Un coup de klaxon tous les 500 mètres. Yousef, mon guide, en a vu d'autres. Il sait comment éloigner les boucs qui se retrouvent invariablement au milieu de la route.

Ces animaux intrépides ne font qu'ajouter à l'exotisme de notre balade dans les montagnes d'Al-Hajar, dans le nord-est du sultanat d'Oman. Les monts escarpés qui nous entourent sont tantôt arides comme le sol lunaire, tantôt traversés par une oasis verdoyante, tantôt creusés par un wadi - un lit de rivière asséché qui se remplit parfois d'eau - où pousse une végétation inédite en ces lieux austères.

La découverte des montagnes d'Al-Hajar constitue un incontournable pour quiconque visite le petit pays du golfe Persique, limitrophe du Yémen, de l'Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis. Les sommets sont faciles à visiter à partir de la capitale, Mascate, et plusieurs agences offrent des excursions d'une journée. On peut aussi les parcourir sans guide, à condition d'être équipé d'un véhicule tout-terrain.

Une fois passé la ville historique de Nizwa, à deux heures de route de Mascate, les montées deviennent plus abruptes, et les panoramas, époustouflants. On s'arrêterait à tous les 100 mètres pour prendre une photo.

Premier arrêt obligé: le petit village de Misfat al Abreyeen, niché à flanc de montagnes. Un îlot de verdure, compact et un peu délabré, construit il y a plus de 400 ans. Des membres de la tribu Al-Abri y vivent encore aujourd'hui comme si le temps s'était arrêté.

Le village - littéralement encastré dans la montagne - est composé d'allées étroites, d'escaliers escarpés et de minuscules lopins de terre où poussent des dattes, des papayes et des limes. Quelques rares enfants courent dans les ruelles et des ânes chargés de marchandise y circulent sans se presser. Zéro stress.

Un système d'irrigation traditionnel, sorte de ruisseau artificiel, sillonne Misfat Al Abreyeen de haut en bas. Quelques hommes relaxent en s'y faisant tremper les pieds, pendant que les femmes, retranchées dans leurs quartiers fleuris, discutent et font la lessive.

Après ce voyage dans le temps, on reprend la route en direction de Jebel Shams - «la montagne du soleil» -, le sommet le plus élevé d'Oman avec ses 3075 mètres d'altitude. Il faut absolument un 4x4 pour le gravir, puisqu'une bonne partie de la route n'est pas goudronnée.

Après une montée spectaculaire d'environ 45 minutes dans une petite route cahoteuse parsemée de virages en épingle, le Wadi Ghul s'offre à la vue. C'est le «Grand Canyon» d'Oman. Il fait plus de 1000 mètres de profondeur, une ouverture béante, vertigineuse dans le sol.

L'endroit est idéal pour prendre des photos, mais les plus aventureux peuvent aussi faire du hiking dans le canyon. On y trouve le Balcony Walk, un sentier étroit, à flanc de montagne, que les randonneurs mettent environ cinq heures à parcourir. La balade dans les sommets d'Al-Hajar promet des souvenirs mémorables, à condition d'y aller bien préparé. Il faut prévoir suffisamment d'eau pour tenir le coup dans la chaleur intense (plus de 45 degrés au coeur de l'été), et s'assurer d'avoir un véhicule en bonne condition mécanique si on conduit soi-même. On pense surtout aux freins dans ce cas-ci...

Les agences basées dans la capitale offrent des excursions individuelles d'une journée pour environ 55 rials (140$) tout inclus. On quitte Mascate à 8h du matin pour revenir à son hôtel vers 19h. Il y a aussi un terrain de camping rudimentaire à proximité de canyon, pour ceux qui veulent passer une ou plusieurs nuits.

La signalisation routière est bilingue - anglais et arabe - dans tout le pays.



Le mariage d'Abdullah

Dans la salle communautaire d'une mosquée, 200 hommes, jeunes et vieux, tous vêtus de la traditionnelle dishdasha omanaise, sont assis en silence. L'ambiance est solennelle. Abdullah, le futur marié, arrivera d'une minute à l'autre.

C'est à ce moment que j'entre dans la pièce, habillé en chemise et en pantalon. Il n'y a plus de place assise et je dois m'installer par terre, au milieu de la pièce, les jambes maladroitement pointées vers l'arrière. Les regards se portent sur moi, quelques sourires fusent, mais on me fait vite sentir à l'aise. J'ai été invité à cette cérémonie après tout!

Ainsi sont les Omanais. Ce petit peuple de 2,4 millions d'habitants est reconnu pour son calme et son attitude relax, et surtout pour son hospitalité. En témoigne cette invitation de dernière minute au mariage d'un quasi-inconnu, où tout le monde a dégusté un repas de riz et de viande avec ses mains, à même des assiettes posées sur le sol.

Les Omanais font en général de grands efforts pour mettre les étrangers à l'aise, que ce soit au restaurant, dans les boutiques ou à la mosquée. Ils sont enclins à expliquer leur culture et leur religion, souvent dans un très bon anglais.

L'islam pratiqué dans le sultanat est modéré, mais les touristes doivent tout de même agir de manière respectueuse envers la religion. On s'attend par exemple à ce que les couples fassent preuve de retenue dans leurs démonstrations publiques d'affection.

Le voile n'est pas obligatoire pour les femmes, qui détiennent des postes de pouvoir tant dans les entreprises qu'au gouvernement omanais. Les visiteuses n'ont pas besoin de se couvrir à outrance, mais la sobriété reste de mise.

Photo: Maxime Bergeron, La Presse

Les parfums de Mascate

Nez sensibles, s'abstenir. Dès la descente de l'avion, un parfum floral légèrement malodorant nous saisit. Dans les souks de la vieille ville, l'odeur de la myrrhe et des épices est omniprésente. Tout comme celle du poisson, dans le marché public situé à deux pas. Nez sensibles, s'abstenir. Dès la descente de l'avion, un parfum floral légèrement malodorant nous saisit. Dans les souks de la vieille ville, l'odeur de la myrrhe et des épices est omniprésente. Tout comme celle du poisson, dans le marché public situé à deux pas.

Mascate, la capitale du sultanat d'Oman, en met plein la vue... et les narines! La superbe ville d'un million d'habitants, nichée dans des montagnes arides en bordure de mer, est l'antithèse de la fadeur.

Muttrah, le coeur commercial, constitue un bon point de départ pour explorer la cité. C'est là qu'on trouve les célèbres souks de Mascate, ce dédale couvert de petits commerces et bouibouis, où l'on se perd volontiers pendant quelques heures. Les commerçants y offrent des tas de produits locaux - de l'encens, du safran, des kirpans et des habits - à des prix assez élevés.

Les souks sont prisés par les touristes, mais ils constituent aussi un réel lieu de magasinage et de rencontre pour les Omanais. Les hommes âgés s'y retrouvent le soir pour refaire le monde autour de délicieux samosas, ou encore pour jouer à des jeux de société. Dans les rues poussiéreuses tout autour, les enfants jouent entre eux. Des barbiers invitent les passants à entrer.

Les Omanais, malgré la découverte du pétrole dans leur pays dans les années 60, sont loin d'avoir délaissé la pêche, l'une de leurs activités ancestrales. Il suffit d'aller faire un tour au marché aux poissons pour le constater.

L'endroit est ouvert tous les jours entre 6h et 10h. On y trouve des poissons de toutes les couleurs (dont plusieurs gigotent encore), transportés dans des brouettes et déposés sur de simples étals. Ils ont tous été pêchés le matin même ou la veille. Certains vendeurs se font un plaisir d'expliquer l'origine de leurs prises, dans un anglais approximatif.

À quelques kilomètres de là, en suivant la route qui longe la mer, on arrive dans la vieille ville de Mascate, là où tout a commencé. Le sultan Qaboos, leader du pays adoré de tous les Omanais, y a son palais.

De jeunes soldats montent la garde avec nonchalance autour de l'imposante résidence rococo, à laquelle une partie plus moderne a été greffée. Un belvédère adjacent permet d'admirer les vieux forts de Mascate, construits pendant l'occupation portugaise, à la fin du XVIe siècle.

L'observation des dauphins constitue un autre incontournable. Les minicroisières quittent le port le matin et durent environ deux heures. Pendant notre expédition, des dizaines de dauphins se sont tout à coup mis à nager et à faire des cabrioles autour du bateau. Tous les enfants - et les adultes - à bord étaient emballés.

Mieux vaut visiter Oman et sa capitale entre novembre et la mi-mars, quand la température est encore à tolérable. Au coeur de l'été, elle dépasse souvent les 45 degrés Celsius. La plupart des commerces ferment d'ailleurs leurs portes entre 13 h et 17 h l'après-midi.

On peut se rendre à Mascate en avion à partir de plusieurs villes européennes, ou encore transiter par Dubaï ou Abou Dhabi en partance de Toronto.

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Les frais de transport ont été payés par Etihad Airways.

Photo: Maxime Bergeron, La Presse

L'islam pratiqué dans le sultanat est modéré, mais les touristes doivent tout de même agir de manière respectueuse envers la religion.