Fief des touristes québécois dans les années 80 et 90, la Guadeloupe n'a plus la cote chez nous depuis la création de l'Union européenne et l'apparition de l'euro, en 2000. Le taux de change très désavantageux pour les Canadiens fait fuir les Québécois, qui préfèrent de loin des destinations plus économiques comme Cuba et la République dominicaine.

Pourquoi choisir les plages de la Guadeloupe si l'on peut payer deux fois moins cher pour un voyage tout inclus à Varadero? se demandent les Québécois en quête de soleil, de chaleur et d'eau claire. Question légitime. Cinq jours dans ce royaume des Antilles françaises et les réponses nous sautent toutefois aux yeux.

 

Pourquoi? Parce qu'il y fait doux de jour comme de nuit et dehors comme dans l'eau, parce que vous ne risquez pas d'attraper la «turista» en mangeant au resto, parce que les cinq îles de la Guadeloupe sont autant de territoires à découvrir, à déguster, à croquer. Et parce que la barrière de la langue n'existe pas entre les Québécois et les chaleureux Guadeloupéens, qui s'expriment en français.

Les vacanciers qui n'aspirent qu'à se faire rôtir sur la plage et à brandir le bracelet pour se faire servir un rhum devraient toutefois s'en tenir aux complexes hôteliers cubains ou dominicains. Car la Guadeloupe est une destination qui se découvre en sortant des sentiers battus, en traversant les portes de l'hôtel pour plonger dans la richesse de ses couleurs, de ses odeurs, de ses saveurs. «Nous n'avons pas le même créneau. Nous n'essayons même pas de faire comme eux. Ce que nous offrons, c'est la découverte, la qualité, le contact avec la population, l'authenticité», explique Luigy Ssosse, du Comité de tourisme des îles de Guadeloupe.

Tout-inclus, connais pas!

D'ailleurs, les tout-inclus n'existent pas dans ce département français. Les déjeuners sont compris dans les forfaits, mais il faut payer pour prendre un verre sur le bord de la piscine et pour souper au restaurant. En revanche, oubliez les buffets sans saveur et le vin de piquette! À Pointe-à-Pitre comme dans les îles des Saintes, en Basse-Terre comme en Grande-Terre, on mange et on boit aussi bien qu'à Paris. Les plats typiquement créoles, les poissons épicés au sel des Caraïbes et les savoureux fruits de mer sont particulièrement satisfaisants.

Les hôtels guadeloupéens n'offrent pas tous le luxe des complexes tout-inclus des Caraïbes. Mais à quoi bon se perdre dans un hôtel plus grand que nature lorsque le but est d'en sortir le plus souvent possible? Car c'est ce qui fait le charme de cette destination originale: la possibilité de partir à l'aventure, de voguer d'une île à l'autre pour découvrir des paysages magnifiques. Ou encore de louer une voiture pour parcourir les montagnes volcaniques, les plages sablonneuses, pour visiter une cacaotière, une distillerie de rhum ou une plantation de caféiers.

Avertissement aux adeptes de la rage au volant: la circulation est lourde aux heures de pointe et les automobilistes en vacances doivent s'armer de patience et respirer par le nez. Il n'est pas rare que des bouchons de plusieurs kilomètres se forment sur les routes étroites de la Grande-Terre et de la Basse-Terre.

Pour éviter ces désagréments, les plus fortunés peuvent se payer les services d'un guide qui connaît bien la Guadeloupe et qui les accompagnera dans la découverte des richesses de ce coin de pays. Le concept idéal: coucher d'un endroit à l'autre, se prélasser quelques jours sur les plages de Sainte-Anne, se fondre ensuite dans le paysage des montagnes volcaniques de la Basse-Terre, et vivre un soir ou deux au rythme de l'archipel des Saintes ou de l'île Marie-Galante afin de saisir les différentes facettes de cet endroit fabuleux. Un voyage, quatre destinations.

Pour les sportifs

Cette ancienne colonie française est particulièrement attirante pour les sportifs. Surf cerf-volant, plongée sous-marine, vélo, marche en montagne, VTT des mers, expéditions dans la forêt, découverte de chutes à faire rêver, excursion sur La Soufrière, un volcan toujours en activité... Demandez et vous recevrez. Ces excursions hors des sentiers battus sont autant de nourriture pour le corps que pour l'esprit.

Imaginez le portrait: vous pédalez sur une mer calme en écoutant votre guide raconter les secrets de la mangrove et des palétuviers. Vous admirez des frégates planer au soleil couchant, vous parcourez des nouvelles îles qui se sont formées il n'y a pas 10 ans. Vous bougez, vous apprenez, vous humez la beauté de la mer. Divins moments.

Ou encore, vous marchez pendant une heure dans une plantation de bananiers et près d'une rivière sauvage. Vous contemplez ce paysage de savane africaine, vous vous agrippez en riant à de vraies lianes et vous apercevez au tournant une magnifique chute de 25 m qui n'attend que vous. Quelques coups de brasse, quelques enjambées sur les rochers et la cascade vous appartient. Avouez que vous en rêvez...

La piqûre de la plongée

Le vent nous frappe le visage, le soleil nous brûle le nez. Le catamaran file en fracassant les vagues qui montent par-dessus bord. Une tortue des mers nous salue au passage en se laissant porter nonchalamment par la houle. Au loin, le paysage de carte postale qu'offre l'archipel des Saintes nous invite à franchir les portes du paradis.

«C'est la troisième plus belle baie du monde», répète fièrement notre guide, Bruno. Et on le croit sans difficulté. Quelques bateaux sont ancrés dans la baie pendant que leurs occupants visitent les îles aux allures de décors de cinéma. De petites maisons colorées nous accueillent, nous font de l'oeil, nous donnent le goût d'arpenter les rues calmes de ce village au charme fou.

Aussitôt débarqués, nous devons toutefois reprendre la direction de la mer. Car le temps presse toujours dans un voyage de presse et il faut se résigner à prendre des petites bouchées de tout ce que la destination peut offrir. C'est donc en plongée sous-marine que nous découvrirons ces îles. Une petite demi-heure de formation et hop! je plonge avec ma bonbonne et mon masque en serrant très fort la main du guide.

Les premières minutes semblent durer une éternité. Étrange sentiment que de respirer ainsi sous l'eau. Mais dès que je réussis à vaincre mes peurs pour me concentrer sur le paysage sous-marin, c'est l'éblouissement total. Il y a des poissons partout, des rouges, des bleus, des multicolores. Les anémones se referment dès que je les touche, des bancs de poissons se promènent au-dessus de nos têtes à travers les rayons du soleil qui transpercent la surface de l'eau. Y a-t-il des mots pour décrire ce paysage féerique? Magie, splendeur, divinité...

Je n'aurai pas eu le temps de visiter le fort Napoléon, qui donne une vue spectaculaire de l'archipel. Je n'aurai pas pu me promener longtemps dans les rues de Terre-de-Haut. Mais j'aurai au moins nagé avec les poissons de la Guadeloupe. Et je me promets bien de retourner un jour les visiter.

Les frais de ce reportage ont été payés par l'Agence de développement touristique de la France.