage d'un ouragan. Sacrebleu, pas de plage au sable fin? Pourquoi donc y accoster?

Suivez ce bateau, la réponse est derrière les flots.

Du Blue Hole à Hol Chan

Car l'un des atouts de ces îles réside dans la proximité de sites de plongée spectaculaires, dont le Blue Hole.

Cette tache bleu roi en pleine mer turquoise, entrée d'une immense grotte sous-marine de 140 mètres de profondeur, aspire les plongeurs dans un dédale de stalactites. La vie sous-marine y étant plutôt limitée, un passage au foisonnant site de Half Moon, dans la foulée, complète le tableau.

Les adeptes du tuba mettront plutôt le cap vers les réserves de Hol Chan, Shark Alley et Coral Garden. Peu profondes, elles sont fréquentées par conques, tortues de mer, barracudas, raies placides et requins-nourrices.

De quoi récolter de nombreuses rêveries à ressasser sous un palmier, une fois les îles regagnées, sans se presser. Sans quoi on aura tôt fait de vous le rappeler: «Go Slow!»

Dans la caverne de Xilbalba

Le Blue Hole est loin d'être la seule caverne enfouie d'intérêt du pays. Au coeur du Belize continental fut découverte en 1986 une profonde galerie creusée par une rivière, aujourd'hui empruntée par des flots de touristes aventuriers.

Mais la grotte d'Actun Tunichil Muknal ne livre ses secrets qu'au terme d'une expédition palpitante. Après une courte randonnée dans la jungle, on plonge dans la rivière pour accéder à la caverne, avant d'en remonter le lit dans une parfaite noirceur. S'ensuit une heure de contorsions, de nage et d'escalade dans un décor serti de curiosités géologiques et d'antiques vestiges: poteries et ustensiles, oeuvres des anciens Mayas, crânes humains et ossements épars.

«Les Mayas utilisaient cette caverne il y a plus de 1000 ans pour des rituels, nous éclaire Jam, notre guide. Pour eux, l'enfer Xilbalba est un monde souterrain, et ils devaient être très courageux pour se rendre ici.»

Au fin fond du boyau rocheux, après plusieurs kilomètres, est livré son plus intime secret: un squelette complet, parfaitement conservé sur son lieu original. Pétrifiant! «On doute encore du sexe de la victime, qui fut probablement sacrifiée par rituel», avance Jam.

Mais le temps inflige son propre châtiment aux ossements, qui se soudent à la roche. «Dans quelques centaines d'années, ils auront certainement disparu.»

En attendant cet évanouissement final, l'exploration de la caverne d'Actun Tunichil Muknal reste un des joyaux du Belize.

Photo Sylvain Sarrazin, La Presse

En sandales ou pieds nus, on déambule sans but sur des sentiers de sable de Caye Caulker.

PHOTO SYLVAIN SARRAZIN, LA PRESSE

Les eaux peu profondes de la réserve Hol Chan permettent d'apprécier, avec tuba, le bal des poissons locaux. 

Minés par le temps... et le tourisme

Dents manquantes, larges trous: les crânes de la caverne semblent en piteux état. L'oeuvre du temps... et de tatas. Des touristes, tentant de prendre des clichés, ont fait chuter leur appareil sur les fragiles ossements, les détériorant irrémédiablement. Après avoir menacé de fermer la caverne au public, les autorités ont finalement interdit tout matériel photo sur le site.

Visiter la caverne

Le recours à un guide est obligatoire. Les agences sont principalement installées à San Ignacio. Compter une centaine de dollars. 

Agences recommandées: MayaWalk Tours et Pacz Tours.

mayawalk.com

pacztours.net

Une faune foisonnante

Outre sa faune marine, le Belize regorge d'animaux exotiques en tous genres. Voici quelques pistes à suivre: 

La réserve de Cockscomb: elle abrite jaguars, pumas et ocelots. Même si les félins, nocturnes et craintifs, restent très difficiles à apercevoir, le lieu est aussi un sanctuaire pour plus de 300 espèces de volatiles, tapirs, tamanoirs...

Au gré de la New River:  accéder aux ruines mayas de Lamanai exige de remonter en bateau la labyrinthique New River. Crocodiles peu dociles, iguanes, singes-araignées et oiseaux de tous poils (et plumes !) surgissent sans crier gare des eaux ou des airs.

Le zoo du Belize: ce zoo éthique, qui soigne et réintroduit dans la nature des animaux blessés, présente un concentré des plus beaux spécimens nationaux. On peut observer de très près jaguars, toucans, aigles et tapirs, entre autres.

Le centre de préservation des iguanes de San Ignacio: dans ce centre, les spécimens se laissent manipuler et nourrir. Le lieu a aussi un rôle préventif, éduquant certains Béliziens à cesser de faire des iguanes leur casse-croûte préféré!

Photo Sylvain Sarrazin, La Presse

Le toucan est l'un des symboles nationaux du pays. 

Photo Sylvain Sarrazin, La Presse

Les singes-araignées, très habiles, peuvent être aperçus dans les forêts ou le long de la New River.