Le meurtre de deux Françaises dans le nord de l'Argentine vient rappeler que la violence est très présente dans beaucoup de pays d'Amérique latine, où les cas d'enlèvements, de viols et de meurtres par balle sont fréquents et n'épargnent pas les touristes.

Quelque 50 millions de touristes visitent chaque année l'Amérique du Sud, l'Amérique centrale et les Caraïbes, selon des données de l'Organisation mondiale du tourisme. En 2011, au moins 10 touristes ont trouvé la mort en Colombie, Argentine, Équateur, Venezuela, Mexique et Amérique centrale, pour la plupart dans des agressions armées.

La découverte il y a une semaine des corps des Françaises Houria Moumni (24 ans) et Cassandre Bouvier (29 ans) dans la Quebrada de San Lorenzo a provoqué une onde de choc dans la province touristique de Salta (nord de l'Argentine).

Ce double meurtre, visiblement accompagné de violences sexuelles, a déjà un impact sur la fréquentation touristique de la région, comme en témoignent des commerçants locaux.
«Ça fait quinze ans que je travaille ici, et ça a toujours été un coin tranquille (...) Des touristes du monde entier venaient, mais maintenant, personne ne vient depuis les assassinats», a déclaré à l'AFP Gabriel Nieva, vendeur de souvenirs à Salta.

Le Mexique, qui accueille chaque année 23 millions de touristes, détient le record de la violence contre les étrangers, avec des dizaines d'entre eux tués annuellement (touristes, mais aussi hommes d'affaires et étudiants).

En février, Monica Bern, une touriste américaine de 24 ans et Monika Markiewicz, une employée polonaise d'un navire de croisière sont mortes, probablement après une agression, lors d'une escale à Cozumel, sur la côte caraïbe.

Le département d'État américain recommande à ses ressortissants la plus grande prudence pour leurs voyages au Mexique et en Colombie. Il reconnaît toutefois que la situation s'est améliorée dans ce pays, notamment du fait que les victimes de la guerre des «narcos» se comptent principalement dans leurs propres rangs.

Reste que le 21 mars, l'Espagnole Irene Cortés (32 ans) a trouvé la mort lors d'une agression armée pendant le carnaval de la station balnéaire de Barranquilla, sur la côte caraïbe mexicaine.
Le cas de l'Amérique centrale en encore plus problématique, car il s'agit de la sous-région la plus dangereuse au monde concernant les agressions armées, notamment au Honduras, au Guatemala et au Salvador.

Les taux de meurtres nationaux y dépassent ceux des principales zones de guerre actuelles. Selon des statistiques onusiennes, les taux d'homicides sont de 3,4 pour 1.000 en Afghanistan et 6,7 en Irak, contre 45,2 au Guatemala et 60,9 au Honduras.

C'est paradoxalement au Costa Rica, pays réputé plus tranquille, que deux touristes ont été tués et deux autres ont disparu cette année.

Le 2 juin, Justin Johnston, un étudiant américain de 16 ans, a été abattu par un gardien d'un hôtel du village de La Fortuna (près du volcan Arenal) qui l'avait pris pour un voleur. Deux semaines plus tard, une Argentine, Carolina Silvia Pacheco (29 ans) était tuée par balle dans un hôtel de la péninsule de Nicoya (côte pacifique).

Également côté Pacifique, à Quepos, un couple de Français, Gérard et Claude Dubois (65 ans) a disparu le 31 mars alors qu'ils venaient de quitter leur hôtel pour rejoindre une plage voisine.
Au Venezuela, deux touristes, un Français de 63 ans et un Britannique de 28 ans sont morts cette année en tentant de résister à une agression armée sur la paradisiaque île Margarita.
En Amazonie équatorienne, le cadavre de Graham Murray, touriste américain de 23 ans, a été retrouvé le 22 juillet après avoir disparu depuis avril.

En Bolivie, le mystère demeure concernant Jérémie Bellanger (25 ans) et sa compagne Fannie Blancho (23 ans), originaires de Loire-Atlantique (ouest de la France). Ils ont disparu le 29 août près de Guayaramerin, une bourgade située à 800 km de La Paz, le long de la frontière avec le Brésil, et l'enquête reste au point mort depuis.