Les taxis se faufilent à toute allure dans les rues étroites, entre les voitures cabossées et les charrettes tirées par des ânes. Les klaxons résonnent de partout. Le Caire, la capitale la plus peuplée d'Afrique, est une vraie fourmilière.

Les piétons traversent les rues n'importe où, les conducteurs ne respectent aucune signalisation. Les policiers gèrent tant bien que mal les bouchons de circulation.

Les hommes barbus sont vêtus de djellabas, les femmes sont voilées. L'appel à la prière retentit au coucher du soleil.

Alors inch'Allah («si Dieu le veut»): une visite du Caire islamique représente l'occasion idéale de se familiariser avec la religion du pays. Des murailles de l'enceinte fatimide aux portes de la citadelle, l'islam se révèle accessible et ouvert au dialogue puisque les mosquées se visitent à certaines heures.

Le Vieux-Caire offre d'ailleurs une perspective religieuse étonnante. L'église suspendue, la plus belle du Caire, côtoie la synagogue Ben Izra et la mosquée Amr.

L'Égypte étant un pays sûr pour les touristes, il faut pénétrer dans le quartier populaire Darb el-Ahmar pour admirer des mosquées plus isolées. Avec un peu de chance, un fervent musulman vous laissera monter seul dans le minaret de sa mosquée, avant de vous enseigner les rudiments de sa religion.

Les pyramides de Gizeh

Aux limites du Caire, sur une route bordée de boutiques et d'hôtels, surgissent du désert ces monstres architecturaux majestueux. La plus grande des trois pyramides, celle de Khéops, compte 2,5 millions de blocs et atteint une hauteur de 137 m. Elle est la dernière des sept merveilles du monde antique.

Aussi imposantes soient-elles, les pyramides sont vulnérables. Pillées au fil des siècles, puis dépouillées de leurs blocs pour construire d'autres bâtiments, elles manquent de silence et de calme. Chaque année, près de 10 millions de visiteurs viennent à Gizeh pour pénétrer dans les chambres funéraires des pharaons.

D'ailleurs, les pyramides révèlent vraiment leurs secrets au Musée du Caire, place Tahrir. Bien que les statues colossales, les bijoux et les objets usuels soient à l'étroit dans ce musée poussiéreux, c'est le seul endroit où les visiteurs peuvent s'émerveiller devant des momies.

Les pyramides de Saqqara, beaucoup moins fréquentées, méritent de ce fait même le détour. Les plus aventureux y ont enfin l'impression de percer in situ quelques-uns des mystères de l'art pharaonique.

Ce lieu plus reculé, à 28 km du Caire, permet d'admirer des chefs-d'oeuvre de l'art du bas-relief. Ceux du mastaba de Ti ont été extrêmement bien conservés, mais il est interdit de les photographier.

Le désert Blanc

Le silence incommensurable du désert Blanc, qui tranche avec le bourdonnement du Caire et des pyramides, permet de savourer paisiblement l'une des curiosités les plus méconnues de l'Égypte. Dormir à la belle étoile dans ce paysage lunaire vaut les centaines de kilomètres à parcourir depuis Le Caire.

S'y rendre en 4X4 demande une bonne dose de débrouillardise, surtout lorsqu'on s'enlise dans le sable. C'est pourquoi de nombreux séjours sont organisés dans les oasis, comme celle de Baharya.

Dans l'immensité du désert, situé à la frontière de l'Égypte et de la Lybie, se dresse une autre des merveilles du monde: une masse crayeuse de calcaire que le vent et le temps ont façonnée en figures fantasmagoriques. Tantôt apparaît un serpent la gueule ouverte, tantôt une queue de baleine, tantôt une poule.

La froideur du décor aux allures arctiques et la chaleur infernale de ce pays en été met en relief toutes les contradictions de l'Égypte.

De plus, si vous avez la chance de partager le repas d'un guide bédouin, vous constaterez la gentillesse de ce peuple nomade ainsi que la finesse de sa cuisine, parfumée à souhait.

Louxor

Un billet d'avion pour se rendre à Louxor coûte cher. Aussi, malgré l'inconfort d'un trajet de 10h fait de nuit, mieux vaut acheter un billet de train. Une expérience folklorique à vivre lorsqu'on ne maîtrise pas les rudiments de l'arabe égyptien et que les autres voyageurs ne bredouillent que l'anglais!

Une fois à Louxor, les cochers font toutefois vite oublier les courbatures. Les touristes se rendent tous à leur hôtel dans une rutilante calèche aux couleurs locales.

Les temples de Louxor et de Karnak se dressent le long du Nil. Vestiges de la mythologie égyptienne, ils suscitent autant la curiosité des néophytes que celle des amateurs d'histoire.

De l'autre côté du Nil, la vallée des Rois fascine autant que les pyramides. Pendant quatre siècles, des ouvriers y ont charrié, creusé et poli des milliers de tonnes de gravats afin d'offrir aux rois une sépulture digne de leur grandeur. Certains hiéroglyphes, dont ceux du tombeau de Ramses VI, éblouissent tant ils ont conservé leurs couleurs originelles.

C'est d'ailleurs à cet endroit qu'en 1922, Howard Carter a découvert le célèbre tombeau de Toutankhamon. À noter: le mobilier funéraire, d'une richesse inégalée jusqu'ici, est exposé au Musée du Caire, comme bien des trésors de cette vallée. À quelques kilomètres de là, la vallée des Reines et les tombes des nobles méritent d'être vues, même si elles sont en très mauvais état de conservation.

Négocions!

En Égypte, la négociation est un jeu auquel il faut se prêter avec le sourire. Sauf dans les lieux touristiques, les prix ne sont jamais affichés.

Au souk bruyant du quartier populaire Khan el-Khalili, au Caire, les vendeurs polyglottes interpellent les touristes pour leur vendre des souvenirs: tuniques, sandales en cuir, statuettes, épices. Le cumin et le safran embaument à des mètres à la ronde.

Il est d'ailleurs étonnant d'être enivré par tant d'odeurs exotiques dans un pays où les déchets traînent partout. Depuis quelques années, certains quartiers très pauvres de la capitale ont été abandonnés par les autorités. On n'y collecte plus les déchets, qui s'accumulent.

Au détour d'une ruelle poussiéreuse, une touriste craque pour une écharpe colorée. Dans un anglais rudimentaire, le vendeur lui demande 60 livres égyptiennes (14$). Elle offre 25 livres. Les prix sont parfois cinq fois plus chers pour les touristes. Négocier peut prendre une dizaine de minutes. La cliente est donc patiente, mais ferme. Elle feint de partir, alors le vendeur finit par céder. Elle s'en tire pour la moitié du prix initialement demandé.

Pour dénicher un véritable objet artisanal, il faudra vous rendre dans des souks moins touristiques comme celui d'Al-Foustat, dans le Vieux-Caire. Quarante-huit boutiques rassemblent le plus beau de l'art traditionnel égyptien, tout juste à côté d'un village de potiers locaux.

Photo: Le Soleil

Le silence incommensurable du désert Blanc, qui tranche avec le bourdonnement du Caire et des pyramides, permet de savourer paisiblement l'une des curiosités les plus méconnues de l'Égypte.