La région du salar d'Uyuni, dans le sud-ouest de la Bolivie, est devenue une destination touristique incontournable. Son grand désert de sel blanc, ses lacs bleus, verts et mêmes rouges, ses montagnes aux reflets violets et orangés, ses geysers et ses cratères remplis d'eau bouillonnante en font l'un des lieux les plus spectaculaires du monde, et un délice pour les amateurs de photo.

L'endroit a toutefois ses inconvénients: il fait froid, surtout la nuit. L'hiver (entre juin et septembre), il n'est pas rare que le mercure chute à -20oC. Et vu l'immensité et l'aridité du terrain, il est possible, mais très compliqué, de le visiter autrement que dans un voyage organisé. Par manque de temps, d'organisation et peut-être de courage (!), c'est l'option que j'ai choisie.

 

J'ai trouvé mon expédition sur place, dans la ville d'Uyuni, où les agences pullulent et se livrent une concurrence féroce. J'ai opté pour une visite de trois jours dans un 4x4 avec cinq autres touristes que je ne connaissais pas. Le prix était alléchant: 550 bolivianos, nourriture, guide, hébergement et transport compris, ce qui veut dire plus ou moins 30$ par jour.

Nous sommes partis vers 11h. Après un bref arrêt dans un cimetière de vieilles locomotives à vapeur, nous sommes arrivés dans le désert de sel, le salar proprement dit; il est toujours exploité par les membres de la communauté locale, qui viennent souvent y pelleter la matière première dans la benne de gros camions. Nous avons passé plusieurs heures à marcher dans une île remplie de grands cactus - le salar était autrefois une vaste étendue d'eau.

Puis, après un souper bien arrosé pendant lequel j'ai fait la connaissance de mes compagnons de voyage, un groupe de Polonais à l'anglais et à l'espagnol approximatifs, et une nuit passée dans une auberge rudimentaire d'un minuscule village, nous avons repris la route tôt le lendemain matin.

Lagune, geysers et flamans

Ce deuxième jour peut se résumer à deux choses: lagunes et flamants roses. Nous avons visité plusieurs de ces petits lacs, auxquels les algues donnent parfois une couleur inhabituelle.

La plus spectaculaire, la laguna colorada, est carrément rouge, et entourée de montagnes aux reflets orangés et bleutés. Dans l'eau, des centaines de flamants cherchent de la nourriture tandis que sur les berges, des lamas se reposent en regardant nonchalamment les touristes qui s'excitent autour d'eux.

Le troisième jour a commencé aux petites heures et dans le froid. À l'horaire: geysers, laguna verde et, surtout, les sources thermales, dont la vapeur cache presque complètement les touristes qui s'y entassent tôt le matin, avant d'engloutir leur petit-déjeuner en grelottant sous les pâles rayons du soleil d'hiver, puis de reprendre la route du retour.

La route vers Uyuni a été calme. Nous avons déposé les Polonais à la frontière du Chili, où un car les attendait pour les emmener dans un autre salar populaire, celui d'Atacama.

Le guide, un sympathique compagnon américain et moi-même avons ensuite poursuivi notre chemin durant cinq heures à parler lentement et paresseusement, mais surtout à nous remplir la vue une dernière fois de ces paysages multicolores, parmi les plus spectaculaires qu'il m'ait été donné de voir.